Sofia fait des listes, tout le temps et sur tout : « Les choses que j’aurais souhaité ne jamais avoir dites mais que je dis quand même », « Traits de caractère légèrement étranges que j’observe dans mon entourage », « Phrases typiques de grand-mère », « Scènes de ma vie dignes d’un film ». Elle fait des listes pour se calmer, s’apaiser, pour l’aider à affronter la réalité. Et Sofia en a bien besoin en ce moment. Sa petite fille Anna est née avec une grave malformation cardiaque et elle doit bientôt subir une très lourde intervention chirurgicale. La grand-mère de Sofia va elle aussi très mal, atteinte de la maladie d’Alzheimer, sa santé se dégrade. C’est dans cette période troublée de sa vie que Sofia va en apprendre plus sur ses origines russes, sur son père Sacha et sur son oncle Gricha dont elle ne connaissait pas l’existence.
Lena Gorelik nous livre à travers « Tolstoï, oncle Gricha et moi », une très belle galerie de personnages, très finement analysés, avec une écriture pleine de pudeur. Sofia, avec ses angoisses et sa manie des listes, est extrêmement attachante. Elle fait face avec beaucoup plus de force que ce qu’elle pense. Elle se retrouve coincée entre le passé et le futur, entre la vie de sa grand-mère qui s’achève et celle de sa fille qu’elle espère voir grandir. Un moment qu’elle aimerait bloquer dans le temps avant que les choses ne changent irrémédiablement.
Et c’est dans ce moment de temps suspendu que Sofia découvre la vie de Gricha. Elle trouve en rangeant l’appartement de sa grand-mère un coffret en bois contenant des listes ! Elle n’est donc pas la seule de la famille à raconter sa vie sous forme de listes. Petit à petit, l’histoire de Gricha va lui être dévoilée. Le flamboyant, l’extravagant, le charmant et remarquable conteur d’histoires (un autre point commun avec Sofia qui est romancière) qu’était Gricha. Mais aussi celui qui fait peur, qui inquiète par ses folles actions. Gricha fait des grimaces pendant l’enterrement de Staline pour faire rire ses petits camarades. Il participe à l’enterrement de Boris Pasternak où il fait la connaissance d’un groupe de dissidents. Gricha ne peut rester sans rien faire face au régime soviétique même si cela peut mettre en péril sa famille. Gricha est un très beau personnage, complexe pour lequel j’ai eu beaucoup de tendresse.
« Tolstoï, oncle Gricha et moi » est un très joli roman, qui par moments part un peu dans tous les sens, sur le souvenir et sur la manière dont le passé peut aider à affronter le présent.
Merci aux éditions Les Escales pour cette découverte.
Ton billet me donne envie de faire des listes, tiens ! Et de lire ce livre, accessoirement ! 😉
C’est marrant, j’avais également envie de faire des listes en le lisant !!! Tu le mettras dans ta liste de livres à lire ! 😉
C’est vrai qu’on a tout de suite envie de l’aimer, rien qu’en raison des listes ! (je te pique ton lien pour la RL) 🙂
Je trouve tous les personnages très attachants, il y a beaucoup de tendresse et d’humanité dans la manière de les décrire.
Il faut absolument que je le lise !!
J’espère que tu passeras un bon moment avec Gricha !
J’ai bien aimé la fin de ta critique, « sur la manière dont le passé peut aider à affronter le présent » ! Quoique j’aurai aimé un petit développement de plus dans le roman, sur l’arrivée d’un oncle dans la vie de Sofia et ce qui en découlait.
L’influence positive de Gricha sur la vie de Sofia se voit dans la dernière page, c’est grâce à lui qu’elle se remet à écrire.
Je ne sais pas quoi penser de ce livre, je ne vous sens pas plus enthousiaste que cela dans vos billets, alors que c’est pile le genre que j’aime, du coup je tergiverse….
C’est sûr que ce n’est pas un coup de coeur mais c’est un roman très agréable à lire. Si tu veux, je peux le faire voyager dans le sud de la France. Qu’en dis-tu ?
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