Jeanine, retraitée de l’Éducation Nationale en Loire-Atlantique, aime les rencontres. C’est en marchant, en allant au Super U pour faire ses courses, qu’elle fait la connaissance de Moussa, un demandeur d’asile syrien, Alvirah, une vieille algérienne, Kareski, un jeune homme d’Europe de l’Est, Sarah, une jeune camionneuse et bien d’autres encore. Jeanine les héberge dans l’ancienne chambre de sa fille, leur propose de les aider à apprendre le français, à faire des démarches administratives, les invite à boire un café. Malheureusement pour elle, ses rencontres s’avèrent éphémères et finissent mal comme avec Kareski qui termine son périple en région nantaise derrière les barreaux. Malgré les déceptions, l’amertume, Jeanine ne baisse pas les bras et continue à aller vers les autres. Modestement, humblement, Jeanine cultive sa part sensible, les petits riens qui construisent le quotidien. Discrètement, elle a choisi d’abandonner toute prétention sociale pour garder sa part de liberté.
« Qu’est-ce qu’une vie réussie ? » se demande le post-it collé sur le frigo de Jeanine et c’est certainement la question que s’est posée sa fille, Blandine Rinkel, avant l’écriture de son premier livre. Ce qu’elle découvre en faisant le portrait de sa mère est la chose suivante : « Un dernier mot sur le mérite et la confiance : depuis que j’écris ces pages s’accroît ma toute banale conviction que chaque vie, même et surtout la plus anodine en apparence, vaut d’être écrite et pensée ; chacun de ceux qui ont honnêtement traversé ce monde est digne qu’on lui construise, à tout le moins rétrospectivement, une destinée, et non seulement car celle-ci confère du poids aux gestes, mais aussi parce qu’elle renseigne sur la manière dont chacun, mis en confiance, peut être aimé. Il nous faudrait écrire un livre sur chacun de nos proches, pour apprendre, au gré des pages, combien, comment nous les aimons. » En de courts chapitres, elle peint le portrait de sa mère. Blandine Rinkel souligne avec humour et tendresse les travers de cette femme divorcée, à la retraite et un peu seule. Jeanine est parfois un peu ridicule de naïveté dans ses élans de générosité. C’est également une femme au manque de confiance en soi patent qui lui vient de son enfance rurale et qui sera un empêchement, une gêne sociale. Mais Jeanine a su faire de ce défaut une force, elle l’a contourné pour s’exprimer différemment, privilégiant ainsi les relations humaines à la réussite sociale.
« L’abandon des prétentions » est un premier livre particulièrement réussi rendant un vibrant et tendre hommage à Jeanine, la mère de l’auteur. Remarquablement et finement écrit, le dernier chapitre fait montre d’une belle et sensible humanité.
Je ne serais pas allée spontanément vers ce genre de livre, mais pourquoi pas.
Malheureusement, on à pas beaucoup parlé de ce livre et c’est dommage car c’est un premier roman remarquable.
Je suis ravie qu’il t’ait autant plu !
Merci à toi de me l’avoir offert !