Lors d’une soirée, le narrateur, un scénariste hollywoodien à succès, sort prendre l’air sur une terrasse donnant sur la plage. C’est de là qu’il voit une jeune femme ivre se diriger avec détermination vers la mer. Elle s’y enfonce dangereusement et le narrateur se précipite pour la secourir. Suicide ? Bain de minuit trop arrosé ? Difficile de savoir ce que la jeune femme voulait réellement faire. Deux jours plus tard, elle contacte le narrateur pour le remercier, le revoir. Il est surpris de son appel mais sent qu’un lien s’est créé entre eux lors de la fameuse nuit : « En lui sauvant la vie, j’avais, je le constatais, accompli un acte intime, et une sorte de relation s’était créée entre nous à la suite de cet évènement. Elle s’était étranglée en recrachant de l’eau de mer ; elle s’était trouvée là, devant moi, à nu, sans la moindre affectation, en train de vomir ; elle avait été comme ça, dans mes bras, avant que j’aie pu la connaître, avant de lui avoir parlé. A cet instant, il n’y avait eu rien d’autre entre nous, aucune autre émotion. » Un premier rendez-vous, un deuxième, l’engrenage vers le drame se met en place.
Alfred Hayes était un romancier, un scénariste et comme son personnage, il travailla à Hollywood. « Une jolie fille comme ça » est un roman noir dans le Los Angeles des années 50. L’ambiance est sombre, crépusculaire. Les deux personnages, qui resteront anonymes, semblent absolument sans illusion sur la vie, l’amour. Ils ne paraissent pas se plaire plus que ça. Le narrateur trouve la jeune femme belle mais n’est pas attiré par elle. Il est lui-même marié, sa femme vit à New York. Et pourtant, une relation se noue, ils sortent ensemble. Le désir est triste dans ce roman d’Alfred Hayes. L’envie, le plaisir ne sont pas au programme dans la vie de ces deux-là. La lassitude, l’ennui les poussent dans les bras l’un de l’autre. Les deux personnages sont rapidement pris au piège de cette histoire et leurs sentiments sont disséqués par l’auteur. C’est presque sur un ton froid, clinique que Alfred Hayes nous décrit cette relation vouée à l’échec et à la tragédie. Tout semble écrit d’avance, le poids de la fatalité pèse sur la destinée de la jeune femme dévorée, comme tant d’autres, par l’ogre hollywoodien.
« Une jolie fille comme ça » est une belle redécouverte à l’atmosphère venimeuse et désabusée qui nous rappelle l’univers de Raymond Chandler et des films noirs des années 50.
ça m’a l’air très déprimant! ton avis donne envie, malgré tout!
C’est sûre que ce n’est pas une lecture très joyeuse, c’est sombre et pessimiste. Malgré ça, je t’ai donné envie de le lire, je suis contente !
Je ne connaissais pas! ça a l’air assez triste, mais ça me fait envie 🙂
La couverture m’avait tapé dans l’oeil à sa sortie et j’adore les romans noirs ! Je ne pouvais donc pas passer à côté !
Rien que pour l’ambiance, je me lancerais bien dans cette lecture.
L’ambiance est ce qui fait tout l’intérêt du roman je trouve.
Figure de aussi dans ma liste. Je crois que je vais lui faire gagner quelques places. Merci pour cette présentation.
Si vous aimez les romans noirs, vous devriez vous régaler !
Ca a l’air vraiment chouette. Il n’en a jamais fait un film ?
Pas à ma connaissance mais le roman est très cinématographique, on imagine très bien ce que cela aurait pu donner.
Pingback: C’en est fini de moi de Alfred Hayes | Plaisirs à cultiver