En 1826, la sœur Marie de la Rédemption, ancienne lectrice de la duchesse de Vaneuse, met en ordre les papiers, le journal de cette dernière pour les publier. Ce journal débute en 1765. La duchesse de Vaneuse a alors 42 ans, elle n’est pas mariée et n’a pas d’enfant. Elle s’est toujours voulu indépendante et cultive son stoïcisme et sa raison. C’est une grande lectrice de Voltaire, de La Bruyère et de Montaigne qu’elle admire tout particulièrement : « Je les relis sans cesse, mais j’apprends par cœur des pages de Montaigne. Il a dit ce qui valait d’être dit, et avec une si admirable négligence que tout me semble colifichet ou pathos quand je le quitte. » Cultivée, raffinée, la duchesse prend garde à s’éloigner des viles passions humaines. Mais sa rencontre avec un jeune anglais, Reginal Burnett, va mettre à mal ses grands principes et la plonger dans un abîme de souffrances.
Ce court texte de Gustave Amiot (1836-1906) a été retrouvé dans une malle entreposée dans un grenier et a été publié à titre posthume. La langue utilisée par l’auteur a la pureté et l’élégance de celle du XVIIIème siècle. On sent dans ces mots toute l’admiration de l’auteur pour cette période. C’est un délice de retrouver la perfection de cette langue.
Mais « La duchesse de Vaneuse » n’est pas qu’un exercice de style. Elle montre le combat de cette femme contre ses sentiments. Elle se veut raisonnable et son indépendance lui semble mériter le sacrifice de l’amour. Mais l’esprit ne peut pas tout contrôler et l’arrivée des sentiments dans la vie de la duchesse va être brutale et douloureuse. Elle devient peu à peu torturée par la pensée du jeune homme, elle brûle de recevoir ses lettres tout en repoussant ses avances. Son esprit se perd dans la force de sa passion, il revient sans cesse vers Reginald Burnett. « J’essaye en vain de me convaincre que j’attends sans impatience la prochaine lettre de Reginald. Quand j’aurai fait la paix dans mon cœur, comment ma curiosité ne serait-elle pas irritée au dernier point ? Je ne parviens pas à imaginer ce que peut être cette lettre. Sans doute, je n’éprouverais pas cet embarras s’il s’agissait de tout autre (…). Mais sortons de cette méditation stérile. Il faut tuer les minutes. » Comme dans « La princesse de Clèves » et avec la même langue précieuse, ce court texte nous raconte comment une femme peut se perdre dans les filets du sentiment amoureux. C’est la défaite de la raison, du renoncement face à la puissance de l’amour.
« La Duchesse de Vaneuse » est un petit bijou méconnu à la langue remarquable qui dissèque le sentiment amoureux chez une femme qui vénère les philosophes des Lumières.
Ta comparaison avec la princesse achève de me convaincre ! J’adore cette période et ce type de récit ….
Tu vas y retrouver la perfection de la langue, on croirait vraiment qu’il s’agit d’un texte d’époque.
J’aime quand les maisons d’édition entreprennent de dévoiler des chefs d’oeuvre inconnus !
Je suis comme toi, c’est vraiment un plaisir de découvrir des livres de cette qualité dont on n’avait pas eu connaissance avant.
Libretto fait revivre les classiques.
Phébus est une formidable maison d’édition dont le choix de textes est remarquable.
L’éditeur combiné à ta chronique me le fait ajouter directement dans ma LAL ! Vile tentatrice !
Mais il est très court, cela ne devrait pas trop aggraver ta pal ma chère Lou !