© Julien Ribot
Camille était restée abasourdie pendant de longues minutes devant le cadeau offert par ses enfants et ses petit-enfants (Atelier n°239). Une croisière dans les Caraïbes ?! Pour Camille qui n’avait jamais quitté sa Touraine natale, c’était vraiment une aventure. Partir aussi loin, aussi longtemps, ça ne lui était jamais arrivée. Passée la panique des premiers instants, les yeux de Camille se mirent à pétiller. La mer à perte de vue, rien d’autre à l’esprit que cette immensité fluide et impalpable, Camille s’en réjouissait à l’avance.
Et la croisière répondit aux espérances de Camille. Son quotidien répétitif et morose depuis la disparition de son mari, lui semblait si loin, si étonnamment abstrait. Camille s’installait chaque matin sur cette chaise, un peu à l’écart des autres passagers qui pouvaient s’avérer quelque peu bruyants. Elle se levait tôt, l’habitude était trop ancrée en elle pour changer le temps du voyage, elle prenait son petit déjeuner dans une salle quasiment déserte. Camille prenait ensuite place face au spectacle de la mer. Le soleil, encore timide, irradiait doucement. Ses rayons se transformaient en une multitude d’iridescences sur les vagues. Des éclats de lumière qui faisaient plisser les yeux de Camille. Le calme infini, les remous qui la berçaient tendrement, ce vent tiède qui faisait vibrer ses cheveux blancs. Et ce bleu roi si dense, si profond qu’il semblait irréel.
Camille était aux anges, elle avait toujours adoré regarder la mer, son ressac, son mouvement incessant et entêtant, son nuancier de bleu. Elle en prenait plein les mirettes et elle emmagasinait les sensations, les impressions qu’elle pourrait se remémorer quand elle le voudrait, lorsqu’elle serait de retour dans sa petite maison derrière le portail.
Ce que j’aime dans ce texte c’est la façon dont tu parviens à rendre les mêmes détails à la fois paisibles, rassurants et inquiétants. Elle est un peu angoissante cette routine solitaire.
Je voulais effectivement montrer les deux : à quel point ce rituel pouvait apaiser Camille mais aussi le fait qu’elle faisait son voyage seule et qu’elle y reproduisait les habitudes qu’elle avait chez elle.
Il eût été dommage de ne pas le publier ! J’aime beaucoup la sérénité et la tranquillité de ce récit ! 🙂
Merci beaucoup Leiloona pour le délais et d’écrire celui-ci m’a permis d’avoir une idée pour la photo suivante !
Un bien joli texte où se dégage un calme et une sérénité. Merci.
Je trouve que la photo dégageait cette idée de calme, de repos. Merci Virginie pour ton message !
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