Lorsque le Dr Faraday franchit les grilles de Hundreds Hall, il se souvint de sa visite durant son enfance quand sa mère y était nurse. A l’époque, il fut fasciné par le faste, la somptuosité de cette demeure. Il trouve les lieux bien changés. Tout semble se déliter, se dégrader. Les châtelains, les Ayres, ne sont plus qu’au nombre de trois : Mrs Ayres, que le docteur avait rencontré enfant et qui est la matriarche, Roderick, le fils revenu de la seconde Guerre Mondiale avec des séquelles, et Caroline, l’aînée peu intéressée par les apparences et ne cherchant pas à plaire. Le Dr Faraday devient petit à petit un habitué de la famille, s’attachant aussi bien à ses membres qu’à la maison. Les Ayres sont désargentés et peinent à entretenir leur domaine. L’ambiance n’est cependant pas morose. Tour change lors d’une soirée où le sage et bonhomme chien de la maison défigure une enfant. Suite à cet évènement inexplicable, d’autre phénomènes se produisent à Hundreds Hall. La demeure serait-elle possédée ?
Sarah Waters reprend ici les codes des romans gothiques victoriens. L’histoire a pour cadre un domaine imposant et une maison inquiétante et délabrée. Ce lieu est le personnage central du roman, l’intrigue entière s’y déroule et le destin de la famille Ayres s’y noue. Sarah Waters installe très progressivement son atmosphère sombre et lugubre typique du genre : « Ce fut par une soirée pluvieuse, venteuse, sans lune et sans étoiles, que je me rendis de nouveau à Hundreds. Je ne sais pas s’il faut en imputer la faute à la pluie et à l’obscurité, ou bien si j’avais oublié à quel point la maison était négligée, délabrée : mais quand je pénétrai dans le hall, sa tristesse, sa froideur me tombèrent sur les épaules. Certaines ampoules avaient claqué sur les appliques, et l’escalier s’élevait dans la pénombre, tout comme le soir de la fameuse réception, l’effet, à présent, était étrangement pesant, comme si la nuit hostile avait réussi à se glisser par des interstices dans la maçonnerie, et demeurait là, planant comme une fumée ou un brouillard, au cœur même de la maison. Il faisait également un froid perçant. » Le surnaturel apparait par petites touches : des tâches noires sur les plafonds et les murs, des graffitis derrière les meubles, des portes se verrouillant toute seules. Rien de très spectaculaire, juste de quoi faire monter l’inquiétude, la tension à la manière du film de Robert Wise « La maison du diable » où l’angoisse naissait uniquement des sons.
Mais Hundreds Hall est-elle véritablement hantée ? Sarah Waters laisse toujours planer l’ambiguïté et se sert de son narrateur, le Dr Farraday, pour cela. Il reste du côté de la raison, de l’explication rationnelle. En tant que scientifique, il cherche des réponses et ne peut qu’envisager des problèmes psychiques pour comprendre ce qui se passe à Hundreds. Un autre médecin l’expliquera par la fin d’une classe sociale, la fin du monde des Ayres et de leur manière de vivre. Le domaine et ses habitants sombrent alors dans une ruine et une déréliction totales.
J’ai été beaucoup plus séduite par « L’indésirable » que par « Affinités ». Sarah Waters y maîtrise parfaitement l’atmosphère gothique ainsi que son intrigue sur 650 pages.
Ambiance gothique = tu me tentes, je le note mais 650 pages !!! 😀
Une belle ambiance gothique même !! Les 650 pages passent très bien, d’autant plus que le mystère est distillé petit à petit.
Un bonne grosse brique que j’ai adoré ! L’ambiance y est géniale ! Toutefois, je me souviens de quelques unes de mes questions qui sont restées sans réponses…
Les bonnes briques ont vraiment du bon puisque l’on peut bien s’installer dedans !
Il est dans ma PAL depuis des lustres… il faudrait que je pense à l’en sortir un de ces jours !
Si tu as envie d’un bon gros pavé bien écrit, bien prenant, n’hésite pas !
Je ne connaissais pas du tout… je note 😀
Si tu aimes les ambiances de maison hantée, je te le recommande.
Je suis contente que tu aies aimé !
Moi aussi parce que j’avais été déçue par mon premier Sarah Waters. Je vais pouvoir en lire d’autres !
« Caressez le velours » est splendide ! (je dis ça comme ça, hein …)
Bon, très bien, je connais le titre du prochain Sarah Waters que je lirai !!!
Tu donnes irrémédiablement envie de lire ce roman qu’il serait grand temps que je sorte de ma Palounette !
Il est bien parfois de mettre son nez dans sa PAL ! C’est ce que je fais depuis quelques mois et ça me soulage de la voir baisser !
J’aime beaucoup cet auteur : elle a un vrai talent pour créer des ambiances angoissantes et gothiques. Je commence Affinités, et pour l’instant, j’aime bien 🙂
J’espère que tu apprécieras plus que moi « Affinités », j’avais été un peu déçue car j’attendais beaucoup de Sarah Waters. Mais me voilà réconciliée avec elle !
Il est dans ma PAL. J’avais eu un énorme coup de coeur pour « Caresser le velours » et pour « Du bout des doigts ». Je suis contente de lire cet avis.
Je vais maintenant m’attaquer à ces deux-là, j’espère que je vais aimer autant que toi.
J’ai tenté deux fois « Du bout des doigts », mais je ne l’ai jamais terminé. Pourtant, Waters me tente énormément, surtout quand je lis un billet comme le tien…
J’étais très tentée aussi lorsque j’ai lu « Affinités » et j’avais été déçue. J’espère que « L’indésirable » ne sera pas le seul que j’aime !
J’avais adoré ce roman découvert dans le cadre du Grand Prix ELLE 2011 !
Tu faisais partie du jury ? J’aimerais bien tenter un jour mais il faudrait que ma PAL disparaisse pour me décider…
J’avais aimé Affinités, je ne doute pas d’aimer celui-là !
Oui c’est sûr puisque je n’avais pas trop aimé « Affinités » !!!
J’avais aimé mais pas adoré.
C’est un bon divertissement, bien construit dont l’ambiance est particulièrement réussie.
Je suis ravie qu’il t’ait plu 🙂 Et ton enthousiasme par rapport à « Affinités » me donne très très envie de le lire… bon je le remonte sur ma fameuse LAL !! Un bon roman anglais, rien de mieux pour attaquer l’hiver qui n’est pas loin…
Celui-ci va fortement te plaire, une bonne ambiance gothique avec château délabré !