Dans « L’homme inquiet », on retrouve Kurt Wallander pour la dernière fois. Le héros récurrent de Henning Mankell a maintenant la soixantaine. Au début du roman, Wallander apprend qu’il va bientôt être grand-père. Ses collègues prennent leur retraite les uns après les autres. Le temps passe et Kurt Wallander craint de finir comme son père : « L’image du monde qu’avait Wallander était assez simple. Il ne voulait pas être un solitaire aigri, ne voulait pas vieillir seul en recevant la visite de sa fille et de temps à autre, peut-être, celle d’un ancien collègue qui se serait soudain souvenu qu’il était encore en vie. Il n’entretenait aucun espoir édifiant comme quoi Autre Chose l’attendait après la traversée du fleuve noir. Il n’y avait rien là-bas que la nuit d’où il avait émergé à sa naissance. » Pour casser ses habitudes, Wallander achète une maison à la campagne et un chien pour lui tenir compagnie. Mais le travail ne le lâche pas. Le beau-père de sa fille Linda disparaît. La femme de ce dernier ne tarde pas à faire de même. Cette enquête va amener Wallander à s’intéresser à l’Histoire de la Suède pendant la Guerre Froide.
Le passé est au cœur de la dernière enquête de Kurt Wallander. Ce dernier doit chercher dans les archives de la marine où le beau-père de Linda, Hakan Von Enke, était capitaine de sous-marin. La Guerre Froide, les relations avec la Russie et les États-Unis, le meurtre jamais élucidé du premier ministre Olof Palme se dressent sur le chemin de Wallander. Celui-ci est forcé de se pencher sur la politique et sur l’Histoire qui pourtant l’indiffère. Henning Mankell, très engagé politiquement, a créé un personnage très différent de lui. Dans ce dernier opus, il semble que l’auteur punisse un peu sa créature pour son manque d’intérêt pour la sphère publique.
Mais c’est surtout son propre passé qui assaille Wallander. L’âge l’amène à un retour sur sa vie, à s’interroger sur ses choix. Outre le fantôme de son père, Wallander revoit les femmes de sa vie. Mona, son ex-femme, resurgit dans sa vie dans un état pitoyable. Baiba, son seul autre amour, vient lui faire des adieux déchirants. Viennent se rajouter à cela des pertes de mémoire aussi subites qu’inexpliquées. Kurt Wallander semble encore plus perdu que d’habitude. Sa petite-fille est la seule chose qui lui permet de ne pas perdre pied complètement.
« L’homme inquiet » est un roman profondément nostalgique et mélancolique. L’enquête est comme toujours très bien ficelée et nous en apprend beaucoup sur la pseudo neutralité de la Suède. Pour cette dernière enquête, Henning Mankell rend son commissaire encore plus vulnérable et touchant. Le dernier paragraphe du livre est poignant et je défie quiconque de ne pas avoir la gorge serrée à sa lecture.
Merci à Jérôme et aux éditions Points pour ce dernier voyage en compagnie de Wallander.
J’avais lu le cerveau de kennedy de cet auteur qui m’avait plu mais la lionne blanche, je l’ai abandonné. Celui-ci, je le lirai peut-être mais il ne fait partie de mes priorités car dans la série, des indridason, je sais que ça m’avait agacée la place grandissante de l’enquêteur au détriment de l’enquête !!!!
@Maggie : Je ne trouve pas que Wallander prenne toute la place dans les romans de Mankell. L’intrigue a quand même une place importante dans le livre mais c’est vrai qu’elle est directement en rapport avec la vie de Wallander. J’aime bien quand les deux se mélangent.
J’aime beaucoup le personnage de Wallander mais je ne le connais qu’à travers la série jouée par Kenneth. Mais j’ai deux romans dans ma PAL (dont l’un dédicacé par l’auteur), il faudrait que je les lise, d’autant que j’ai beaucoup aimé Les chaussures italiennes.
@Valérie : La série avec Kenneth Brannagh est géniale, il est parfait dans le rôle de Wallander. Il semble que les premiers de la série soient un peu maladroits. Je ne les ai pas encore lus, je pioche un peu au hasard mais Cryssilda a lu le premier et a été un peu déçue.
Je découvrirai donc Wallander avec sa dernière enquête… ce qui est bien c’est que je n’avais toujours pas réalisé qui est Wallander comme je ne connaissais Mankell que de nom… ah ah… mon samedi commence avec une illumination, j’espère qu’il y en aura d’autres comme ça. Enfin tu parles d’un récit nostalgique, cela me tente assez pour un polar car je suis un peu compliquée avec ce genre.
@Lou : Je suis contente de t’avoir permis cette illumination !!! C’est un très beau roman très mélancolique, j’aime beaucoup le personnage de Wallander qui est complexe et attendrissant.
J’avais moi aussi apprécié Tirez sur le pianiste de Goodis, mais du même auteur, j’ai plus encore aimé Sans espoir de retour. D’ailleurs les deux histoires se ressemblent un peu, mais j’ai préféré celui-ci, peut-être parce que je l’avais lu en premier.
@Nico : David Goodis est un auteur excellent que je dois continuer à découvrir, je note donc la référence dont tu me parles.
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