Une enfant de l’amour de Edith Olivier

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Agatha Bodenham vient d’enterrer sa mère. Elle séjourne dans la maison de son enfance pour régler la succession, trier et donner les vêtements de sa mère, répondre aux lettres de condoléances. « Et puis un jour, alors qu’Agatha, paisiblement installée sur le banc blanc tout au bout de l’allée verdoyante, reprisait un bas de laine noire qu’elle comptait mettre pour se rendre à l’église le lendemain, plus absorbée pour une fois par son raccommodage que par ses rêves, Clarissa vint soudain s’asseoir à ses côtés sur le banc. Elle était plus petite encore que ne l’avait imaginé Agatha, et elle faisait moins que son âge, qui devait approcher des dix ou onze ans. » Le problème, c’est que Clarissa n’est pas réelle. Agatha s’était inventée une amie imaginaire lors de son enfance et voilà que celle-ci refait son apparition.

Le roman d’Edith Olivier a été publié en 1927 et il est édité aujourd’hui pour la 1ère fois en France. C’est un livre assez déroutant puisque je m’attendais à une intrigue plus étrange, plus tournée vers le surnaturel avec le retour de Clarissa. L’amie imaginaire de l’héroïne devient en effet visible par tous tant sa présence est désirée par Agatha. Le début du roman montre comment celle-ci va devoir expliquer et faire accepter la présence de cette enfant de 10 ans dans sa vie. Une fois Clarissa acceptée de tous, le roman prend un tour plus classique et nous voyons l’enfant grandir, s’épanouir et chercher à s’émanciper.

Finalement, « Une enfant de l’amour » est plus un portrait de femme qu’un roman surnaturel comme le laissait présager le début de l’intrigue. Certes Clarissa sera toujours qualifiée d’elfe à la peau transparente mais son quotidien est très concret. Elle est l’incarnation de ce que n’a pas vécu Agatha. Son enfance fut austère et surtout d’une extrêmement solitude. Elle fait de Clarissa une enfant joyeuse, gourmande, sociable, aimant les couleurs vives et souhaitant vivre des aventures (comme apprendre à conduire une voiture). Toutes ces caractéristiques ne peuvent, au fil du temps, qu’éloigner Clarissa d’Agatha. Elle est alors gagnée par la jalousie, la volonté de posséder entièrement de sa créature. Clarissa comble le vide dans la vie d’Agatha qui ne peut accepter de la voir s’éloigner et a peur de la perdre à jamais. Le portrait d’Agatha est touchant et triste tant il est emprunt de solitude, de manque d’amour et notre héroïne est finalement peu faite pour les joies de la vie.

« Une enfant de l’amour » est un roman surprenant puisqu’il déjoue les attentes de son lecteur passant d’une intrigue surnaturelle à une relation plus classique entre mère et fille. J’avoue que l’étrangeté du début m’a manquée dans le reste du roman.

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9 réflexions sur “Une enfant de l’amour de Edith Olivier

  1. Je ne l’avais pas du tout repéré mais il a tout pour me plaire. Je suis intriguée par cette amie imaginaire et bien sûr le vintage classic. Merci pour la découverte !

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