L’héritier, une histoire d’amour de Vita Sackville-West

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Miss Chase, propriétaire du domaine de Blackboys, vient de mourir. La propriété revient à son unique neveu qu’elle connait peu, Mr Chase, qui réside et travaille à Wolverhampton. Les notaires de Miss Chase s’empressent de régler la succession et surtout la vente du domaine et de ses dépendances qui leur rapportera un bon pourcentage. Mr Chase est un homme morne, pauvre, vivant dans un appartement et ne sachant que faire d’une demeure dans le plus pur style élizabéthain. Contraint à rester à Blackboys en attendant la vente, Mr Chase découvre sa propriété, ses jardins, les agriculteurs qui cultivent ses terres. Il sent confusément qu’il s’inscrit dans une tradition et se sent soudainement serein.

« L’héritier, une histoire d’amour » est un roman où l’on retrouve de manière flagrante son auteure derrière la trame de l’histoire. Vita Sackville-West était extrêmement attachée aux lieux où elle a vécu. Ce fut le cas du château de Sissinghurst qu’elle acheta en 1930 avec son mari Harold Nicolson et qu’ils aménagèrent à leur goût. Mais l’achat de ce château était le résultat d’une séparation douloureuse : celle de Vita avec le château élizabéthain où elle avait grandi, Knole. Son père décède en 1928 et n’ayant pas d’héritier mâle, le château revient à un oncle selon la loi anglaise.

Ce que Vita exprime dans « L’héritier », c’est un attachement viscéral à une terre, à une propriété. Mr Chase n’a aucun lien avec sa famille. Il savait qu’une fois sa tante décédée, il allait hériter de Blackboys. Mais cela restait très lointain, la propriété était désincarnée. Les jours passés là-bas vont lui apprendre l’importance de sa lignée, de son appartenance à Blackboys et à sa famille. La maison symbolise ses racines, la tradition à laquelle appartiennent les Chase. Il découvre également la beauté des jardins : « Il connut l’odeur âcre de l’herbe coupée, et la caresse de la rosée sur ses chevilles. (…) Il connut le coup de bec du pivert sur les troncs d’arbres et à midi, le roucoulement fort énamouré, fort ensommeillé, des pigeons dans les hêtres.  Il connut le bourdonnement repu de l’abeille qui butinait, le grincement de la sauterelle le long des haies. Il connut le giclement du lait dans les sceaux, les meuglements indolents dans les étables. Il connut le merveilleux éclat d’un pétale dans un rayon de soleil, sa limpidité fibreuse, semblable à la transparence de cornaline de doigts de femme devant une lampe puissante. » 

« L’héritier, une histoire d’amour » est un texte qui ressemble à Vita Sackville-West et qui souligne son attachement à ses origines, à sa terre.

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24 réflexions sur “L’héritier, une histoire d’amour de Vita Sackville-West

  1. Depuis plusieurs années, et grâce au mois anglais et à vous toutes, j’ai beaucoup entendu parler de Vita mais je ne me suis pas encore lancée dans l’un de ses romans. J’aimerais pourtant le faire. Lequel me conseillerais-tu pour commencer Titine ?

    • Mes deux romans préférés de Vita son « Au temps du roi Edouard » et « Toute passion abolie ». Peut-être peux-tu commencer par « Toute passion abolie » qui plait beaucoup en général.

  2. Cela à l’air bien!!! J’ai pris plaisir à te lire, d’autant plus que je connais pas du tout cette autrice. Je n’ai aucun de ses romans dans ma PAL, il va falloir que j’y jette sérieusement un coup d’œil.

  3. J’aime beaucoup l’idée de cette histoire d’amour avec la terre. En effet, c’est un sacré écho à la vie même de l’auteure.

    • Oui, je ne le savais pas avant de commencer le roman et j’ai été frappée par la ressemblance avec sa vie, d’autant plus que je venais de visiter son château de Sissinghurst.

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  5. J’avais adoré à ma première lecture. A la fois l’attachement à la terre et cette confrontation entre la bourgeoisie et la noblesse. Un livre court mais plein de finesse.

    • Je trouve que la finesse d’analyse psychologique est caractéristique de l’œuvre de Vita. Et effectivement, l’affrontement des classes est très intéressant.

  6. J’ai toute passion abolie d’elle en cours, depuis environ 2012 je crois ! J’ai du mal à le finir, alors lire un autre de ses romans me fait peur… Mais l’extrait que tu cites est sublime ! Le merveilleux éclat d’un pétale au soleil… C’est génial.

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