De belles lectures en juin avec le très beau « Les filles au lion » de Jessie Burton dont le talent de conteuse m’avait déjà séduite dans « Miniaturiste » ; je vous conseille également le nouveau roman de Melanie Benjamin qui parle de la gloire et la chute de Truman Capote au travers de sa relation avec ses amies de la haute société new new-yorkaise ; j’ai (enfin !) lu « Miss Charity » et je n’ai pas été déçue par ce délicieux roman ; « Mörk » de Ragnar Jonasson me prépare au prix du meilleur polar Points puisque son premier roman est dans la sélection ; enfin j’ai terminé le mois avec « Un roman anglais » de Stéphanie Hochet qui rend un joli hommage à Virginia Woolf. A propos de cette dernière, j’ai également lu une biographie très intéressante de Jane Dunn qui retrace le parcours de l’écrivain en parallèle de celui de sa sœur Vanessa Bell. Je ne désespère pas de vous en parler avant mon départ en vacances.
Seulement quatre films au compteur pour ce mois de juin :
Mon coup de coeur :
La bande-dessinée de Benjamin Renner avait été un coup de cœur et j’ai eu le même plaisir à voir le film. En plus de notre renard-maman-poule, nous faisons la connaissance d’autres personnages qui font l’objet de deux histoires : un cochon raisonnable et pragmatique qui tente de rattraper les bêtises des ces fantasques amis lapin et canard. Nos trois compères vont tour à tour jouer le rôle de la cigogne livreuse de bébé et du père Noël. On retrouve dans les trois histoires, qui composent le film, ce qui faisait la réussite de la bande-dessinée : un mélange d’humour et de tendresse. Les aventures de ces différents animaux de la ferme sont hilarantes, burlesques mais sont aussi empreintes d’humanité et d’amitié. C’est donc un régal qui s’adresse aussi bien aux petits qu’aux grands.
Et sinon :
- Les fantômes d’Ismaël d’Arnaud Desplechin : Carlotta (Marion Cotillard), la femme d’Ismaël (Matthieu Amalric), a disparu il y a vingt ans. Ce dernier met du temps à se remettre de sa supposée mort. Il finit par rencontrer Sylvia (Charlotte Gainsbourg) avec qui il redécouvre la vie. Mais un jour, Carlotta refait surface et elle veut reprendre sa place. Le dernier film d’Arnaud Desplechin est un condensé de ce qu’il a fait précédemment et un hommage à ses maîtres. Les échanges verbaux brutaux, fiévreux font penser à Bergman. Carlotta est un clin d’œil à « Sueurs froides » d’Hitchcock. Le tournage de film dans le film (Ismaël est cinéaste) évoque « La nuit américaine » de Truffaut. On retrouve également des rappels des autres œuvres du cinéaste : le nom de Dedalus était celui de Mathieu Amalric dans « Comment je me suis disputé… » ; le fantôme du conjoint renvoie à « Rois et reine », la ville de Roubaix, où est né le cinéaste, était le cadre de « Trois souvenirs de ma jeunesse », l’histoire d’espionnage (qui m’a semblé totalement superficielle) évoque « La sentinelle ». Le film aurait peut-être gagné à se resserrer sur le trio amoureux mais Desplechin aime les narrations multiples, les personnes excessifs et il semble s’être follement amusé à réaliser ce film que je conseillerais en priorité aux amateurs du cinéaste.
- L’amant double de François Ozon : Chloé (Marine Vacth) a des douleurs aigües au ventre. La médecine n’ayant pas pu la soulager, elle prend un rendez-vous chez un psy (Jérémie Renier). Tous les deux tombent amoureux et se mettent ensemble. Chloé doit trouver un autre psy. Au détour d’un trajet en bus, elle découvre que Paul a un frère jumeau, psy également. François Ozon est clairement sous l’influence de David Cronenberg. On retrouve ici le thème de la gémellité, traité dans « Faux semblants » par le cinéaste canadien, et de la monstruosité. François Ozon l’a déjà prouvé dans ses films précédents, il sait distiller le malaise, le trouble. Il réalise ici un film splendide esthétiquement mais dont l’élégance froide m’a mise à l’écart, à distance.
- Le vénérable W de Barbet Schroeder : Avec ce documentaire, Barbet Schroeder termine sa trilogie du mal (« Général Idi Amim Dada : autoportrait » et « L’avocat de la terreur »). Le réalisateur part en Birmanie où il rencontre le vénérable Wirathu. Le bonze est un fou fanatique qui s’est mis en tête de faire exterminé la minorité musulmane des Rohingyas. Barbet Schroeder n’apporte aucun commentaire. Il laisse s’écouler le flot de paroles du bonze et ses propos sont tellement monstrueux et ignobles qu’il n’est effectivement pas la peine d’en rajouter. Le cinéaste montre à travers son documentaire la puissance incendiaire des mots. Ce sont ceux qui sortent de la bouche du bonze qui feront commettre les pires actes à des bouddhistes. Cette religion de la paix est ici responsable de violences, d’incendies de maisons, d’exécutions. Le documentaire de Barbet Schroeder est glaçant et souligne bien qu’il ne faut jamais laisser la haine de l’autre se propager.
Je me suis régalée de la bédé du grand méchant renard que j’avais lue en version « simple » mais au moment de l’achat, je me suis faite plaisir avec le bonus nowel ! Mais pas de cigognes dans cette version. Tu comprends que le film m’intéresse au plus haut point !
Beau bilan !
Je suis totalement fan de la BD et j’ai vraiment retrouvé le même esprit dans l’ensemble du film. Tu devrais donc aimer également.
Chouette !!!