© Leiloona
Ce soir, la lumière était surprenante. Paris revêtait un voile bleu nuit. L’horizon s’enflammait pour célébrer la fin de la journée. L’atmosphère était douce, propice à la flânerie. Marc décida de marcher jusqu’au pont de Bir-Hakeim où il rattraperait sa ligne de métro. Il devait traverser tout Paris pour rejoindre son appartement à Nation. Mais ce soir, il avait envie de prendre son temps, de souffler un peu avant de retrouver la foule des travailleurs fatigués, énervés et pressés de rejoindre leurs pénates.
Ce soir et les autres soirs, cela faisait maintenant une semaine que Marc rechignait à rentrer chez lui. Il s’attardait plus que de coutume au travail, marchait le long des quais, faisait des détours pour des achats dispensables. Affronter le regard courroucé de Claire lui était devenu insupportable. Recommencer ad nauseam la même dispute était au-dessus de ses forces.
Oui, il savait qu’il passait trop de temps au travail et pas assez avec elle. Oui, il était trop fatigué le week-end pour avoir une vie sociale. Et non, il ne souhaitait pas aborder la question d’un enfant. C’était une période charnière dans sa vie professionnelle, ne pouvait-elle pas le comprendre ? N’avait-il pas le droit d’être ambitieux ? Il n’étaient ensemble que depuis quatre ans après tout. Ils avaient bien le temps de s’engager dans la construction d’une famille.
Marc ruminait toujours en marchant vers Bir-Hakeim. Sa culpabilité lui faisait mal au ventre. Il était bien conscient de ne pas répondre aux attentes de Claire. Il passa, à regret, sur la borne magnétique sa carte de transport. Il suivit le flot des autres passagers, s’installa sur un strapontin et attendit le terminus les yeux et l’esprit dans le vague.
Il finit par arriver au bout de la ligne, plus moyen d’esquiver. Il grimpa lentement jusqu’à leur étage, ouvrit la porte et ne trouva qu’obscurité et silence. Marc appela Claire et n’entendit que sa propre voix. Dans la chambre, seules ses propres affaires étaient encore présentes. Après la surprise, Marc sentit monter un sentiment dont il eut honte : du soulagement.
ah oui, un grand ouf! pour tous les deux 🙂
C’est certainement la meilleure chose qui pouvait leur arriver !
On n’est pas toujours dans le bon timing… 😉
Non et c’est parfois triste car l’amour est là mais n’arrive pas à s’accorder.
Il est vrai que Paris est plus agréable au grand jour que dans sa version métropolitaine…. bel effet de chute.
Merci Sabine !
J’aime bien la montée en puissance, et la fin qui apporte le soulagement… une solution a été trouvée. 😉
Merci Antigone, il valait mieux que ça se termine ainsi pour tous les deux.
J’aime beaucoup ton texte, il est bien mené, bien construit et repose sur une problématique très plausible….Nous n’avons pas eu des retours bien gais dans nos appartements cette semaine!!!….
Merci beaucoup Bénédicte, c’est étonnant comme certaines photos nous entraînent immanquablement vers la tristesse.
Un texte doux et finalement positif, ça fait du bien 🙂
C’est bien que tu le trouves positif, je le pensais plus triste mais tu as raison c’est une bonne solution qui est trouvée à la fin.
Un bien beau texte sur la dificulté d’une relation qui n’est plus que non relation. Et une chute à la hauteur de ton texte : juste ! 🙂
Merci beaucoup Nimentrix pour tes compliments !
Elle a bien fait de partir. Je ne le sens pas ce mec… Trop de boulot, il fuit le dialogue, refuse la vie sociale… Quand il se rendra compte de son isolement, ce n’est pas le coucher de soleil qui suffira pour le consoler.
Il n’est pas prête à s’engager vraiment, ou alors ce n’est pas la bonne partenaire pour le faire !
J’avais l’impression que ça allait mal finir cette histoire… Finalement, la chute positive fait du bien à lire !
Je fais comme Marc en ce moment, je ne rentre qu’à contre-coeur dans le métro.. Pas pour fuir, plus pour se retrouver.
Vous avez vu ma fin de manière plus positive que moi, c’est bien ! Je la pensais beaucoup plus triste et mélancolique.
une chute inattendue mais salvatrice pour ce couple qu n’en était plus un. Bravo !
Merci beaucoup Nady !