Novembre a été pourvoyeur de bonnes voire d’excellentes lectures. Sous les feuilles de l’automne, j’ai déniché une formidable odyssée de lapins qui est devenu un grand coup de cœur. Je réitère donc ici mon conseil : lisez « Watership down » ! Grâce au blogoclub de Sylire, j’ai enfin découvert un roman dont j’avais lu beaucoup d’excellentes critiques : « L’amie prodigieuse » de Elena Ferrante et je me joins au concert de louanges de mes petits camarades de la blogosphère. A venir, mes avis sur « Une autre saison comme le printemps » de Pierre Pelot qui a été réédité chez les éditions Héloïse d’Ormesson et sur « Les vies de papier » de Rabih Alameddine qui a reçu le prix Femina étranger.
Les films de novembre furent également de très hautes tenues et j’ai eu du mal à choisir mes coups de cœur :
Daniel Blake est un charpentier veuf à Newcastle. Après une crise cardiaque, les médecins lui interdisent de travailler. Mais la plateforme de sécurité sociale locale n’est pas du même avis. Après un questionnaire ubuesque, Daniel est reconnu apte au travail et il ne peut toucher de pension d’invalidité. Il va donc essayer de toucher le chômage en prouvant qu’il cherche un travail qu’il ne pourra pas exercer vu son état de santé. Au pôle emploi, il rencontre Katie, une mère de famille tout aussi démunie devant le système et qu’il va tenter d’aider. Depuis toujours Ken Loach s’attache à montrer le quotidien des plus démunis, de la classe ouvrière si méprisée et oubliée. Ce dernier film m’a semblé beaucoup plus amer que les autres, il sonne presque comme un constat d’échec : rien ne bouge, pire la situation s’aggrave. Daniel et Katie sont confrontés à un système toujours plus absurde et déshumanisé. L’humour et l’entre-aide sont toujours présents mais c’est la noirceur qui l’emporte. La misère sociale s’aggrave, la scène de la banque alimentaire en est un exemple terrible. Ken Loach est en colère et il a effectivement toutes les raisons de l’être. Encore une fois, son scénario est servi par de formidables acteurs : Hayley Squires et Dave Johns qui est un acteur comique réputé en Angleterre.
Louise rate le dernier train de la saison et est obligé de rester en bord de mer où elle possède une maison. La ville s’est entièrement vidée et la voilà totalement seule. Elle espère au début que les autres habitants vont penser à elle et revenir la chercher. Mais non, elle est bel et bien seule. Au bout d’un certain temps, elle décide de se construire une petite bicoque en bord de mer. Elle y trouve un chien qu’elle appelle Pépère et qui devient le compagnon de ses balades quotidiennes. Louise explore son bord de mer, fait ses courses aux Galeries Lafayette, fait pousser un potager et repense à ses souvenirs d’enfance. Louise profite du calme, de la solitude. Ce film est un bonheur de délicatesse, de douceur rendue par un dessin pastel magnifique. Louise vit comme Robinson Crusoé, elle est totalement libre. Elle est nostalgique, joyeuse, curieuse et facétieuse. Louise se laisse porter par les flots, par les souvenirs, par ses forces. Et c’est un réel plaisir de la voir évoluer sur l’écran.
Icare, surnommé Courgette, vit avec sa mère qui passe son temps à boire de la bière et à s’abrutir devant la télévision. Cette dernière fait une terrible chute dans l’escalier et Courgette devient orphelin. Il atterrit dans un foyer où d’autres enfants ont connu également des débuts difficiles dans la vie. Courgette y apprendra que les copains peuvent aussi former une famille. Ce charmant film d’animation a été réalisé en stop motion durant deux ans. Le scénario est de Céline Sciamma qui s’intéresse beaucoup à l’enfance et en parle merveilleusement bien. A travers ces marionnettes, elle parle de violences, de maltraitances, d’abandon. Mais le film n’est absolument pas sombre ou glauque. C’est l’optimisme qui domine, les enfants montrent leur capacité de résilience et les pouvoirs réparateurs de l’amitié. « Ma vie de Courgette » est un film très tendre et très attachant.
Et sinon :
- Captain fantastic de Matt Ross : Ben vit avec ses six enfants dans une cabane au milieu des bois. Les enfants apprennent à se battre, à chasser, à cultiver des plantes mais ils reçoivent également une éducation scolaire poussée. Cette vie en autarcie, loin de la société de consommation dénoncée par leur père, est brusquement interrompue par la mort de leur mère qui était hospitalisée en raison de sa bipolarité. La famille va devoir confronter ses principes à ceux du reste de la famille et découvrir un monde consumériste bien loin de leurs habitudes. Le film pose la question des convictions, de l’idéalisme et de la manière dont cela se répercute sur les enfants. Viggo Mortensen est absolument sensationnel (comme d’habitude me direz-vous !) dans le rôle de ce père qui rêve d’un monde meilleur et plus authentique pour ses enfants.
- Sing Street de John Carney : Conor vit à Dublin. Ses parents ne s’entendent plus, ils ont des problèmes d’argent. Conor est obligé de changer de lycée et a du mal à s’y adapter. En face de son nouvel établissement, il croise la route d’une charmante jeune femme, tout juste plus âgée que lui. Il en tombe amoureux et pour la séduire il décide de monter un groupe de rock. « Sing street » est un récit initiatique fort sympathique, plein d’énergie et plein d’humour (les changements de style vestimentaire du groupe sont cocasses ; le grand frère de Conor est une sorte de Tanguy ébouriffé et passionné de musique). La fin est un peu mièvre mais dans l’ensemble c’est un petit film tout à fait divertissant.
- Tour de France de Rachid Djaïdani : Farouk, un jeune rappeur parisien, se retrouve en conflit avec un concurrent. Ce dernier utilise plus facilement les armes que les mots et Farouk est obligé de se faire oublier. Pour ce faire, il devient le chauffeur de Serge, le père de son producteur. Serge est un ancien ouvrier, bourru et raciste. Il est devenu peintre du dimanche et souhaite faire le tour des ports de France pour reproduire les tableaux de Joseph Vernet. Les premiers temps sont électriques, tendus. Mais au fur et à mesure du voyage les opposés se découvrent, se rapprochent. L’idée du film est simple : si l’on apprend à se connaître, les barrières tombent et le racisme s’efface. C’est sans doute un peu naïf mais un peu d’optimisme et de générosité ça ne fait pas de mal ! Gérard Depardieu est égal à lui-même, un ogre qui dévore l’écran, mais face à lui le rappeur Sadek fait le poids. Le film de Rachid Djaïdani est un peu répétitif mais il est surtout bourré d’humanisme.
Il faut que je lise le Ferrante moi aussi, et j’attends ton avis sur « Les vies de papier ».
Le Ferrante est vraiment très bon et je vais publier avant la fin de la semaine mon billet sur « Les vies de papier ».
Je viens juste de découvrir que Les vies de papier est à la bibli (ils n’ont pas de listes de nouveautés…)(aux lecteurs de scruter)
C’est dommage qu’ils ne mettent pas en avant les nouveautés dans ta bibliothèque. J’ai trouvé que « Les vies de papier » était un très beau et émouvant portrait de femme.
Mais si, il y a les présentoirs, où je fais de belles découvertes! Mais ils ont reçu vraiment plein de bouquins, alors si c’est emprunté en permanence puis rangé ensuite, je ne sais pas qu’ils l’ont. Heureusement les blogs sont là pour me remémorer les livres, et après je cherche dans le catalogue en ligne.
J’ai moi aussi beaucoup aimé Daniel Blake. Par contre, pas Captain Fantastic qui m’a agacée.
C’est dommage pour Captain Fantastic, j’ai vraiment beaucoup apprécié la performance des acteurs.
J’ai trouvé Moi Daniel Blake très intéressant, Sing street sympathique. J’ai adoré Captain fantastic, mais mon coup de coeur reste Louise en hiver, j’adore les films de JF Laguionie et son dernier film est un vrai petit bijoux!
Nous sommes donc d’accord sur ces films de novembre !!! Oui Louise en hiver est vraiment une grande réussite et le dessin est superbe.
J’ai beaucoup aimé « Daniel Blake ». Je n’ai pas vu les autres films.
Je partage bien entendu ton avis sur « Une amie prodigieuse ».
Ken Loach c’est une valeur sûre, quoiqu’il arrive je sais que je vais voir un film fort et touchant.