« Migrant mother » est sans aucun doute la photo la plus connue de la photographe américaine Dorothea Lange (1895-1966). Le Jeu de Paume présente plus d’une centaine de tirages de l’artiste réalisés entre 1933 et 1957. L’exposition nous donne une vue d’ensemble de l’œuvre d’une artiste engagée que « Migrant mother » avait quelque peu occultée.
Migrant mother, 1936
C’est l’Histoire qui a décidé du destin de Dorothea Lange. Elle est au départ portraitiste en studio à San Francisco. En 1932, elle se tourne vers la rue et constate les ravages de la Grande Dépression. Elle se met à photographier des scènes de rue, les manifestations, les sans-abris, la récession qui frappe de plein fouet les américains. Ces premières photos en extérieur vont changer sa vie, grâce à elles, elle rencontre Paul Schuster Taylor, professeur d’économie à Berkeley. Il deviendra son deuxième mari et ils travailleront ensemble durant trente ans.
White Angel Bread Line, 1933
Dorothea Lange travaille alors pour la Farm Security Administration qui cherche à rendre compte des effets du New Deal mis en place par Roosevelt. La photographe parcourt vingt deux états et ce que nous montre l’exposition du Jeu de Paume. Ce sont des milliers d’images qu’elle récolte et qui montre la terrible misère qui s’abat sur le pays. Comme chez Walker Evans, on découvre des visages d’une intensité et d’une grande dignité face au malheur et la famine.
Migratory cotton picker, 1940
Le gouvernement aimerait que Dorothea Lange se consacre aux travailleurs blancs mais elle ne se laisse pas influencer. Elle photographie aussi les ouvriers afro-américains qui sont toujours plus exclus que les autres, les femmes qui travaillent à présent dans les usines. Elle rend hommage à tous ces travailleurs, elle s’attarde sur leurs visages. Son engagement politique va rapidement se trouver en porte-à-faux avec le gouvernement américain.
Alabama negro working in field near Eutaw, 1936
L’exposition dévoile une série de photos peu connue et pour cause, elles ne furent oubliées qu’en 2006. Elles avaient été jusque là classées « archives militaires ». Dorothea Lange s’est intéressée à l’internement des citoyens américains d’origine japonaise après l’attaque de Pearl Harbor. Cet événement honteux de l’Histoire américaine, que j’avais découvert grâce à « Certaines n’avaient jamais vu la mer » de Julie Itsuka, a vu 120000 américains d’origine japonaise transférés dans des camps dans des zones reculées de plusieurs états. Malheureusement ce reportage ne sera pas montré à l’époque.
Japanese children with tags, 1942
Continuant à vouloir dénoncer les inégalités sociales, Dorothea Lange suit dans les années 50 un avocat commis d’office et c’est cette série de photos qui clôt la superbe exposition du Jeu de Paume.
Toward Los Angeles, 1937
Cette exposition montre l’engagement sans faille de Dorothea Lange envers le splus démunis et son humanisme. Au centre des photos, des hommes, des femmes en pleine crise mais à qui la photographe rend leur dignité et leur courage.
Ton article est vraiment très intéressant. J’irai voir son expo. je la connaissais vaguement. Tu m’as donné envie d’en savoir plus.
Je trouve que c’est le grand intérêt de l’expo de faire mieux connaître son oeuvre.