Un américain occupe une chambre d’hôtel au moment de Noël à Amsterdam. Il est fiévreux, agité et inquiet. Il s’intéresse aux journaux, à un fait divers en particulier : une scène de crime en plein cœur de la capitale néerlandaise. Quel est le rapport entre le narrateur et ce crime ? Comment a-t-il atterri dans cette chambre dont il ne sort pas ? C’est ce que Theodore Decker, le narrateur, va nous raconter durant 786 pages palpitantes. Le point de départ de son flash-back est l’évènement qui transforme à jamais sa vie : sa mère meurt lors d’un attentat au Metropolitan Museum où ils étaient venus pour voir une exposition sur l’âge d’or de l’art flamand.
Vous avez beaucoup entendu parler du « Chardonneret » depuis sa sortie et la plupart du temps dans des articles dithyrambiques. Force m’est de constater que ce roman mérite amplement tous les éloges, toutes les couronnes de laurier qu’on lui a tressées. Le dernier livre de Donna Tartt est un bijou, une œuvre ample et superbe. L’auteur maîtrise à la perfection son intrigue, c’est une formidable conteuse d’histoires. Elle sait changer d’ambiance, créer des rebondissements sur 786 pages sans lasser à aucun moment. Le début est déjà un tour de force : on découvre Theo à Amsterdam avant de plonger dans son enfance, au moment de ses treize ans et du drame de sa vie. Pendant tout le roman, l’idée de ce début de roman à Amsterdam reste inscrit dans la tête du lecteur : à quel moment allons-nous y retourner ?
Donna Tart excelle également dans tous les genres , toutes les atmosphères : roman d’apprentissage à la Dickens (présent sous la forme de nombreux clins d’œil) ; histoire d’amour sublime et infiniment triste ; roman d’amitié ; roman noir avec voyous, alcool et drogue ; roman du secret et de la culpabilité ; réflexion sur le destin, sur le bien et le mal (avec l’ombre tutélaire de Dostoïevsky). « Le chardonneret » réussit à être tout ça à la fois. Les trois villes où vit Theo (New York, Las Vegas et Amsterdam) sont de véritables personnages, leur atmosphère est très marquée. New York est la ville des doux souvenirs avec sa mère disparue, Vegas celle de tous les excès et de l’amitié avec Boris, Amsterdam celle où le destin s’accomplit. La galerie de personnages secondaires est foisonnante mais aucun n’est laissé de côté, chacun prend corps pour accompagner l’évolution de Theo. Il y a le monde policé et bourgeois de la famille Barbour où Theo est accueilli après la mort de sa mère. Pippa dont il tombe amoureux au MET avant l’attentat et qui est brisée comme lui par l’évènement. Hobie, le restaurateur de meubles, admirable de compréhension et qui transmet son art à Theo. Le père, revenu de nulle part, est rongé par l’alcool et la fièvre du jeu. Et il y a Boris, l’ami ukrainien rencontré à Vegas. Il est à l’origine de tous les excès, de tous les risques mais son amitié est indéfectible.
Enfin « Le chardonneret » est un hommage à l’art, à l’imaginaire. Le splendide tableau de Carel Fabritius est au cœur de l’intrigue et aussi de la philosophie que tire Theo de la vie : « Et tandis que nous mourons, tandis que nous émergeons de l’organique, c’est une gloire et un privilège d’aimer ce que la Mort n’atteint pas. Parce que si le désastre et l’oubli ont suivi ce tableau au fil du temps, l’amour l’a suivi aussi. Dans la mesure où il est immortel (il l’est), et où j’ai un petit rôle, lumineux et immuable, à jouer dans cette immortalité. Il existe ; il continue d’exister. Et j’ajoute mon propre amour à l’histoire des amoureux des belles choses, eux qui les ont cherchées, les ont arrachées au feu, les ont pistées lorsqu’elles étaient perdues, ont œuvré pour les préserver et les sauvegarder tout en les faisant passer de main en main, littéralement, leurs chants éclatants s’élevant du naufrage du temps vers la prochaine génération d’amoureux, et la prochaine encore. »
Alors ne vous privez pas de cette plongée dans un roman foisonnant et totalement captivant.
Un grand merci aux éditions Plon pour ce grand moment de lecture.
Quel enthousiasme ! Je reconnais les qualités que tu prêtes à ce roman mais il souffre de trop de longueurs à mon sens. J’ai mis beaucoup de temps à le lire, je ne trouvais pas l’impulsion qui me donnerait envie de tourner les pages les unes après les autres. Vu le pavé, c’est tant mieux pour toi que tu te sois délectée de cette lecture 🙂
Je sais que tu n’es pas la seule à l’avoir trouvé trop long. De mon côté, je n’ai pas vu le temps passé, les pages se tournaient toutes seules.
J’ai surtout lu la fin de ton billet pour connaître ton avis, et comme il est très positif, je suis ravie !
J’espère que tu vas te régaler autant de moi, je ne voulais plus le lâcher.
Pas tentée par cette histoire, alors je ne fais que passer…
Mais ça me fait plaisir de te voir ici ! 😉
C’est malin, tu m’as donné envie de lire…
Je suis vraiment, vraiment désolée, j’essaierai de ne plus le faire…
Ce roman m’intéresse beaucoup… mais il est cheeeeer !!! je vais avoir du mal de résister éternellement… et ça va être tellement long d’attendre sa sortie en poche…
Tu peux peut être l’emprunter dans une bibliothèque, tu n’auras pas à attendre la sortie poche.
Pour moi ce fut un bon moment de lecture, happée par l’histoire (et sans ressentir que c’était un pavé)
Je me souviens très bien de ton billet enthousiaste qui m’avait donné envie de l’ouvrir toutes affaires cessantes !
Ton billet donne vraiment envie de le lire ! C’est bien parce que grâce à toi, je vais finir par en connaitre plus sur la litté américaine !
Tu sais bien que je suis la pour t’aider à agrandir ton panorama littéraire ! Contenté de t’avoir donné envie !
J’hésitais encore un peu mais là, c’est noté !
Tant mieux si je t’ai décidée, j’ai hâte de te lire.
Bonjour Titine, j’ai lu du pour et du contre sur ce roman. Pour le moment, je passe. Je n’avais pas aimé plus que cela « Le maître des illusions ». Bonne journée.
Je sais que les avis sont mitigés sur ce roman et je comprends que tu passes si tu n’as pas aimé le premier. Pour ma part, je ne l’ai pas encore lu mais ça ne saurait tarder !
J’aimerais bien le lire en audio (les pavés je préfère les ainsi). On verra s’il sort ou non en audio.
Je pense que je n’arriverais pas à être assez attentive pour l’écouter.
Ok, ok, un livre de plus sur ma liste 😉
Oui,tu n’as pas le choix, il faut le mettre sur ta liste !
Je me suis ennuyée mais j’avais aimé la première partie.
Tu n’es pas la seule à t’être ennuyée apparemment. Cela me semble étonnant tellement je me suis régalée !!!
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Je le lirai car Le maître des illusions est mon roman favori. Mais je vais encore attendre que l’agitation soit retombée.
Je ne savais pas que tu aimais à ce point « Le maître des illusions ». Je suis bien contente d’avoir ton avis car je l’ai dans ma PAL et j’avais peur d’être déçue après « Le chardonneret ».
Après des avis très mitigés sur ce livre, tu donnes envie de se faire sa propre opinion. Je vais peut être finir par craquer 😉
Si tu te lances, j’espère que tu seras autant captivée que moi !
Je suis en train de lire Le Chardonneret, j’en suis à « vol de nuit » et j’avoue que je ne suis pas déçue. C’est un gros pave, mais qui se lit facilement on ne s’ennuie pas.
Non on ne s’y ennuie pas, elle arrive toujours à trouver un rebondissement pour relancer notre intérêt.
Il m’attend dans ma PAL parmi tant d’autres. Ton avis enthousiaste fait écho à celui de ma super libraire qui est sûre que ça me plaira. Il n’y a plus qu’à ! 😉
Vraiment, ta libraire est mon amie ! Il faudrait que je la rencontre pour qu’elle me conseille car elle semble avoir les mêmes goûts que moi.
Je suis sûre que tu as aussi une vraie librairie près de chez toi ! Sinon, il faut que tu emménages ici ! 😉
Oui, j’ai plusieurs librairies que j’apprécie mais c’est vrai que ta libraire semble avoir les mêmes goûts que moi, du coup ça fait envie ! 😉
C’est le roman qui m’a sans doute le plus marquée dans ma vie de jeune lectrice. Lu à 16 ans, il est devenu culte pour moi et je l’ai relu plusieurs fois. Mais je n’ai jamais osé le relire à l’âge adulte, peur de la déception. Mais je l’ai fait découvrir à une amie récemment, et elle a adoré et je vois que beaucoup de lecteurs adultes adorent, donc je ne devrais pas avoir peur mais bon, je ne suis plus la jeune fille de 16 ans 😉
Tu veux parler du « Maître des illusions » je pense. Je l’ai dans ma PAL également et j’espère qu’il sera à la hauteur de celui-ci.
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j’ai bien apprécié m’immerger dans cet univers !
J’avais été happée par ce roman, je l’ai trouvé magnifique !