©Leiloona
C’est ici, place de la Concorde, que je suis tombé amoureux de toi. C’était en mai, il y a tout juste dix ans. Un joli mois de mai, lumineux et doux. Le soleil donnait des reflets argentés à l’eau qui jaillissait de la fontaine des mers. Le pyramidion de l’obélisque étincelait. J’étais jeune, je débarquais de ma province. J’étais ébloui. Tu étais là, tu étais mystérieuse et ensorcelante. Il me fallait te découvrir, apprendre à te connaître, à t’apprivoiser.
Tu étais changeante, troublante. La lumière modifiait sans cesse ton visage. Froide et sombre lorsque l’hiver venait, chaude et accueillante lorsque le soleil te caressait. J’étais perplexe devant tes mille réalités. Ton élégance, ta gouaille, ta modernité, tu t’adaptais toujours et encore. Rien ne semblait pouvoir te perturber. Solide et fière, tu résistais à tout et déjà j’avais du mal à te suivre.
Je cherchais à te comprendre, à te saisir. J’errais le long du quai des Grands Augustins, je vagabondais dans les allées sinueuses du parc des Buttes-Chaumont, je marchais dans les couloirs interminables et blêmes du métro, je parcourais les immenses percées haussmanniennes en quête d’une vérité, d’une identité.
Tu étais aussi dure que tu pouvais te faire légère. Tu me rejetais autant que tu m’enveloppais. Mon cœur se pinçait lorsque je te quittais, la vie même semblait s’arrêter loin de toi, ma palpitante ! Que d’énergie pourtant il m’a fallu déployer pour rester auprès de toi, tu ne supportais aucune faiblesse, aucune faille. J’ai grandi, mûri dans tes bras. Je me suis endurci, un peu, pas assez.
Mais aujourd’hui, je suis las de devoir batailler pour être à la hauteur. Je n’ai plus la force nécessaire. Je sais que je dois m’éloigner pour me préserver. C’est pour te dire adieu que je suis revenu place de La Concorde. Le temps est de circonstance. Le ciel est bas, couvert, morne. Il t’ôte tout éclat. Je suis là, je t’observe, résolu à partir et pourtant mon cœur est douloureux. Mes yeux se brouillent, le ciel s’assombrit. je pars. Je te quitte et je sais que tu vas me manquer. Toi, ma ville. Toi, Paris.
formidable, j’ai réellement pensé que c’était une femme ! Et je trouvais la situation très juste. Bravo
C’est tout à fait l’effet que je recherchais, merci !
Une jolie déclaration d’amour à cette ville que j’aime tant … je me reconnais dans ta description. Superbe texte.
Merci Leil, ton message me fait chaud au coeur. C’est également une ville que j’adore mais où il est parfois difficile de vivre et s’épanouir.
Un très joli texte pleins de jolis choses.
Merci beaucoup Amandine.
Magnifique texte : un adieu plein de sensibilité à une ville aimée mais dont l’amour est exigeant !
Merci Albertine, je suis contente de voir que ce texte t’a plu autant.
Très bel hommage à une ville sublime!
Une ville si belle, si vaste, si changeante et si exigeante ! Merci Sabine !
tres beau texte ! j’ai beaucoup aime cette lecture.
Merci, je suis ravie de vous faire passer un bon moment de lecture !
Une belle déclaration encore, merci, c’est beau.
Oui, une si belle photo nous rappelle à quel point Paris est magnifique et que j’ai d ela chance d’y vivre.
Que c’est beau ! Comme c’est vrai… un magnifique texte pour une ville ensorcelante et invivable… merci !
C’est exactement ça Anne-Véronique ! On aime follement y vivre mais il faut de l’énergie pour cela ! Merci !
C’est une belle variation sur la ville. J’ai pensé un moment que tu parlais de la statue.
Je voulais effectivement cacher la destinataire de ce message d’amour jusqu’au bout. Merci de m’avoir lue !
Un adieu provisoire, une femme comme ça ne se quitte pas longtemps !
Je pense aussi qu’il est bien difficile de vivre loin d’elle ! Il faut parfois savoir la quitter pour mieux l’apprécier et y revenir !
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oh, joli texte, belle déclaration à cette capitale ! Je ne m’attendais pas à lire ça 🙂
Merci Fanny, je suis contente d’avoir réussi à te surprendre avec mon texte !
J’aime beaucoup et quand on fréquente Paris, on ne peut que partager ton propos 🙂
Une ville que l’on adore et qui parfois nous étouffe et nous épuise ! Mais je ne voudrais pas vivre ailleurs !