Sliv Dartunghuver, jeune Islandais tout juste diplômé en géographie, est engagé dans un cabinet d’études environnementales de Reykjavik. Son supérieur, Gunnar Eriksson, lui apprend un jour qu’il travaille parallèlement pour une « organisation internationale occulte », le CFR (le Consortium de Falsification du Réel), dont les agents « échafaudent des scénarios parfaitement plausibles, auxquels ils donnent ensuite corps en altérant des sources existantes, voire en en créant de nouvelles. Autrement dit, ils modifient la réalité. » Parmi les hauts faits d’armes du CFR : la chienne Laïka, envoyée dans l’espace par les Soviétiques en 1957, n’a jamais existé ! Eriksson souhaite recruter Sliv, voyant dans le jeune homme un agent plein d’avenir. D’abord réticent, ce dernier accepte par curiosité intellectuelle et par goût du jeu.
Quel but poursuit le CFR ? Qui est à sa tête ? Depuis quand existe-t-il ? Antoine Bello nous trimbale pendant presque 600 pages avec ces questions dans la tête, et dans celle de son héros. Sliv aimerait percer le secret et doit pour cela gravir les échelons de l’organisation. Le CFR ne semble motivé ni par l’argent et ni par le pouvoir, mais plutôt par des considérations humanistes comme en attestent les « trois binômes de valeurs fondatrices » : « tolérance et relativité, liberté de corps et d’esprit, science et progrès ». Cependant, il n’hésite pas à employer des méthodes radicales lorsqu’il est menacé d’être découvert. Sliv navigue alors entre son attirance pour un travail intellectuellement stimulant et ses doutes quant aux buts ultimes de l’organisation.
Le mode d’organisation du CFR s’apparente plus à celui d’une grande multinationale ou d’une haute administration qu’à celui d’une société secrète. Il motive ses agents par d’alléchantes perspectives de carrière et un travail à forte dose d’adrénaline. La rivalité fait rage pour parvenir aux meilleurs postes. Sliv est d’ailleurs toujours en compétition avec la belle et ambitieuse Lena Thorsen. Comme les autres, il se grise de pouvoir influencer le cours de l’histoire et de provoquer les évènements. Ce qui amène cette réflexion : notre connaissance du monde se base-t-elle sur des faits avérés ? Qu’est-ce que la vérité ? Qui écrit l’Histoire ? Où se situe la frontière entre fiction et réalité ? De tout cela il ressort du moins que la manipulation de l’information semble bien être à la base de tout pouvoir.
Antoine Bello, lorsqu’il invente cette histoire, n’agit-il pas comme Sliv lorsqu’il écrit ses scénarios et fabrique les preuves qui les rendront viables ? L’écrivain lui aussi mobilise toutes les ressources de son imagination pour créer un univers qui emportera l’adhésion de son lecteur. Vu sous cet angle, ce livre sonne comme un hommage à la littérature et au pouvoir de la création. Mais il reste avant tout un thriller accrocheur, malgré quelques longueurs, suffisamment pour donner envie de lire la suite, « Les éclaireurs », et percer enfin le mystère du CFR.
On me l’a offert pour Noël l’année dernière, mais je ne l’ai toujours pas lu. Pourtant, j’ai lu presque uniquement des avis positifs dessus, il faut que je me motive !
Une fois lu, j’ai attaqué Les éclaireurs, eh oui, c’est addictif!!
Ce livre a été un vrai coup de coeur pour moi, l’imagination extraordinaire de Bello m’a plus qu’enthousiasmée. Mais alors la suite… un soufflet tout plat, la déception…
Je me suis aussi laissée entraîner dans ce premier tome, et l’auteur est assez brillant pour nous emmener loin dans son monde inventé. L’idée de départ est assez réjouissante-vertigineuse?
@Lilly : je te le conseille, c’est plutôt prenant cette histoire.
@keisha : oui j’ai vu ton billet sur « Les éclaireurs » qui m’a donné encore plus envie de le lire, si besoin était. En fait, j’attends qu’il sorte en poche.
@SB M : j’espère que je ne serai pas trop déçu quand même !
@ficelle : l’idée est géniale, et d’actualité lorsqu’on se penche un peu sur le fonctionnement des médias et le traitement de l’information en général.
Le second te surprendra tout autant… une belle découverte mais certaines idées sont ‘étonnantes’ pour le moins
J’ai très envie de te croire pour « Les éclaireurs », car apparemment les avis divergent sur la qualité de cette suite.
En voilà un qui me tente depuis longtemps mais que je ne me suis toujours pas décidée à acheter !
Il ne faut pas résister à ce genre de tentation. En plus ce livre risque de t’accrocher, comme pour beaucoup de ses lecteurs.