« Pas facile d’être une lady ! » (dont l’excellent titre original est « The diary of a provincial lady ») est le journal intime d’une lady quadragénaire qui vit dans le Devonshire dans les années 20/30. Elle est entourée de son taciturne mari, de ses deux enfants Vicky et Robin et de ses domestiques : une bonne, une cuisinière et une préceptrice française.
Et c’est avec un humour piquant que E.M. Delafield nous fait le récit (très autobiographique) des tourments quotidiens et domestiques de cette aristocrate. Les premières difficultés sont financières, il s’agit ici d’une famille désargentée. Notre lady fait ses comptes, négocie aussi bien avec le boucher qu’avec le banquier et met son précieux diamant au mont-de-piété. Ces problèmes d’argent peuvent déboucher sur des situations gênantes, délicates en société : « Au dîner, je suis placée à côté du célébrissime auteur à succès, qui m’explique très gentiment comment échapper à l’impôt sur les gros revenus. Je parviens aisément à lui dissimuler qu’étant donné ma situation actuelle cette information n’est pas indispensable. » Mais il faut savoir garder un certain standing notamment face à l’ennemi juré : Lady Baxe qui, elle, est loin d’avoir les mêmes soucis financiers. Notre lady est prête à tout pour masquer sa situation à son arrogante voisine, quitte à être régulièrement à découvert pour rester dans le coup. La vie mondaine n’est-elle pas, de toute façon, faite de mensonges et d’illusions ?
C’est la déduction qu’en fait notre lady qui tire toujours des leçons, des réflexions de ses nombreuses péripéties. Quelques exemples qui soulignent l’esprit, l’autodérision de son auteur : « NB : Il serait intéressant, si l’on avait le temps, de remonter le fil de pensée qui conduit d’un sujet à l’autre. Deuxième idée, fort troublante : ce fil n’existe peut-être pas. » ; « NB : Il faudrait que je me souvienne que réussir en société est rarement le lot des provinciaux. Ils remplissent sans aucun doute une autre fonction dans le vaste champ de la Création, mais je n’ai pas encore trouvé laquelle. » ; « Une question s’impose : le silence n’est-il pas souvent plus efficace que la dernière éloquence ? La réponse est probablement oui. Je devrais essayer de m’en souvenir plus souvent. »
Le journal de E.M. Delafield nous présente une belle galerie de personnages qui entourent notre lady, souvent pour son plus grand désarroi : son mari Robert peu bavard et qui passe son temps à s’endormir en lisant le journal, l’exaspérante Lady B, Mrs Blenkinsop qui encourage la jeunesse à plus de liberté sans en penser un mot et ne parle que de sa fin prochaine, la cuisinière caractérielle qui menace toujours de démissionner, la préceptrice française qui dramatise tout et est beaucoup trop sensible. De quoi bien remplir le journal de notre « provincial lady » !
Les tracas quotidiens de notre lady ne sont jamais ennuyeux, c’est une satire drôlissime, caustique et pleine de verve. Si vous appréciez l’humour anglais, ce petit livre délicieux est pour vous et il est, de plus, question à de nombreuses reprises de littérature (il faut bien briller en société !).
Un livre qui m’a l’air tout à fait délicieux!
Si je comprends bien, c’est une autobiographie romancée?
Oui c’est exactement ça Sev et c’est absolument irrésistible !
J’aime l’humour anglais, je le prendrai bien, mais ma foutue PAL me dit que non… et le temps qui passe vite me dit que je n’ai pas mis tous mes liens à jour chez toi… oh, je ne m’en sors plus ! 😆
Mais il est très court ce livre et il est vraiment très drôle. Et de mon côté, je n’arrive plus à mettre les billets recap à jour…..et j’ai retard de fou sur mes commentaires…. 😢
Je ne suis pas en avance non plus !! Mais je tâche de ne pas trop laisser le travail trainer.
Il m’avait aussi fait sourire.
Oui, j’ai gardé le sourire aux lèvres durant toute ma lecture.
Tu m’avais déjà parlé de ce livre mais avec ce billet, comment résister à la tentation? Je crois qu’on l’a à la médiathèque, j’essaierai donc de l’emprunter dans les prochains mois.
Je pense que tu vas adorer, l’humour est vraiment typiquement anglaise !
Décidément, cette nouvelle collection regorge de titres attirants ! Tu me donnes sacrément envie de découvrir celui-là 😉
C’est vrai qu’ils ressortent des petits textes très sympathiques dans cette collection.
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Ca me fait penser aux carnets de souvenir de Deborah Devonshire (la plus jeune soeur Mitford) : j’étais passée à côté de ton billet alors je note la réf tout de suite avec plaisir ! 🙂
Je viens de le finir pour une future publication : réjouissant !!!:-)
C’est exactement ça ! C’est pétillant à souhait !