Valet de pique de Joyce Carol Oates

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Andrew J. Rush est un écrivain de romans policiers à succès. Il a vendu plusieurs millions d’exemplaires de ses livres et il a été qualifié de « Stephen King du gentleman » par les critiques. Il vit dans le New Jersey dans une vaste demeure avec sa femme, ses enfants sont partis faire leurs études. Une vie calme, paisible dédiée à la création de romans policiers où le mal est toujours vaincu par le bien. Mais la nuit, lorsque Andrew ne dort pas, ce sont d’autres livres qui s’écrivent sous le pseudonyme de Valet de pique. Et cette fois, c’est la noirceur, la violence, le sordide qui l’emportent. Andrew arrive à maintenir l’équilibre entre ses deux vies d’écrivain et à garder mystérieuse l’identité du Valet de pique. Tout bascule lorsqu’une habitante de sa ville l’accuse de vol et de plagiat. Cela aurait pu n’être qu’une blague mais la vieille femme intente un procès contre Andrew. Ce dernier va peu à peu perdre pied au profit du Valet de pique.

Joyce Carol Oates est décidément une auteure qui réserve des surprises à ses lecteurs. Elle s’essaie ici au thriller fantastique et exploite la thématique du double. Son « Valet de pique » fait bien évidemment penser aux Jekyll et Hyde de Stevenson. Plus on avance dans le roman et plus le double maléfique prend de la place. Il adresse des invectives, des conseils, des ordres à Andrew. Sa personnalité change, il devient violent et vindicatif. Toutes les personnes autour d’Andrew se transforment en menace, en ennemi. L’atmosphère familiale se plombe, le malaise s’installe et les non-dits refont surface. C’est le cas du talent de la femme d’Andrew, Irina, qui écrivait lorsqu’elle était jeune et était beaucoup plus talentueuse que son mari. Elle a tout sacrifié pour son succès mais la rancune était juste tapie sous la surface. Tout comme la jalousie d’Andrew à son égard.

Joyce Carol Oastes semble particulièrement s’amuser à écrire son roman. Elle y rend un hommage appuyé à Stephen King, le maître du malaise et du fantastique. D’ailleurs, lui aussi aurait plagié la vieille voisine d’Andrew ! Joyce Carol Oates n’oublie pas non plus de saluer les créateurs du genre : Edgar A. Poe, Bram Stoker, Sheridan Le Fanu, Mary Shelley, Henry James et son « Tour d’écrou ». Mais beaucoup d’autres auteurs, en dehors du cercle de la littérature fantastique, sont évoqués dans ce roman.

L’intrigue du « Valet de pique » n’est certes pas d’une originalité folle mais le roman est parfaitement maîtrisé, Joyce Carol Oates manie avec virtuosité le malaise et la folie. « Valet de pique » est un roman court, incisif, sombre qui se dévore.

Merci aux éditions Philippe Rey pour cette lecture.

8 réflexions sur “Valet de pique de Joyce Carol Oates

  1. J’aime bien lire un Oates de temps en temps, bien que la déception soit parfois au rendez-vous. j’ai sur ma PAL Daddy Love et Petite soeur mon amour. Je note que bien que plaisant, ce titre n’a pas été un coup de coeur, je passe donc !

    • Je suis d’accord avec toi, je me suis déjà ennuyée à la lecture de Joyce Carol Oates. On ne sait jamais ce qu’il va se passer lorsque l’on ouvre un de ses livres !

  2. Pingback: Bilan livresque et films de mai | Plaisirs à cultiver

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