Le musée d’Art Moderne de la ville de Paris a eu la très bonne idée de mettre à l’honneur un peintre malheureusement peu connu du grand public : Albert Marquet. Ami de Matisse, Camoin ou Manguin qu’il rencontra aux Beaux-Arts dans la classe de Gustave Moreau, Marquet participa au Salon d’automne de 1905 où le fauvisme s’affiche et s’affirme au grand jour. Sa discrétion, sa palette chromatique le placeront toujours un peu à l’écart et dans l’ombre de Matisse.
La plage de Fécamp, 1906
Contrairement aux autres, Albert Marquet est un fauve à la palette chromatique adoucie. Les couleurs ne sont pas criardes, sauf dans « Affiches de Trouville », Albert Marquet cherche la nuance, les variations. Ses coups de pinceau sont vifs, rapides, fluides et ses paysages montrent une grande économie de moyens. Ses toiles sont toujours le fruit du premier jet et de la spontanéité du geste du peintre. Une simplicité apparente qui est servie par un grand talent de dessinateur, toujours visible dans les toiles puisque les formes sont toujours soulignées d’un trait noir caractéristique du Fauvisme. Se dégage des œuvres de Albert Marquet une tranquillité, un apaisement et comme l’annonce le titre de l’exposition, ce sont des moments suspendus et intemporels.
Honfleur, 1911
Albert Marquet était un peintre prolixe mais ses tableaux montrent une étonnante continuité stylistique. Très tôt, il trouve son style et son travail est une recherche de la nuance, de la déclinaison. Le thème récurrent de son travail est l’eau. Marquet a beaucoup voyagé et il rapporta de son voyage des œuvres sur ce même thème. L’eau peut être fleuve, rivière, lac, océan et elle permet les reflets, les aplats colorés et la création de la perspective. Le côté obsessionnel de Marquet à représenter le même thème est proche de celui de Monet et il est très visible dans la série de vue de Paris qu’il peint depuis la fenêtre de son appartement.
Bords de rivière (Le pêcheur à la ligne à Varenne-Saint-Hilaire), 1913
La construction des toiles de Marquet souligne également la grande cohérence de l’œuvre. Comme pour sa série parisienne, il a souvent peint ce qu’il voyait de sa fenêtre, nous avons dès lors de nombreuses vues plongeantes sur les paysages souvent organisés autour d’une diagonale forte, d’un horizon marqué et de points verticaux (cheminée, phare, réverbères, mât de bateaux, arbres) pour animer la construction. Dans ce cadre qui pourrait sembler monotone, la couleur peut s’exprimer et c’est bien elle qui domine et enchante dans l’œuvre de Marquet.
Le Pont Neuf, la nuit, 1935
Cette exposition fut pour moi un régal : l’originalité dans les variations sur le même thème, la douceur et la nuance infinie des couleurs, les instantanés intemporels m’ont convaincue du formidable talent d’Albert Marquet, « le Fauve tranquille » comme le nomme très justement Valérie Bougault dans le hors-série de Connaissance des Arts.
Persienne verte, 1944-46
J’avais noté cette exposition, mais le travail m’a rattrapé en juin et je regrette vraiment de l’avoir manquée.
C’est vraiment dommage, elle valait vraiment le détour.
J’irai la semaine prochaine … Comme je suis en vacances, j’essaie de rattraper les expos ratées pendant l’année … Celle-ci me tentait énormément (et ton billet n’arrange rien lol)
J’espère que tu l’auras appréciée autant que moi !