Bilan livresque et films de février

février

Les lectures de février m’ont apportée de belles surprises avec la bande-dessinée les « Quatre soeurs » de Cati Baur adaptée des romans de Malika Ferdjoukh, la première partie du diptyque de Evan S. Connell et le premier tome des enquêtes d’Agatha Raisin. Elles ont également confirmé mon envie de continuer à découvrir l’oeuvre de Irène Nemirovsky et celle de Nina Berberova que je n’avais pas lue depuis longtemps. Une seule déception à mon comptoir ce mois-ci : « La ballade et la source » de Rosamond Lehmann.

Les films de février sont un bon cru avec une seule déception : « Ave Cesar !  » :

Mes coups de cœur :

45 ans

Kate (Charlotte Rampling) et Geoff (Tom Courtenay) Mercer s’apprêtent à fêter leur 45ème anniversaire de mariage. Alors qu’ils préparent l’évènement, Geoff reçoit une lettre qui le renvoie à son passé. Le corps de son ancienne compagne a été découvert dans un glacier en Suisse. Celle-ci avait disparu dans les années 60 durant une randonnée en montagne. Geoff est extrêmement perturbé par cette lettre et montre à quel point il a aimé cette femme. Et il n’avait jamais parlé d’elle avec Kate qui a alors l’impression d’avoir été un pis aller. Tous ses souvenirs sonnent alors faux. Le doute, la douleur s’insinuent irrémédiablement dans le cœur de Kate. Les deux interprètes sont extraordinaires, tout en subtilité, en silences qui en disent long sur l’avenir du couple. « 45 ans » est un film à la cruauté discrète, sur l’effondrement d’un couple.

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Pendant la dictature argentine, Arquimedes Puccio aidait le pouvoir et les services de renseignement. Une fois la démocratie en place, il continue ses exactions en kidnappant de riches personnes contre rançon mirobolante de leurs familles. Il se fait aider par sa famille et notamment par son fils Alejandro, star du rugby. Le problème, c’est que chaque enlèvement se termine en exécution. Cette histoire est basée sur un fait divers réel. La famille  Puccio vit au milieu des cris des personnes kidnappées sans que cela ne les perturbe. Seul un fils choisit d’abandonner le navire. A aucun moment, Aquimedes Puccio n’a de remords, il deviendra même avocat en prison ! Le personnage cynique, joué magnifiquement par Guillermo Francella, fascine sa famille par son charisme et son histoire est proprement étonnante.

Et sinon :

  • Spotlight de Tom McCarthy : En 2001 à Boston, l’équipe de journalistes « Spotlight » met au jour un énorme scandale : pendant des décennies l’Église catholique a couvert des prêtres pédophiles. Le film est un hommage au journalisme d’investigation à la manière des « Hommes du président » de Pakula. Ce que l’on voit à l’écran, c’est le travail de recherche, le recoupement minutieux des infos, l’écoute des victimes et l’enquête approfondie se fait sur plusieurs mois. C’est sans doute également une critique sur la manière dont les scoups doivent se succéder aujourd’hui. Le film classique et efficace est servi par un casting trois étoiles : Michael Keaton, Marc Ruffalo, Rachel McAdams et Liev Schreider.
  • Les chevaliers blancs de Joachim Lafosse : Jacques Arnault (Vincent Lindon) et son ONG veulent évacuer 300 orphelins d’Afrique pour la France où des familles les attendent pour les adopter. Mais cela se fait sans que les chefs de villages  ne soient au courant, Jacques et son équipe leur font croire qu’ils prennent les enfants uniquement pour les soigner et leur offrir une éducation. Le film de Joachim Lafosse s’inspire de l’affaire de l’arche de Zoé et son intérêt  est son ambiguïté. Jacques est-il un grand naïf prêt à tout pour sauver des enfants ou est-il un cynique qui achète des enfants ? Vincent Lindon est comme toujours parfait dans ce personnage trouble.
  • Béliers de Grimur Hakonarson : En Islande, dans un village reculé, deux frères habitent côte à côte et élèvent des moutons. Mais voilà quarante ans qu’ils ne s’adressent plus la parole. Tous deux se partagent les prix des meilleurs béliers. Tout change lorsque l’une des bêtes tombe malade. Tous les troupeaux de la région doivent alors être abattus. Les paysages sont froids, rudes et les rapports entre les hommes sont du même acabit. La seule tendresse présente est pour les animaux qui sont toute la vie de leurs éleveurs. Les deux frères ennemis ont plus de points commun qu’ils ne le pensent et c’est leur humanité qui finira par l’emporter. La scène finale est sans aucun doute la plus émouvante que j’ai vue depuis le début de l’année.
  • Anomalisa de Charlie Kauffman et Duke Johnson : Michael Stone doit participer à un congrès. Dans sa chambre d’hôtel, il tourne en rond. Le cœur n’y est pas, la cinquantaine venue, Michael semble s’ennuyer alors qu’il est reconnu dans son travail et qu’il a une famille. Il tente d’occuper sa soirée en recontactant une ex mais cela tourne au désastre. C’est alors qu’il rencontre deux jeunes femmes venues assister à sa conférence. L’une d’elle fera renaître l’espoir chez Michael. « Anomalisa » est un film d’animation sur la désespérance, l’ennui de nos sociétés modernes. Malgré le trop plein matériel, nous peinons à trouver un sens à nos existences. Le constat est noir mais la lumineuse Lisa apportera quelques moments d’espoir.
  • Ave César ! de Joel et Ethan Coen : Sur le tournage d’un péplum, c’est l’effarement, leur star (George Clooney) a été kidnappée. Il revient à l’homme de main des studios (Josh Brolin) de régler le problème. Le dernier film des frères Coen peut être considéré comme mineur. Trop de personnages, trop de sujets, l’intrigue manque singulièrement de fil rouge. « Ave Cesar ! » est un hommage au cinéma des années 50, à ses différents genres. Certains moments sont d’ailleurs très drôles (Alden Ehrenreich, acteur de western, que l’on fait tourner dans un film plus sérieux) ou très réussis (la scène de claquettes de Channing Tatum sous l’influence de Gene Kelly). Malheureusement, toutes ces scènes mises bout à bout ne constituent pas un film.

19 réflexions sur “Bilan livresque et films de février

  1. Je viens d’emprunter le tome 1 des Quatre sœurs, à force de les voir sur les blogs, ces BD m’intriguent 😉
    J’ai lu ton billet sur le roman d’Irene Nemirowski et il a l’air terrible, c’est un auteur que je ne connais pas encore…

  2. J’ai lu les deux premiers tomes des 4 sœurs en BD, il me reste à me procurer le troisième. J’ai vu « 45 ans », « Spotlght » et « Béliers » que j’ai aimés aussi. D’ailleurs en film islandais je peux te conseiller aussi « l’histoire du géant timide » vu et hier et apprécié également.

    • Moi aussi, j’attends le 3ème tome des Quatre soeurs ! J’ai noté « L’histoire du géant timide » mais je crois que je vais avoir du mal à le voir, il ne doit déjà plus être beaucoup distribué.

  3. Bon, et bien, c’était plutôt un chouette mois au niveau des découvertes culturelles ! J’espère que le mois de mars sera au moins aussi riche 🙂
    J’ai bien envie de lire Mrs Bridge. Tu savais que James Ivory l’avait adapté au cinéma avec Paul Newman et Joanne Woodward ? Mais je ne suis pas sûre que ce film ait très bonne réputation …

    • Grâce à toi, j’ai découvert les Quatre soeurs et Agatha Raisin, merci ! Je peux te prêter Mrs Bridge si tu veux. Je ne connaissais pas le film mais ce que tu m’en dis ne me donne pas très envie !!!

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