L’effervescence était palpable dans le local de campagne de François Roudot. Les affiches de campagne allaient être livrées ce matin. François avait choisi une équipe de photographes loin du monde politique. Il souhaitait insuffler de la fraîcheur, de l’originalité. Il faut dire qu’ils étaient dix-sept candidats à se présenter dans sa circonscription. Et pourtant, il se présentait dans une zone rurale. Du grand n’importe quoi, comment les électeurs pouvaient-ils faire le tri ? François et ses collaborateurs attendaient beaucoup de la campagne d’affichage.
Les affiches furent livrées vers 11h. François réunit tout le monde dans son bureau. Il avait même prévu du champagne et quelques petits fours. Il fallait marquer les temps forts de sa campagne et en profiter pour remercier ceux qui travaillaient avec lui. C’est donc avec excitation qu’il déroula la première affiche et avec stupeur qu’il la regarda. Mais qu’est-ce que c’était que ça ? Une blague ? Oui, c’était forcément une plaisanterie. Frénétiquement, François se mit à ouvrir les autres rouleaux d’affiches. Il fallait se rendre à l’évidence, elles étaient toutes identiques à la première : une main ouverte, remplie de terre. Voilà ce qui devait illustrer sa campagne… Et son visage ? Il était où son visage ?
Rouge de colère, François fit sortir tout son staff de son bureau. Il se jeta sur son téléphone pour incendier le photographe responsable de ce désastre. Ce dernier ne comprenait pas la colère de son client qui lui avait bien demandé une photo qui permettrait de se démarquer. François avait même insisté sur la dimension authentique de la photo. Cette main était un signe évident de fraternité, d’ouverture vers l’autre. Et la terre symbolisait bien les préoccupations des futurs électeurs, elle soulignait aussi l’attachement au terroir de François. Non, vraiment, le photographe ne voyait pas où était le problème. François raccrocha le combiné avec dépit. Il calculait mentalement ce que refaire faire les affiches lui coûterait. Il n’avait malheureusement ni les moyens ni le temps pour recommencer. Cette photo allait le ridiculiser. Il était fini.
Résultats du deuxième tour des législatives : François Roudot fut élu avec 54% des voix et sa campagne de communication fut largement et positivement commentée. Depuis, la photo de sa main tendue trône au-dessus de son bureau.
Un petit problème d’égo chez ce François qui ne risque pas de s’améliorer 😉
En même temps, il faut un sacré ego pour se lancer en politique ! Au moins, son visage n’a pas recouvert les murs de sa ville !!
Ton François ne mérite pas vraiment « cette main tendue » 😉 !
Je suis bien d’accord, c’est sur le visage qu’il devrait recevoir cette main !
Pauvre François qui semble croire que seule son image puisse le faire élire… Certes il a atteint son objectif (mais pas vraiment grâce à lui) mais il a encore beaucoup de choses à apprendre. Belle idée de texte et une histoire rondement menée ! Merci pour cette lecture agréable !
Merci Jos, c’est sûr que François n’a pas été très clairvoyant ce qui n’est pas forcément bon signe pour ses choix politiques futurs !