Jeux de miroirs de Eugen Chirovici

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Peter Katz, un agent littéraire, reçoit un manuscrit signé Richard Flynn. Ce dernier raconte, dans le début de son livre, ses études à Princeton à la fin des années 80. Il y rencontre une jeune femme séduisante, Laura, étudiante en psychologie. Brillante, elle travaille avec un très grand ponte : le professeur Wieder. Richard lui est présenté et est embauché pour trier et classer sa bibliothèque. Quelques mois plus tard, le professeur Wieder est brutalement assassiné chez lui. Plusieurs suspects sont interrogés mais l’assassin n’a jamais été identifié. Malheureusement, le manuscrit de Richard Flynn est inachevé et il meurt avant de délivrer la suite à Peter Katz. L’agent littéraire est extrêmement intrigué par ce qu’il a lu et propose à son ami John Keller, un journaliste, de reprendre l’enquête sur le meurtre du professeur Wieder.

« Jeux de miroirs » de Eugen Chirovici est déjà un immense succès puisqu’il a été traduit dans trente huit pays et que Hollywood en a acquis les droits. Le roman est effectivement fort bien mené et construit. L’intrigue est fragmentée comme une image se reflétant dans plusieurs miroirs. La nouvelle enquête est racontée par trois personnes : Peter Katz, l’agent littéraire, John Keller, le journaliste et Roy Freeman, un ancien policier qui donne un coup de main à Keller. A ces trois récits, il faut rajouter le manuscrit de Richard Flynn dont on peut lire quelques pages. Des années après l’assassinat de Wieder, les protagonistes doivent plonger dans leurs souvenirs pour permettre la résolution de l’enquête.

Et c’est précisément le thème central du roman de Eugen Chirovici. Plus qu’un roman policier, « Jeux de miroirs » est une réflexion sur la mémoire. « Ce qu’elle me disait me faisait froid dans le dos. Ainsi, ce que j’avais toujours pris pour des éléments de réalité objective n’était peut-être que le résultat de ma perception subjective d’une personne ou d’une situation ? En même temps, Laura me l’avait déjà dit : nos souvenirs sont pareils à une bobine de film qu’on a la possibilité de couper au montage, ou à une sorte de gélatine que l’on pourrait modeler à l’envi. » Tout le propos du livre est dans cette phrase. Les souvenirs des différents protagonistes ne sont pas le reflet d’une seule et unique vérité. Les années passant, les souvenirs sont réécrits, on les sélectionne. Eugen Chirovici cite à un moment « Une fille qui danse » de Julian Barnes qui portait exactement sur cette thématique de réécriture, d’embellissement des souvenirs. Je trouve l’idée parfaitement bien adaptée à un roman policier où l’on doit à tout prix établir une vérité factuelle. Mais celle de notre mémoire est subjective, fluctuante et cela est souligné dans le roman avec un personnage atteint d’Alzheimer et un autre qui aurait perdu la mémoire suite à une blessure. Et finalement, c’est ce questionnement autour de la subjectivité des souvenirs qui m’a intéressée dans la lecture du roman de Eugen Chirovici, la résolution de l’enquête m’a semblé un peu secondaire.

Plus qu’un classique roman policier, « Jeux de miroirs » est une réflexion sur la vérité et sur l’objectivité des souvenirs. Bien construit, à l’écriture fluide, « Jeux de miroirs » fût une lecture tout à fait divertissante et agréable.

Merci aux éditions Les Escales pour cette lecture.

6 réflexions sur “Jeux de miroirs de Eugen Chirovici

    • Alors que ce n’est pas le cas, c’est un bon roman mais il n’a rien de renversant. Comme quoi, les communicants finissent par jouer contre leur camp !

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