Histoire d’une enfant de Vienne de Ferdinand von Saar

Vienne

Au printemps 1870, le narrateur, un écrivain reconnu, assiste à un mariage dans sa ville de Dobling. La jolie Elise Schebesta, qu’il courtisa lorsqu’il était jeune, épouse un jeune homme ayant une entreprise de bois prospère . Le couple vécut quelques années heureux, du moins vu de l’extérieur. Car Elise Schebesta finit par abandonner son mari et ses deux enfants pour fuir avec son amant Leo Röber. Le narrateur aura des nouvelles de la jeune femme au fil des années de façon directe ou indirecte. Il sut ainsi que sa situation passa de la pauvreté à l’opulence grâce aux talents de spéculateur de son nouveau compagnon. Il apprit également qu’Elise, devenue Elsa, s’était lancée dans une carrière littéraire. Sa situation semble florissante, mais cela ne semble pas la rendre heureuse.

Après avoir publié “Le Lieutenant Burda”, les Editions Bartillat poursuivent la réédition de l’œuvre de Ferdinand von Sarr avec “Histoire d’une enfant de Vienne”. Comme dans le précédent roman, l’histoire d’Elise-Elsa nous est racontée par un tiers, ici un écrivain qui est le double de l’auteur. Le thème d’un monde qui touche à sa fin, qui change irrémédiablement, est au cœur de cette nouvelle. Elise en est le symbole. Elle a quitté une situation stable, bourgeoise pour suivre son amant. Elle est vue dans le roman comme une femme moderne, indépendante (dans une certaine mesure), qui abandonne le modèle traditionnel de la famille et se moque des conventions. Son livre, très autobiographique, se révèle très intime, très scandaleux. Le narrateur apprécie peu la modernité, l’attitude trop désinvolte, frivole d’Elise et la vulgarité de son texte. Il aurait aimé la protéger contre les dangers de cette modernité qu’il voit s’emparer de Vienne. La ville est en pleine rénovation urbaine (Dobling va devenir un arrondissement de la capitale autrichienne) ; le pouvoir de l’argent et des spéculateurs grandit depuis le krach boursier de 1873. Une mutation qui sera cruelle pour certains.

La monarchie autrichienne agonisante a permis à Ferdinand von Saar d’écrire des nouvelles saisissantes, sombres et aux personnages tourmentés que j’ai pris grand plaisir à découvrir.

Traduction Jacques Le Rider

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