Le musée Jacquemart-André met à l’honneur le portrait à la cour des Médicis et plus précisément ceux peints par les artistes maniéristes comme Pontormo, Andrea del Sarto, Bronzino ou Salviati. Petit rappel sur ce mouvement artistique peu connu : le maniérisme suit la Renaissance et commence aux alentours de 1520. C’est un mouvement anti-naturaliste, qui pousse à l’excès les choix esthétiques de Raphaël mais surtout de Michel Ange ce qui se traduit par des figures allongées, des couleurs saturées et des poses tourmentées.
Portrait de dame en rouge-Bronzino-1532-35
L’exposition montre la correspondance entre l’Histoire et l’évolution du portrait mais également son développement à la cour des Médicis à partir de 1539, date du mariage de Cosme Ier et d’Éléonore de Tolède. L’Histoire de Florence est à l’époque des plus mouvementée. L’exposition débute avec la 1ère République (1494). Le symbole de cette période est le moine Savonarole dont le portrait est présent dans l’exposition. Dominicain et grand prédicateur, il fit régner une terreur morale sur la ville et fut la cause de la disparition d’un grand nombre d’œuvres d’art notamment de Botticelli qui suivait ses préceptes à la lettre et brûla une partie de son travail. Les portraits aux couleurs sombres de la première salle soulignent bien l’austérité et la gravité imposées par Savonarole.
Portrait de Savonarole-Fra Bartolomeo-1498
La deuxième salle montre que le portrait servait de propagande et était porteur d’un projet politique. C’est le moment d’un bref retour de la famille Médicis à la tête de la ville, elle cherche à glorifier ses ancêtres, son passé par des portraits et particulièrement de personnages héroïques, en armure. La famille ne revient véritablement qu’en 1530 (en 1527, une deuxième République est instaurée) avec Alexandre puis Cosme Ier qui aura besoin du portrait pour asseoir son autorité. Il est en effet issu d’une branche secondaire de la famille.
Portrait de Jean des Bandes Noires (père de Cosme)-Salviati-1546-48
La suite de l’exposition montre la mise en place d’une cour et du développement de riches portraits d’apparat. Ils sont également le moyen d’affirmer la dynastie avec des portraits des héritiers. Le peintre emblématique de cette période est Bronzino qui réalise de nombreux portraits de Cosme, de sa femme et de leurs enfants. Ces portraits affirment le pouvoir et l’essor du Grand Duché de Toscane. Les portraits témoignent également de la volonté de mécène de Cosme et de la culture raffinée de sa cour. Cosme fut mécène des académies des belles-lettres et fondateur avec Vasari de l’Académie des arts et du dessin. Sont présents dans l’exposition, deux portraits inspirés par les poèmes de Pétrarque et plusieurs de musiciens (de luth principalement).
Portrait d’un joueur de luth-Pontormo-1529-30
La dernière salle est consacrée à de grands portraits officiels, des portraits d’état comme celui de Marie de Médicis par Santi di Tito. Ces portraits sont plus tardifs, ils datent de la fin du 16ème/début 17ème siècle. Ils n’ont plus rien de maniériste et se tournent vers le naturalisme, l’allégorie. Beaucoup plus froids, hiératiques et impersonnels, ces grands portraits ont l’avantage de montrer l’originalité, la fantaisie du maniérisme à défaut de plaire à l’œil.
Même si je suis restée quelque peu sur ma faim, « Portraits à la cour des Médicis » a le mérite de mettre en lumière un mouvement artistique peu connu en France et donne à voir les différentes significations que pouvait avoir le portrait au 16ème siècle.
















Josef Engelhart-Café parisien











Snow storm-Steam boat off a Harbour’s mouth
Regulus























