En ce 15 juillet étouffant de 1976, Robert Riordan sort acheter le journal comme chaque jour depuis qu’il est à la retraite. Mais Robert ne rentre pas et ne donne pas de nouvelles. Gretta, sa femme, s’angoisse et finit par téléphoner à ses trois enfants. Monica, l’aînée, a épousé en deuxième noce un homme beaucoup plus âgé et ils habitent dans le Gloucestershire. Michael Francis habite Londres comme ses parents. Il est enseignant, s’est marié très (trop) tôt et a deux enfants. La petite dernière est atypique, Aoife était une enfant agitée, perturbée, colérique. Elle vit à New York et travaille comme assistante pour une photographe de renom. Les enfants rejoignent leur mère pour quatre jours de recherche, quatre jours épuisants et décisifs où l’histoire familiale va être mise à jour.
Le thème central de « En cas de forte chaleur » est la famille et ses secrets comme dans « L’étrange disparition de Esme Lennox » et « Cette main qui a pris la mienne ». Maggie O’Farrell aime construire ses romans autour de cette thématique et des non-dits qui en découlent. Ici nous arrivons dans une famille en crise, le père a disparu du jour au lendemain. Chaque membre de la famille est stressé par cette situation. Mais on découvre rapidement que la famille était déjà en crise avant le départ de Robert. Elle n’avait pas été réunie depuis des années, chacun des enfants se débattant avec des situations personnelles très compliquées. La mère elle-même, est un personnage en crise perpétuelle : elle fuit toujours les problèmes, se sert de la religion à outrance, prend beaucoup de médicaments. Comme toujours chez Maggie O’Farrell, le passé explique tout et celui de Robert va peu à peu refaire surface.
L’auteure en profite pour évoquer la vie des irlandais en Angleterre dans les années 50. Robert, qui se nommait Ronan avant son arrivée à Londres, y vient avec Gretta pour trouver du travail. Mais l’intégration est extrêmement difficile : « Ses enfants s’imaginaient qu’ils avaient souffert parce qu’on les injuriait à l’école, qu’on racontait toujours les mêmes blagues sur les Irlandais, que certains gosses du voisinage avaient interdiction de jouer avec de sales catholiques. Mais ils n’avaient aucune idée de ce que ça représentait d’être irlandais en Angleterre à l’époque, à quel point ils étaient détestés, raillés et méprisés. (…) On vous crachait à la figure dans le bus en entendant votre accent, on refusait de vous servir dans les cafés, on vous chassait si vous essayiez de vous reposer sur un banc dans un parc ou bien on écrivait « Les Irlandais ne sont pas acceptés » dans les vitrines des magasins. »
Maggie O’Farrell nous raconte l’histoire de cette famille avec les points de vue de ses différents membres, elle entrelace les récits. Chaque personnage est très bien dessiné, sa vie nous est racontée de manière détaillée. Cela donne de l’épaisseur, de l’authenticité à chacun et les rend attachants.
Maggie O’Farrell nous offre un livre sensible, touchant sur une famille irlandaise rattrapée par son passé douloureux.
je l’ai noté bien sûr car j’ai beaucoup aimé son précédent roman
J’avais vu ce roman en Angleterre et j’avais hâte de le lire tant j’ai aimé ses précédents romans.
Oh, ben dis donc, ça m’a l’air plus qu’intéressant, ce livre !! On voit au travers de ce genre de roman tout le mal que l’homme a pu faire à ses semblables, quel qu’ils soient… pas un pour relever l’autre 😦
Dans « L’étrange disparition de Esme Lennox » c’est encore pire ! C’est un mal décidé par la société alors qu’ici c’est plutôt un problème familial et religieux.
Bigre… 😦
Bon, je garde le titre sous les yeux 😉
c’est justement là où elle est forte, ce passé qui rattrape, toujours.
Oui et la manière dont elle entrelace le présent et le futur.
Je l’ai repéré, c’est un auteur dont je n’ai lu qu’un livre mais qui m’a complètement convaincue.
Tu avais lu « L’étrange disparition de Esme Lennox » ? Il reste mon préféré même si j’ai beaucoup aimé les deux suivants.
J’ai L’étrange disparition d’Esme Lennox cet été et ton avis me donne envie de découvrir d’autres oeuvres de cette auteure!
Pour le moment « Létrange disparition de Esme Lennox » reste mon préféré mais tu aimeras forcément les autres également.
J’avais vraiment beaucoup aimé l’étrange disparition d’esme lennox. Et je compte lire prochainement cette main qui a pris la mienne.
Je note également cette référence. Merci pour la découverte!
J’ai hâte de lire ton avis car je persiste à préférer Esme Lennox ! J’étais d’ailleurs un peu déçue par « Cette main qui pris la mienne » car il ressemblait beaucoup trop au précédent.
J’aime beaucoup cette auteur.
Ses livres sont toujours très sensibles et nous parle du destin des irlandais.
Je ne connaissais pas. Mais, visiblement, tu as préféré « L’étrange disparition de Esme Lennox »?
Oui, c’est vraiment le roman de Maggie O’Farrell que je conseillerais pour quelqu’un qui veut la découvrir.
Je n’avais pas tilté qu’il s’agissait du même auteure que L’étrange disparition d’Esme Lennox avant de lire ton commentaire sous celui de Belette. Les deux m’intéressent vraiment. C’est tout à fait le genre de roman qui sait me plaire. J’espère les croiser un jour et qu’ils tomberont dans mon panier… 😉
Bises
J’espère aussi que ta route de lectrice croisera celui de Esme Lennox, je suis également persuadée que tu vas adorer ce roman sensible et très bien construit.
J’ai lu en biais car c’est mon prochain roman au programme. Je reviens dès que je l’aurai lu :-)!
J’ai hâte d’avoir ton avis, toi la spécialiste de la littérature irlandaise !
Je savais que les anglais et les irlandais ne s’aimaient pas mais dis donc quel racisme ! Je ne savais pas que ça allait jusque là, ça me rappelle l’Autriche des années 1960 où on trouvait encore, à l’entrée de certains commerces « interdit aux chiens et aux juifs » ! C’est sidérant ! J’ai noté cette auteur (Esme Lennox)…pour plus tard, quand j’aurais plus de temps !
Maggie O’Farrell parle toujours de la famille mais elle en profite pour nous parler de la situation des irlandais à telle ou telle époque. On comprend mieux les tensions et la longue lutte entre les deux pays quand tu lis ce genre de roman.
J’ai « the Hand that first held mine » dans ma PAL mais je note donc également ce titre. Le sujet mais aussi le contexte social me donnent envie de le découvrir et tu sais combien j’avais aimé « L’Etrange disparition d’Esme Lennox ».
Tu seras forcément un peu déçue par « Cette main qui a pris la mienne » car il est trop proche de « L’étrange disparition de Esme Lennox ». En tout cas, c’est ce que j’avais ressenti mais j’avais enchaîné les deux. Celui-ci est très agréable à lire, je te le prêterai si tu veux.
J’ai beacoup aimé Esme Lennox et je me suis promise de relire l’auteure. J’ignorais que les irlandais avaient autant été maltraités par les anglais !
C’est une longue histoire de défiance et de haine entre les deux peuples, heureusement tout ça s’est un peu pacifié.