On peut dire que mon mois de mai littéraire fut éclectique puisque je suis passée d’une prison en Italie (très belle découverte que ce roman de Francesca Melandri), au Brooklyn du début du 20ème siècle dans un classique de la littérature américaine, pour ensuite suivre la fuite vers la liberté de Françoise Frenkel à travers la France de la seconde guerre mondiale et enfin me fixer à Londres aux côtés de Frederick Troy. J’ai pu enfin lire le quatrième tome de la formidable bande-dessinée de Cecil et Brunschwig consacrée à Sherlock Holmes. Mais trop de temps entre chaque volume gâche le plaisir et il m’a été très difficile de me remettre dans l’histoire.
Du côté du cinéma, beaucoup de bons films mais pas vraiment de coup de coeur. Si je ne devais en garder qu’un, ça serait quand même celui-ci :
Julieta prépare ses cartons, elle déménage au Portugal avec son compagnon. Elle semble heureuse de quitter Madrid. Mais tout va changer après une rencontre dans la rue. Julieta croise dans la rue l’amie d’enfance de sa fille qui lui donne des nouvelles de cette dernière. On découvre alors que Julieta n’a pas revu son enfant depuis de très nombreuses années et n’a pas non plus de nouvelles. Elle décide alors de rester à Madrid et de se réinstaller dans l’immeuble où elle a vu sa fille pour la dernière fois. Padro Almodovar adapte Alice Munro et réalise un film très touchant sur la culpabilité. L’histoire de Julieta et de sa fille est emprunt de tristesse, de mélancolie et semble démontrer que la vie n’est qu’une suite de perte. Les deux actrices qui incarnent Julieta à des âges différents sont particulièrement émouvantes et d’une grande sobriété de jeu, on est loin de l’exubérance des premiers films du réalisateur. « Julieta » est film très hitchcockien avec sa longue scène dans un train et la superbe scène où l’on change d’actrice pour incarner le personnage principal.
Et sinon :
- Café society de Woody Allen : Bobby quitte sa famille new-yorkaise pour tenter sa chance à Hollywood auprès de son oncle qui dirige une agence de stars. C’est là qu’il rencontre et tombe amoureux de Vonnie, mystérieuse et fascinante assistante de son oncle. Ils discutent beaucoup, vont dans des clubs de jazz mais Vonnie considère Bobby comme un ami. Et pour cause, elle est elle-même amoureuse d’un homme marié. Les années 30, des clubs de jazz, un jeune new-yorkais touchant et maladroit, « Café society » est un condensé de l’univers de Woody Allen. L’ambiance des années 30 est formidablement bien rendue et fait pétiller les yeux du spectateur. Le casting est particulièrement réussi avec Steve Carell, Kristen Stewart et Jesse Eisenberg qui est un alter-ego particulièrement troublant. L’histoire d’amour contrariée est néanmoins un peu convenue.
- The nice guys de Shane Black : Los Angeles dans les années 70, deux détectives sont sur une même enquête : retrouver une jeune femme contestataire. L’un est un vieux briscard qui n’est pas avare en baffes et l’autre est un papa gâteau particulièrement maladroit. Un duo classique qui allie les contraires et provoque des situations cocasses. L’intrigue est amusante puisqu’il s’agit d’un groupe écolo qui a tourné un film porno pour diffuser son message et dénoncer le gouvernement en place. Les deux acteurs sont la grande attraction du film : Russell Crowe est massif, désenchanté tandis que Ryan Gosling joue avec son image et surtout fait le clown. La comédie va bien à ces deux-là.
- Dalton Trumbo de Jay Roach : Dalton Trumbo est un scénariste prisé de Hollywood. Malheureusement pour lui, il est communiste et est victime de la chasse aux sorcières de MacCarthy. Il est empêché d’exercer son métier et fait même de la prison. Mais Dalton Trumbo refuse de baisser les bras et il se met à travailler dans l’ombre avec des pseudonymes. Il fournit des scénarios à la pelle pour une maison de production de nanars. Mais il obtient également deux oscars pour les scénarios de « Vacances romaines et « Les clameurs se sont tues ». Le film reconstitue parfaitement cette époque et l’ambiance délétère engendrée par le sénateur MacCarthy. Mais il vaut surtout pour la performance de Bryan Cranston qui montre à nouveau la vaste palette de son talent. Le film, qui dure 124 mn, aurait vraiment gagné à être raccourci. La fin semble assez interminable.
- Les habitants de Raymond Depardon : Pendant plusieurs mois, Raymond Depardon s’est baladé sur les routes de France pour en écouter les habitants. Il installe deux passants dans sa caravane et les laisse poursuivre leur conversation devant la caméra. Les sujets abordés sont très divers et vont du futile (les filles à draguer) au plus tragique (une mère qui veut empêcher son fils de sombrer dans la drogue). Ce sont les femmes qui sortent du lot, elles sont fortes, fragiles mais toujours volontaires et regardant vers l’avant. Mais, malgré mon admiration pour le travail de Raymond Depardon, je suis restée perplexe quant au message qu’il tentait de nous donner.L’échantillon sociologique me semble également étroit et pas représentatif de la diversité française.
Hé, un bon mois ! Maintenant, cap sur l’anglais ! Sans devoir me chaperonner ! 😉
Heureusement que je ne participe pas au moins anglais, je n’aurais pas eu le temps de m’y préparer correctement !!!
Tu as déjà beaucoup de fiches pour le mois anglais ??
Il faut vraiment que j’aille voir Julieta, pas encore eu le temps (et avec les grèves de transport, et les inondations, pas facile en ce moment d’organiser des sorties) mais je ne veux surtout pas le manquer
J’espère que tu l’aimeras autant que moi. Je n’avais pas vu le précédent film d’Almodovar mais celui-ci est dans la veine des meilleurs.
Comme toi, c’est Julieta que je garde en mémoire.
Oui, c’est vraiment un excellent film.