L’été s’achève. Dernier jour de congé sur cette plage de l’Atlantique où je viens de passer trois semaines. Ma peau est encore chaude des heures passées à lire sur le sable. Mes cheveux sont rêches, asséchés par les plongées en eau de mer.
Bientôt mon horizon va se rétrécir. Bientôt mon nez ne sera plus caressé par l’odeur des embruns. Il faut plier bagage, rassembler les affaires semées aux quatre coins de la maison de famille. Il faut s’éloigner du large, à défaut de le prendre, pour rejoindre la cohorte morose des voyageurs matinaux du RER B. Il faut oublier le temps qui s’écoule lentement au rythme de mes envies pour retrouver la tonitruance de la sonnerie du réveil, le décompte implacable de mes heures, volées par la badgeuse. Tout ce temps que je passe à gagner ma vie, tout en la perdant, derrière les quatre murs d’un bureau, dans un immeuble anonyme à l’architecture grise.
La valise est bouclée. Sur la desserte de l’entrée, trônent les billets de train comminatoires. Comme à la veille de la rentrée lorsque j’étais enfant, une boule d’angoisse m’étreint. Le même cri qu’alors, inutile et vain, veut sortir de ma bouche : je ne veux pas y aller !
Mais je ne suis plus une petite fille, personne ne va me traîner demain matin jusqu’à l’entrée de mon travail. Je suis toute seule à décider. Et cette fois, ma décision est prise : je reste ici et je démissionne !
J’aime beaucoup l’expression « Tout ce temps que je passe à gagner ma vie, tout en la perdant »
De grosses bises
Merci Stephie, c’est souvent l’impression que j’ai quand je suis au boulot ! Tant de livres à lire, de films à voir, de musées à visiter, j’ai mieux à faire que de bosser ! 😉
Un seul cri : « Noooon, ne pars pas ! ». Merci pour la décision de fin. 🙂
J’aimerais tellement pouvoir faire comme elle !
C’est tellement dur de passer de ce temps de « vacance » à celui, minuté du travail ! Je crois que cette boule d’angoisse ne disparaît jamais…
Tu as raison, je crois aussi que la boule d’angoisse sera toujours le signe de la fin des vacances et qu’il est bien difficile de dire au revoir à la liberté des vacances.
Elle a bien raison!
Oui, elle a raison et j’aimerais faire comme elle !
La chute est excellente ! 😉
Merci ma chère Aspho !
Excellente décision. Je salue son courage de cigale.
J’ai toujours préféré la cigale à la fourmi et j’ai toujours trouvé de La Fontaine était beaucoup trop dur avec elle. Il faut bien profiter de la vie !
oh la courageuse décision! qui n’en a pas eu envie, un jour…
Effectivement, je pense que nous avons tous eu un jour la tentation de rester sur notre lieu de vacances pour envoyer paître notre quotidien.
Tout comme Stéphie! A te lire, je prends conscience de ce qui m’a sans doute amené à inverser la situation; travailler dans une contrée exotique et passer mes vacances à Paris ou dans une grande ville.
C’est vrai que c’est un postulat intéressant, tu n’as du coup que le plaisir de la capitale et pas les agacements du quotidien. C’est une belle solution que tu as trouvée !
J’adore la chute !
Merci beaucoup !
Hé ben je ne m’attendais pas à cette décision ^^ !
Je suis contente si j’ai réussi à te surprendre !
J’aime beaucoup l’accumulation des « il faut ». Les « il faut » c’est tellement faux, rien ne oblige jamais à… Ils sont joliment contrebalancé par « Je suis toute seule à décider ». Joli texte, jolie chute.
Merci beaucoup, tu as raison on s’oblige à faire beaucoup de choses alors que l’on pourrait être beaucoup plus libre.
J’adore la chute ! En quelques mots, tu as réellement su installer l’état d’esprit de la narratrice… Bravo 😉
Merci beaucoup Ellettres, ton commentaire me fait vraiment plaisir !
Ah en ce moment je ferai bien ça.
Si j’avais une maison de famille en bord de mer, je crois bien que je me laisserais tenter !
Je me suis vraiment reconnue au début du texte ! Oui, j’aurais bien aimé arrêter le temps moi aussi, tiens, voire même le changer. Mais bon, c’est une autre histoire ! 😀
De belles expressions « gagner son temps tout en le perdant », oui exactement.
C’est d’autant plus vrai pour toi qui continue à faire la rentrée des classes ! C’est un tel sentiment de liberté et de bonheur lorsque les vacances arrivent et elles passent si vite, si vite…
Mais oui ! Elle a bien raison ! Il faut savoir faire des choix, les assumer pour être heureux ! J’aime beaucoup sa réflexion et sa décision.
Si seulement je pouvais avoir le même courage ! Mais je n’ai pas de maison en bord de mer pour m’abriter… Merci pour ton commentaire !
Je compatis ! J’ai la chance d’aimer mon travail, et j’habite en campagne.
Et je suis toujours ébahie par ceux capables de prendre de telles décisions.
Emotions bien communiquées !
Après, on peut être très heureux aussi à Paris ! Ce qui est pénible c’est l’installation de la routine et un boulot qui ne passionne pas. Merci Adèle !
Hahaha ! J’adore la fin 🙂 J’ai repris depuis trois semaines, et mardi (je n’y vais pas tous les jours), je me suis sentie agressée par le métro, le bruit, les klaxons, les gens qui bousculent… (et je me suis perdue dans le rer jeudi dernier Oo). Je comprends donc ton personnage 😉
Déjà, tu as de la chance de ne pas y aller tous les jours, c’est moins stressant du coup. C’est vrai que le retour en région parisienne peut être pénible. Cette année je suis rentrée en août et c’était agréable car Paris était encore vide. Mais je ne me plains pas, je ne prends pas le RER ! 😉 Merci Estelle !
C’est une décision radicale mais j’en rêve !
Je crois que l’on s’est tous imaginés larguant les amarres et laissant tout tomber.
Sur une île déserte, sans chemise, sans pantalon, le rêve! 😉