Les enfants s’ennuient le dimanche de Jean Stafford

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Jean Stafford (1915-1979) n’avait jusqu’à présent jamais été traduite en français. Et pourtant son talent est grandement apprécié aux Etats-Unis par des auteurs comme Joyce Carol Oates et elle a reçu en 1970 le prix Pulitzer de la fiction pour The collected stories of Jean Stafford. Elle écrivit quelques romans et surtout une quarantaine de nouvelles publiées dans de prestigieuses revues comme The New Yorker, Vogue ou Harper’s bazaar.

« Les enfants s’ennuient le dimanche » nous permet de découvrir huit d’entre elles. Chacune nous fait découvrir la vie de femmes allant de la naissance à la mort. Il se dégage de beaucoup d’entre elles une grande solitude comme dans « Le coffre aux espérances » où une vieille femme vit seule avec sa femme de chambre et ne partage le jour de Noël qu’avec elle. Cette solitude se teinte souvent de mélancolie, d’une profonde tristesse comme dans « J’aime quelqu’un » où la narratrice écoute les bruits de la ville et se dit : « Si je me sens esseulée dans la chaleur, dans cette lumière mauve, face à une soirée vide, c’est pour d’autres raisons ; je viens de comprendre trop tard que j’aurais dû rechercher une quelconque compagnie, imaginer quelque chose à faire. » Le bonheur, dans les nouvelles de Jean Stafford, ne semble pas pouvoir durer. Dans « Le jour le plus beau », Judy reçoit une demande en mariage du garçon qu’elle aime. Mais cette lumineuse journée d’été va s’achever sur un terrible drame venant teinté d’amertume la joie de Judy.

La vie des femmes chez Jean Stafford est souvent faite de désillusion comme celle de May dans « Le traîneau » qui voit son mariage se désagréger. Le monde est cruel envers les femmes et la nouvelle intitulée « La fin d’une carrière » en est l’incarnation. « Pour ceux de ses amis enclins à l’hyperbole, Angelica était la plus belle femme de l’histoire universelle. Ceux qui avaient plus de retenue ne tenaient pas compte de l’histoire dans leurs louanges et se contentaient d’affirmer que Mrs Early était certainement l’une des plus belles femmes de l’époque. » Toute la vie d’Angelica est basée sur sa beauté, son physique saisissant mais que lui arrive-t-il lorsqu’elle se met à vieillir ?

Les nouvelles de Jean Stafford sont imprégnées par sa propre vie, c’est notamment le cas dans « Le château intérieur ». L’auteure eut un grave accident de voiture à 23 ans. La nouvelle raconte le calvaire d’une jeune femme qui se fait opérer du nez après un accident de voiture : douleur, profonde solitude, angoisse face à la mort constituent le cœur de la nouvelle.

L’écriture ciselée, élégante et teintée d’ironie de Jean Stafford renforce le plaisir que j’ai eu à lire ce recueil de nouvelles qui nous livre des tranches de vie de femmes entre désillusion et mélancolie.

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