A Southampton, Amy et Sam se réveillent au fond d’un bassin pour plongeon. Leur dernier souvenir : avoir été pris en stop par une femme au volant d’une camionnette. L’incompréhension est totale. Ils ont été kidnappés. Un téléphone retentit au fond du bassin. Leur ravisseuse leur explique les termes de son marché. Au fond de la piscine, ils trouveront un revolver avec une seule balle. Pour sortir de cet endroit, l’un des deux devra tuer l’autre. Sans ça, ils mourront de faim. Dilemme impossible pour ces deux jeunes amoureux, ils se sentent incapables de tuer. Mais que restera-t-il de leur résolution après dix jours sans boire et manger ?
Me voici en présence d’un genre littéraire auquel je n’avais pas encore été confrontée : le roman gore. La quatrième de couverture nous parle de thriller mais je n’ai ressenti aucun suspens dans ce roman. L’auteur tente de le créer par des chapitres courts mais cela n’a pas suffi à maintenir mon attention. Et je n’ai pas non plus eu froid dans le dos, n’est pas Dennis Lehane qui veut. Comme dans un film gore, type « Massacre à la tronçonneuse », l’amoncellement d’hémoglobine ne génère pas la peur mais plutôt le ridicule. Ici M.J. Arlidge en rajoute des tonnes. La journaliste, insupportable fouineuse comme il se doit, a eu un père dealer qui se servait d’elle comme mule mais cela ne suffit pas, elle a également le visage à moitié défiguré par une projection d’acide. L’enquêtrice, Helen Grace, aurait dû jouer dans « Cinquante nuances de Grey » puisqu’elle a des tendances au SM, ou plutôt à la torture puisqu’elle se fait fouetter jusqu’au sang avec une ceinture à clous. L’un des derniers prisonniers voit sa plaie au crâne s’infester d’asticots qu’il se fait un plaisir d’offrir à manger à sa compagne de détention. Trop, c’est trop. Visiblement, M.J. Arlidge a dû se lancer le pari d’écœurer ses lecteurs en en rajoutant ou de les impressionner durablement par des scènes chocs. Pari totalement perdu de mon côté.
De plus, il n’y a aucune subtilité dans la psychologie des personnages qui sont presque des caricatures : le flic qui boit pour oublier son divorce, la journaliste hargneuse, le flic verreux. L’héroïne, Helen Grace, est capitaine et on se demande comment elle a réussi à en arriver là tant ses méthodes d’enquête m’ont fait bondir : elle hurle sur des parents qui viennent de retrouver leur fille après dix jours de captivité pour leur soutirer des infos, elle ne réfléchit jamais et fonce bille en tête même si cela doit ruiner la carrière d’un collègue. En revanche, le nom de la meurtrière lui arrive d’un seul coup, la fin est traitée hâtivement et ne paraît en rien la suite logique de l’enquête. Il est de toute façon difficile de rester focalisé sur cette dernière. Elle est en effet sans arrêt parasitée par des chapitres entiers consacrés à la vie des différents personnages. Distiller les informations pour nous donner envie de les connaître et permettre au lecteur de s’attacher à eux aurait été plus judicieux et aurait canalisé mon attention sur l’intrigue policière.
Une dernière idée mal traitée par l’auteur : l’alternance des points de vue selon les chapitres. Je n’ai rien contre, bien au contraire, mais quelqu’un pourrait-il m’expliquer pourquoi les premières victimes parlent à la première personne du singulier et pas les autres ?
Trop de scènes dont le seul but est de choquer le lecteur, trop de maladresses dans l’intrigue, pas assez de subtilité m’ont empêchée de prendre plaisir à cette lecture.
Une lecture proposée par les éditions Les Escales.
Je pense qu’il y a plus gore que ce roman. Les faiblesses, ficelles, incohérences du roman que j’ai notées moi aussi ont pris toute la place dans ta lecture, ce que je comprends tout à fait. Je suis parvenue à tirer quelques points positifs, notamment l’idée de ce face à face mortel ( cas de conscience puis sentiment de culpabilité).
Je me souviens très bien de ton billet. L’idée de départ du face à face me plaisait également mais je trouve que ce n’est pas exploité, je trouve que les scènes se répètent. Honnêtement, je n’ai rien contre le gore si c’est justifié. ici, j’ai eu seulement l’impression qu’il en faisait des tonnes pour marquer les esprits et ça tombe complètement à plat.
Pas du tout pour moi ça, c’est le genre de roman qui m’a dégoutée des « polars » contemporains 😦
Et c’est bien dommage car il y a de très bons polars contemporains mais je comprends que ça t’ait passé l’envie d’en lire.
Je vais passer ! du sanglant à petites doses pour moi…
Tu peux t’en passer sans aucun problème !!!
Ah ben mince, le pitch de départ était bien alléchant pourtant ! Bon, une tentation de moins, c’est pas plus mal. 😀
Oui, l’idée de départ m’avait bien pu également. Après, je précise que certains lecteurs ont beaucoup aimé.
OK, pas pour moi… Remarque, avec tous les points négatifs sur lesquels on se focalise, ça fait moins peur!
Et le sanguinolent à outrance, ça ne fait pas peur non plus ! Alors que je me suis vue me relever pour vérifier ma porte d’entrée en lisant un Dennis Lehane ! On est loin du compte ici !
Je passe aussi ! Pas mon genre de roman, surtout si c’est écrit à la truelle !
Tu fais bien de passer ta route !
Je passe sans remord d’autant que Belette n’a pas aimé non plus…
Mais j’ai passé un bon moment avec certains passages… 😉 pour le reste, ma Bianca, passe ton tour et gagne du temps de lecture en te consacrant à autre chose.
Comme elle le dit en dessous, ma Belette avait été plus clémente que moi. Mais effectivement, dans l’ensemble, nous te conseillons fortement de lire autre chose !!!
Bon résumé pour certains points, surtout pour la flic qui fonce sans réfléchir et fout tout en l’air.
J’ai eu bon avec les prisonniers, moi, mais j’ai pas trouvé ça trop gore…
Je n’ai trouvé que gore comme appellation pour cette façon d’en rajouter des tonnes dans le côté sanguinolent. Mais ce n’est pas ça qui m’arrête habituellement, là c’est juste très mal écrit et mal amené.
Le coup des asticots !! Mwarf ! Oui, je vois ce que tu veux dire, ajout de trucs pour en faire trop et au final, ça donne l’inverse. Ce n’est pas donné à tous les auteurs d’arriver à faire peur ou d’angoisser les gens avec peu de moyens, de mots… King y arrive.
C’est un très bon exemple Stephen King, pas besoin d’en faire des tonnes pour nous faire frisonner !
Non, même en nous lisant l’annuaire il nous ferait frissonner d’angoisse !
la manie du chapitre court comme antidote au manque total de qualité « thriller-esque » d’un auteur. M’énerve au plus haut point!
C’est tout à fait ça, on fait court pour donner du rythme, rendre le roman haletant. Mais ce n’est pas comme ça que l’on satisfait les lectrices confirmées que nous sommes !
Absolument!! Ce genre d’artifices n’est pas dignes de nous! non mais.
En voilà un qui ne va pas faire grossir ma LAL !
Tant mieux si je peux alléger ta LAL !
On l’a vu partout ce livre, la couverture m’est hyper familière, mais j’adore quand tu t’excites parce que c’est mauvais. Vraiment, j’en ris toute seule. Bon moi déjà les polars, si ça saigne j’ai du mal, mais en plus le gore pour le gore, c’est trop pour moi (tu vois là le coup des asticots à 7h du mat, je me suis sentie fragilette).
Je passe mais j’en ris encore 😉
Je ne m’énerve pas souvent à ce point parce qu’en général je trouve toujours un petit quelque chose à sauver. Mais là, rien à faire ! Rien de pire qu’un mauvais polar, je crois que je suis encore plus exigeante sur les polars que sur la littérature classique. C’est une mécanique de précision. Et tu ne peux pas sortir de ton chapeau à la dernière minute le coupable ! On est pas dans un numéro de prestidigitateur ! Tant mieux si je t’ai amusée en tout cas ! 😉
Bonjour Titine, j’ai lu un billet chez Cuné sur ce roman, cela me confirme que ce roman est une catastrophe. Je passe. Bonne après-midi.
Je ne peux effectivement que te confirmer que tu peux sans aucun problème passer ta route, c’est trop mauvais pour y perdre du temps !
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