Londres, à la fin du XIXème siècle. Dorian Gray est un jeune homme de la bonne société, extraordinairement beau. Son ami, le peintre Basil Hallward réalise son portrait qu’il considère comme sa plus grande œuvre. Le portrait est pour Dorian Gray une révélation, celle de son incroyable beauté. Un ami de Basil, Lord Henry, personnage cynique et jouisseur sans conscience, fait remarquer à Dorian que le portrait gardera à jamais l’image de sa jeunesse tandis que lui subira les outrages du temps. Dorian, fasciné par sa propre image, émet alors un vœu : « Quel dommage ! Je deviendrai vieux, affreux, horrible. Mais ce portrait restera toujours jeune. Il ne sera jamais plus âgé qu’en ce jour de juin… Si ce pouvait être le contraire. Si je demeurais toujours jeune et que le portrait vieillisse à ma place ! Je donnerais tout, tout pour qu’il en soit ainsi. Il n’est rien au monde que je ne donnerais. Je donnerais mon âme ! »
Dorian Gray est exaucé : son portrait vieillit et lui conserve intactes sa jeunesse et sa beauté. Sous l’influence pernicieuse de Lord Henry, l’éternel jeune homme s’adonne à une recherche effrénée de plaisirs : « Ah ! réalisez votre jeunesse aussi longtemps qu’elle est à vous. […] Vivez ! Vivez la vie merveilleuse qui est en vous. Ne laissez rien perdre de vos possibilités. Soyez toujours à la recherche de sensations nouvelles. N’ayez peur de rien… » Dès lors rien ne semble devoir arrêter Dorian, allant jusqu’à la dépravation et au meurtre pour assouvir ses désirs.
Le thème du pacte avec le diable pour dépasser sa condition mortelle a été maintes fois évoqué en littérature. Mais Oscar Wilde introduit là un élément original : non seulement le portrait vieillit, mais il porte aussi les stigmates physiques des vices et turpitudes de Dorian, finissant par composer une image horrible de lui-même. « Ce portrait serait pour lui le plus magique des miroirs. Il lui devait la révélation de sa beauté. Il lui devrait la révélation de son âme. » Tout en ayant la possibilité par la réalisation de son vœu de jouir éternellement et sans frein de sa jeunesse, Dorian ne peut se bercer d’illusions sur la nature corrompue de son âme. Cette lucidité forcée fait de lui un être inquiet et déséquilibré, attiré par le mal et subjugué par l’horreur qu’il lui inspire.
Le roman d’Oscar Wilde fit scandale à sa sortie en 1890. Il est imprégné de cet esprit décadent typique de la fin du XIXème siècle (à l’image d’un Huysmans en France) qui faisait tellement horreur aux critiques bien-pensants de l’époque. L’évocation d’un Londres mystérieux, sombre, enserré par les brumes qui masquent les frasques d’une jeunesse dorée désabusée, contribue certainement à la fascination que continue d’exercer ce roman fantastique (dans tous les sens du terme). « Le portrait de Dorian Gray » est un chef-d’œuvre promis à une éternelle jeunesse.
Je reste un peu réticente…Pourtant j’aime bien Oscar Wilde.
Intéressant : qu’as-tu aimé d’Oscar Wilde (car pour moi c’était la première lecture de cet auteur) ?
The importance of being earnest (théâtre) , Le crime de Lord Arthur Savile, Le fantôme de Canterville, des nouvelles humoristiques plus légères…
Un roman dont je garde un très bon souvenir, voire un roman culte !
@keisha : Merci Keisha, c’est noté.
@george : pour ma part je n’en ferais pas un livre culte, mais c’est incontestablement un chef-d’oeuvre.
C’est un roman que je me suis promise de lire depuis longtemps. Il me semble que c’est un livre assez court.
Il fait 250 pages environ dans les éditions de poche. J’espère que tu aimeras cette lecture.
Lu et adoré il y a quelques années maintenant ! Un incontournable dans sa culture littéraire pour moi ! Un joli blog, en passant…à bientôt
Albertine
Un livre indispensable en effet. Merci pour le compliment, c’est encourageant.
Un roman culte aussi pour moi. Lu il y presque 15 ans, je pense qu’il restera à jamais très présent !
Il a laissé un grand souvenir à beaucoup de lecteurs, mais en a rebuté pas mal aussi. En tout cas, il ne laisse pas indifférent.