Une photo, quelques mots (170ème) – Atelier d’écriture de Leiloona

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©Leiloona

C’est ici, place de la Concorde, que je suis tombé amoureux de toi. C’était en mai, il y a tout juste dix ans. Un joli mois de mai, lumineux et doux. Le soleil donnait des reflets argentés à l’eau qui jaillissait de la fontaine des mers. Le pyramidion de l’obélisque étincelait. J’étais jeune, je débarquais de ma province. J’étais ébloui. Tu étais là, tu étais mystérieuse et ensorcelante. Il me fallait te découvrir, apprendre à te connaître, à t’apprivoiser.

Tu étais changeante, troublante. La lumière modifiait sans cesse ton visage. Froide et sombre lorsque l’hiver venait, chaude et accueillante lorsque le soleil te caressait. J’étais perplexe devant tes mille réalités. Ton élégance, ta gouaille, ta modernité, tu t’adaptais toujours et encore. Rien ne semblait pouvoir te perturber. Solide et fière, tu résistais à tout et déjà j’avais du mal à te suivre.

Je cherchais à te comprendre, à te saisir. J’errais le long du quai des Grands Augustins, je vagabondais dans les allées sinueuses du parc des Buttes-Chaumont, je marchais dans les couloirs interminables et blêmes du métro, je parcourais les immenses percées haussmanniennes en quête d’une vérité, d’une identité.

Tu étais aussi dure que tu pouvais te faire légère. Tu me rejetais autant que tu m’enveloppais. Mon cœur se pinçait lorsque je te quittais, la vie même semblait s’arrêter loin de toi, ma palpitante ! Que d’énergie pourtant il m’a fallu déployer pour rester auprès de toi, tu ne supportais aucune faiblesse, aucune faille. J’ai grandi, mûri dans tes bras. Je me suis endurci, un peu, pas assez.

Mais aujourd’hui, je suis las de devoir batailler pour être à la hauteur. Je n’ai plus la force nécessaire. Je sais que je dois m’éloigner pour me préserver. C’est pour te dire adieu que je suis revenu place de La Concorde. Le temps est de circonstance. Le ciel est bas, couvert, morne. Il t’ôte tout éclat. Je suis là, je t’observe, résolu à partir et pourtant mon cœur est douloureux. Mes yeux se brouillent, le ciel s’assombrit. je pars. Je te quitte et je sais que tu vas me manquer. Toi, ma ville. Toi, Paris.

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25 réflexions sur “Une photo, quelques mots (170ème) – Atelier d’écriture de Leiloona

    • Merci Leil, ton message me fait chaud au coeur. C’est également une ville que j’adore mais où il est parfois difficile de vivre et s’épanouir.

  1. Pingback: Coeur en hiver ... (atelier d'écriture) | Bric à Book

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