« Alma a adoré », c’est ainsi qu’Alfred Hitchcock justifiait son envie d’adapter « Psycho », sa femme aurait adoré le roman de Robert Bloch. « Psychose » est mon film préféré et je l’ai vu des dizaines de fois sans m’en lasser. Sébastien Rongier s’interroge sur le retentissement qu’a eu le film d’Hitchcock et sur son incroyable postérité. Qu’est-ce qui rend ce film si unique ?
« Psychose » arrive après « Sueurs froides » et « La mort aux trousses », le réalisateur a envie de changer d’univers. Lorsqu’il lit le livre de Robert Bloch, il comprend tout de suite le potentiel de la scène de la douche. Il ne pourra pas réaliser son film avec la Paramount qui n’est pas intéressée par le scénario. Hitchcock se tourne vers Universal avec qui il réalise « Alfred Hitchcock presents » (et qui fait de lui un personnage iconique). Le réalisateur a moins de moyens, il choisit le noir et blanc pour des raisons économiques et esthétiques, son équipe vient de la télévision pour gagner en rapidité.
Hitchcock met en place une campagne de publicité extrêmement intelligente : les affiches précisent que les spectateurs n’ont pas le droit d’arriver en retard et ils ont l’interdiction formelle de révéler les détails de l’intrigue ; la bande-annonce ressemble aux sketches de sa série t.v et elle est un modèle de drôlerie et de teasing. « Le cinéaste réussit donc à organiser le désir dès l’entrée des cinémas et la patiente attente des spectateurs. Tout le paradoxe est que ce geste publicitaire audacieux et génial peut aussi être envisagé comme un acte d’auteur désireux de préserver l’authenticité de la réception de son œuvre (…). La stratégie d’Hitchcock est celle du décalage et du contrepied. La bande-annonce n’est que cela. »
Le spectateur ne doit rien dévoiler et pour cause ! Janet Leigh est une grande star à l’époque et Hitchcock s’offre le luxe de tuer sa vedette dans le premier tiers du film ! La scène du meurtre est bien entendu devenue iconique. Sébastien Rongier nous rappelle à quel point elle est sublime et incroyablement réussie. « Avec sa violence, la séquence de la douche est le point sublime du film, le moment qui l’emporte définitivement au-delà de toute mesure. Le sublime est ambivalent. C’est une fascination et un effroi. Devant l’expérience de la destruction, le spectateur éprouve cette force contradictoire : un effroi qui fascine, une fascination qui effraie. La puissance de l’horreur provoque une sidération violente et désagréable. »
Une fascination, une sidération qui marquera profondément l’histoire culturelle et cinématographique (et la vie d’Anthony Perkins qui ne sortira jamais vraiment de Psycho). Robert Bloch écrira une suite, trois autres films seront tournés (tous avec Anthony Perkins). Le film d’Hitchcock sera l’objet de nombreuses citations, parodies et d’un remake plan par plan par Gus Van Sant. Son influence est véritablement étonnante et aussi fascinante que la scène de la douche.
Le livre de Sébastien Rongier montre à quel point « Psycho » est un objet cinéphilique, culturel unique en son genre qui marqua profondément de très nombreux créateurs.
Psychose, j’adore !
Moi aussi et ce livre est vraiment très intéressant !
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