Jean Louise Finch rentre à Maycomb, Alabama. Elle a 26 ans et habite à New York. Dans la ville de son enfance, l’attendent son père avocat, Atticus, son petit ami Hank qui travaille avec son père, sa tante Alexandra et son oncle. Jean Louise, surnommée Scout, a perdu sa mère enfant et son frère Jem est décédé d’une crise cardiaque quelques années plus tôt. Scout se réjouit de passer du temps dans sa famille où elle retrouve ses souvenirs d’enfance. Mais elle va découvrir Atticus sur un nouveau jour et cela va totalement la bouleverser.
Avant de parler du contenu du livre, il faut évoquer son étonnante publication. Harper Lee était jusqu’à présent l’auteur d’un seul et unique ouvrage « Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur », prix Pulitzer en 1961. L’auteur a aujourd’hui 89 ans et les lettres américaines se sont étonnées de la sortie de ce roman cinquante ans après le premier. « Va et poste une sentinelle » se situe vingt ans après l’intrigue de « Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur ». Et pourtant, ce roman est le premier à avoir été écrit par Harper Lee, il fut refusé par les éditeurs et l’auteur retravailla son texte pour donner naissance à l’oiseau moqueur. Les critiques à l’égard de ce nouveau roman furent assassines. « Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur », portant sur l’enfance de Scout Finch, est un monument aux États-Unis, un classique qui est le symbole de l’antiracisme. Atticus Finch est un père et un avocat exemplaire qui défend un jeune noir accusé à tort. ce qui a fait scandale dans ce nouvel opus, c’est que l’on y apprend qu’Atticus a participé à des réunions du Ku Klux Klan et qu’il est membre d’une association locale très conservatrice. Harper Lee a fait tomber Atticus de son piédestal et les américains ne lui pardonnent pas.
Mais parlons du roman en lui-même. Il est étonnant que ce livre ait été rejeté par les maisons d’édition car, même s’il est parfois maladroit, il reste de qualité. « Va et poste une sentinelle » est le roman de l’émancipation. Scout semble ouvrir les yeux sur la communauté qui l’a vue grandir. Ce retour dans le Sud est extrêmement douloureux, sa vie à New York l’a changée. Elle comprend que les gens ne sont pas aussi tolérants qu’elle l’imaginait. Sa relation avec Calpurnia, leur ancienne servante noire, n’est plus non plus celle qu’elle avait gardé en mémoire. Scout va lui rendre visite et la scène est particulièrement poignante. Scout voyait en elle une mère de substitution, Calpurnia a toujours su qu’elle n’était qu’une domestique. Un fossé s’est creusé entre Scout et la ville de Maycomb. Elle ne comprend plus le Sud des États-Unis, ne comprend plus son père. C’est toute l’incompréhension du Nord du pays envers le Sud dans les années 50 qui s’exprime ici par le regard de Scout. L’image qu’elle gardait de Maycomb n’est qu’un souvenir. Il y a d’ailleurs déjà de très belles évocations de l’enfance, annonciatrice de ce que sera « Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur ».
« Va et poste une sentinelle » est le roman du passage à l’âge adulte alors que « Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur » était celui de l’enfance. Il montre qu’il faut savoir s’émanciper de ses modèles pour grandir et devenir soi-même. Un beau roman, peut-être plus complexe et nuancé que le premier publié, et qui complète bien le formidable « Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur ».
Merci à NetGalley pour cette lecture.
Je l’ai noté évidemment, il me reste juste à trouver le temps !
C’est malheureusement notre problème principal : le temps !
L’oiseau moqueur est sur mes étagères depuis tellement longtemps… Promis je le lis cet été ! Et pour celui-là, on verra plus tard 😉
Comment ? Tu n’as pas lu l’oiseau moqueur ? Mais ça ne va pas du tout Jérôme !!!
Mais faire de Atticus un raciste, ça doit faire mal à tout ceux qui ont lu le roman et l’ont aimé ! Certes, Atticus défendait le jeune Noir parce que c’était son devoir, mais il le faisait du mieux qu’il pouvait et ne baissait pas les bras… je ne sais pas si j’oserais le lire !
Mais peut-être que notre Atticus était trop parfait et qu’il fallait qu’il redevienne humain. Il ne faut pas oublier non plus qu’elle a écrit celui-ci avant l’oiseau moqueur ce qui change la perspective sur ce qu’elle fait du personnage du père.
Oui, mais ça déstabilise le lecteur qui lui a lu ne tirez pas… ok, on peut rendre Atticus moins humain, mais pas aussi fort, aussi violemment ! si ?? nooon… :'((
Je viens juste de relire Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, en prévision de la lecture de celui ci.
J’ai entendu beaucoup de négatif au sujet de Va et poste une sentinelle, et je suis heureuse de lire ton billet beaucoup plus nuancé. effectivement Scout n’avait que 8 ans lorsqu’elle était la narratrice de Ne tire pas sur l’oiseau moqueur, et sa vision des choses était peut etre idéalisee. En tout cas ton billet est très interessant et j’ai hâte de le lire pour m’en faire ma propre opinion.
Je pense qu’il y a aussi l’idée que Scout idéalisait son père et on le sent bien dans l’oiseau moqueur. Ici, Atticus est moins idéalisé, peut-être plus humain. J’ai vraiment trouvé qu’elle voulait symboliser l’opposition entre le Nord et le Sud des États-Unis.
J’ai tellement aimé « l’oiseau moqueur » que j’ai peur d’être déçue…
Tu n’aimeras pas autant que l’oiseau moqueur, c’est certain mais la sentinelle est quand même intéressant ne serait-ce que du point de vue du travail de l’écrivain.
J’ai lu le 1er il n’y a pas longtemps et en attendant un peu je pense que ca me ferait tres plaisir de retrouver les personnages.
Je dois bien avouer avoir été ravie de les retrouver même si Atticus est quelque peu différent ! L’esprit de l’oiseau moqueur est déjà bien en germe dans la sentinelle.
Pareil que Jérôme : « Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur » m’attend encore dans ma PAL… Hmm… Mais je note ce titre-là pour la suite. Ta chronique lui rend honneur et donne envie de le découvrir !
Ah mais ce n’est pas possible tous ses lecteurs qui n’ont pas lu l’oiseau moqueur !!! Je te le conseille vraiment chaleureusement, je l’ai adoré.
C’est le premier avis de blogueur que je lis. Je suis contente de constater que tu as aimé. Ce livre me tentait mais les critiques « officielles » m’avaient refroidie.
C’est vrai que je ne l’ai pas vu ailleurs et dans les journaux ils parlaient surtout du scandale que sa parution à provoquer aux États-Unis. Depuis mon billet, j’ai entendu les critiques du masque et la plume qui en disaient du bien également.