Les jonquilles de Green Park

9782221192191

Londres, 1940. Tommy Bratford, sa sœur Jenny et ses parents tentent de vivre le plus normalement possible malgré les bombes et les ruines qui s’accumulent dans la ville. La mère travaille dans une usine de fabrication d’ampoules pendant que le père met au point des inventions fantasques. La dernière en date est une sorte d’armure-moyen de locomotion en forme de tatou. Jenny veut s’engager comme volontaire à l’hôpital, pas tellement pour aider ses concitoyens mais pour voir Clark Gable qui y passerait régulièrement. Tommy a 13 ans et il rêve de devenir écrivain. Il écrit déjà des nouvelles aventures pour Buck Rogers, un de ses héros préférés. Comme tous les garçons de son âge, ils jouent avec sa bande de copains, se mesurent aux petites frappes du coin et surtout tombe amoureux de la belle Mila Jacobson. Une alerte à la bombe, les entraînant tous dans les sous-sols de Lord Papoum, permet à Tommy de se rapprocher d’elle. Celle-ci lui avoue que ce qui la fait tenir durant ses moments difficiles, c’est l’espoir de revoir les jonquilles de Green Park en avril, lorsqu’elles se dressent « belles et fières (…) ». Tommy se jure alors de les voir à ses côtés.

Après « Aide-moi si tu peux » et son policier nostalgique des années 80, Jérôme Attal change complètement d’atmosphère et nous entraîne dans le quotidien des habitants de Londres au moment du Blitz. L’angle de vue choisi, le regard d’un adolescent et son quotidien, ne l’empêche pas de montrer l’horreur de la guerre. Les enfants, pour se repérer dans la ville sinistrée, comptent les cratères et rencontrent à cette occasion la photographe Lee Miller. Winston Churchill est à leurs yeux un super-héros qui les défend contre l’ennemi. Les monceaux de vêtements, de détritus amoncelés et sortis des immeubles en ruines, deviennent un possible terrain de jeu. Les aventures de Tommy, les inventions farfelues de son père sont autant de trouvailles qui poétisent et éloignent pour un temps le conflit.

Mais le véritable sujet de Jérôme Attal est ailleurs et il est au cœur de son œuvre. Ce thème récurrent c’est l’enfance, sa préservation, la protection et l’amour d’une famille. Chaque livre de Jérôme Attal ravive cette période de notre vie : « J’avais l’âge d’être un homme et pourtant je ne désirais qu’une chose : rester môme le plus longtemps possible parce que, j’en étais certain, il n’y avait pas de plus grand bonheur que d’avoir un chez-soi et d’être dans sa chambre, et que votre mère vienne vous border et qu’elle vous autorise à lire une dernière page de votre BD de Superman, et qu’ensuite elle revienne vous border. Tout le monde devrait avoir une mère et un chez-soi. » 

Comme dans chacun de ses livres, Jérôme Attal traite avec poésie et tendresse de son rapport à l’enfance. Tommy Bratford se voit forcer de grandir rapidement sous la pluie de bombes qui s’abat sur Londres mais son âme reste celui d’un enfant rêveur. Un joli moment de lecture comme toujours avec Jérôme Attal.

Merci aux éditions Robert Laffont pour cette lecture.

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30 réflexions sur “Les jonquilles de Green Park

  1. Même s’il était sur tous les blogs, je n’avais pas particulièrement été attirée par son précédent roman. Celui-là, en revanche, me tente beaucoup. C’est probablement à cause de la période historique ! 🙂

    • Ce qui est bien avec Jérôme Attal, c’est que ses romans ne se ressemblent pas et que les univers sont très différents. Du coup, tu arrives forcément à trouver une thématique qui te parle.

  2. J’avais été déçue par son précédent que je trouvais « peut mieux faire » donc je n’ai pas demandé celui-ci mais je lui donnerai une seconde chance, c’est sûr, il a du potentiel ! Quand il aura digéré son enfance, peut-être !!! 😆

    • Je me souviens que tu avais été mitigée sur le précédent. Mais non, il ne faut surtout pas qu’il digère son enfance, c’est ce qui me touche chez lui ! De là à dire que je n’ai pas non plus digéré la mienne… 😉

      • Hi hi Tine ! Je pense que nous ne la « digérons » jamais tout à fait, ! Je me suis mal exprimée, la digérer ne veut pas dire l’oublier ou perdre la part d’enfance qui vit toujours en chacun de nous mais plutôt la « dépasser » et transcender le tout ! Il commence , il va y arriver j’en suis sûre ! 😆 En même temps je ne suis pas son psy ! 😆

  3. Pingback: Les jonquilles de Green Park – Jérôme Attal | 22h05 rue des Dames

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