A Enniscorthy, dans le comté de Wexford, Nora Webster vient de perdre son mari Maurice. Celui-ci était un enseignant très apprécié, compétent et également politisé (il était membre du Fianna Fail). Nora se retrouve veuve à 46 ans avec ses quatre enfants : Fiona, Aine, Donal et Conor. Son insouciante et libre vie de femme mariée est terminée. Nora doit maintenant faire face seule aux dépenses, à l’éducation des enfants et aux regards de ses voisins qui sont, certes, bienveillants mais néanmoins très intrusifs.
Le résumé du dernier roman de l’Irlandais Colm Toibin pourrait même se réduire à quelques mots : la renaissance d’une femme. A partir de cette idée simple, l’auteur développe un magnifique et sensible portrait de femme. Le début du roman commence à la fin des années 60 et se termine en 1972 après le Bloody Sunday. C’est un tournant sociétal et historique pour l’Irlande. Le récit de la nouvelle vie de Nora Webster s’inscrit dans ce cadre. Connue dans tout le village de Enniscorthy en raison de la position de son mari, Nora reçoit énormément de visites après le décès de ce dernier, chacun s’empresse auprès de la veuve. Elle n’aspire pourtant qu’au calme et à la solitude. « A l’avenir, avec un peu de chance, elle aurait moins de visites. A l’avenir, quand les garçons seraient couchés, elle aurait plus souvent la maison pour elle. Elle apprendrait comment occuper ces heures. Dans la paix des soirées d’hiver, elle réfléchirait à la façon dont elle pourrait s’y prendre pour vivre désormais. » Et c’est ce que le roman nous montre, comment petit à petit Nora Webster prend en main sa vie au quotidien. Les débuts sont difficiles, elle doit vendre la maison de vacances de Cush, se remettre à travailler, ce qu’elle n’avait pas fait depuis 21 ans. L’acquisition de son indépendance passe par de petites choses, des petits changements qui peuvent déconcerter son entourage : une nouvelle teinture de cheveux, une nouvelle robe, participer à un club musical, prendre des cours de chant. Et surtout, Nora suit son instinct, notamment pour l’éducation des enfants. Contrairement à ce qu’on lui conseille, elle essaie de ne pas trop intervenir dans leurs vies, de les laisser libres d’exprimer leur chagrin comme bon leur semble. Elle ne veut surtout pas reproduire l’éducation stricte et rigide qu’elle même a reçue. Et c’est grâce à ces petits riens que Nora Webster réapprend à vivre.
Le roman de Colm Toibin est le récit du quotidien d’une veuve, une femme ordinaire sublimée par l’écriture délicate et lumineuse de l’auteur. Par petites touches, il nous dévoile les sentiments, les questionnements de Nora qui apprend, dans une Irlande tourmentée, à ne plus simplement être « la femme de… ».
Merci aux éditions Robert Laffont pour cette très belle lecture.
Hâte de le découvrir à mon tour !
J’espère que tu l’apprécieras autant que moi !
Très tentant ! Je le note.
Excellente idée !
Je viens de le commencer 🙂 Belle chronique !
Merci beaucoup ! J’espère que tu apprécies ta lecture en cours !
Je me régale !
Une de mes prochaines lectures. Nous sommes apparemment ici davantage dans la lignée de Brooklyn que du dernier livre de l’auteur.
Oui, c’est tout à fait ça, l’esprit est plus proche de « Brooklyn » et il est d’ailleurs question de l’héroïne au début de « Nora Webster ».
C’est marrant, je ne te sens pas très enthousiaste avec cette lecture, malgré tes points positifs, notamment sur la qualité de l’écriture.
Ah mince, pourtant je le suis et je te recommande avec enthousiasme la lecture de ce roman ! 😉
Je n’ai pas encore lu cet auteur, et ce roman semble très tentant !
Si tu n’as jamais lu Colm Toibin, je te conseille de commencer par « Brooklyn » qui est vraiment un excellent roman. Tu pourras ensuite voir le film si ce n’est déjà fait car il est également très réussi.
De lui je dois lire Brooklyn… 😉
Je ne peux que t’encourager à le faire car c’est un très, très beau roman.
N’y aurait-il pas un mois américain de ces jours-ci ???? 😀
Tu me donnes envie de le découvrir, je note !
Merci Ariane ! Mon billet a atteint son but alors !
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