Eugène croise Tatiana dans le métro. Voilà dix ans que ces deux là ne s’étaient pas vus. Tatiana avait alors 14 ans et elle se mourait d’amour pour le bel Eugène, dandy mélancolique. « Il a le mal d’un siècle qui n’est pas le sien. Il se sent l’héritier amer d’un spleen ancien. Tout est objet d’ennui pour cet inconsolable. Ou de tristesse extrême, atroce, épouvantable. Il a tout essayé, et tout lui a déplu. Il a fumé, couché, dansé, mangé et bu, lu, courir, voyagé, peint, joué et écrit : rien ne réveille en lui de plaisir endormi. » C’est donc avec brutalité et inconséquence qu’il brisera le cœur de Tatiana. Ce qu’il regrettera longtemps. Mais Tatiana est de nouveau dans sa vie. Elle a 24 ans et fait une thèse sur le peintre Gustave Caillebotte. L’histoire va pouvoir reprendre, Eugène va enfin avoir la deuxième chance à laquelle il a tant rêvé.
Cette histoire vous rappelle quelque chose ? Clémentine Beauvais s’est effectivement lancée un défi périlleux : moderniser « Eugène Onéguine« . Il faut commencer par saluer l’ambition du projet. Écrire un roman en vers pour des adolescents est vraiment audacieux. Et il faut reconnaître que cela fonctionne à merveille. Clémentine Beauvais exploite parfaitement les moyens de communication actuels dans son texte : échanges anxieux de sms, discussion à distance sur skype. Mais tout cela ne change pas le cœur de l’histoire, l’amour contrarié d’Eugène et Tatiana. Clémentine Beauvais reprend également les digressions du narrateur omniscient. Elle s’amuse, se moque de ses personnages. Elle crée des calligrammes à la manière d’Apollinaire. Tout cela est fait avec beaucoup d’intelligence, de légèreté et d’humour.
Le pari de Clémentine Beauvais de moderniser ce grand classique qu’est « Eugène Onéguine » est parfaitement réussi. Elle apporte de la fraîcheur, un ton acidulé au roman de Pouchkine. Je lui tire mon chapeau pour l’audace dont elle a fait preuve en s’attaquant à un tel monument.
Ce livre est à la bibli (en jeunesse) j’espère le lire (‘j’ai vu deux fois l’opéra, deux versions différentes, très beau d’ailleurs)
Il faut effectivement que tu le lises. C’est une belle manière de reprendre un classique tout en le respectant.
Tu donnes vraiment envie de le découvrir 🙂
Il m’avait été chaleureusement conseillé et c’est effectivement une oeuvre de qualité qui rend un bel hommage à Eugène Oneguine.
Un roman très audacieux, je suis tout à fait d’accord avec toi.
Oui, il fallait oser se lancer dans un tel défi. Et elle le réussit sans problème !
Je ne connais pas le roman de Pouchkine mais ton billet me donne envie de découvrir ce livre-ci !
PS : de la même auteure, j’ai « les petites reines » à lire – je me disais bien que ce nom sonnait familier ! 🙂
On m’a également conseillé Les petites reines. Il faudra que je me le note dans ma liste à lire.