« Peut-être cela a-t-il commencé ainsi pour toutes les quatre – des adultes projetant leur avenir avorté sur nous. D’après mon père, j’étais assez intelligente pour être professeur, mais moi je voulais être avocate, cela faisait partie du rêve d’être dans la peau de Sylvia. La mère d’Angela lui avait transmis son rêve de danse. Quant à Gigi, capable de toutes nous imiter, elle pouvait être qui elle souhaitait, fermer les yeux et s’en aller. N’importe où. » A l’enterrement de son père, August, la narratrice, se remémore son enfance à Brooklyn où elle arrive à l’âge de douze ans. Elle vient du Tennesse avec son père et son frère. Elle espère chaque jour que sa mère va les rejoindre. August se fait des amies dans le quartier : Sylvia, Angela et Gigi. Les quatre adolescences deviennent vite inséparables. Elles s’épaulent, se confient, rêvent ensemble d’un meilleur avenir. Dans les années 70, Brooklyn n’est pas un quartier très sûr, la pauvreté y est très présente. La Nation de l’Islam prend de plus en plus d’importance dans la communauté noire. Difficile pour ces quatre jeunes filles d’imaginer une vie ailleurs.
Jacqueline Woodson est connue pour ses romans jeunesse aux Etats-Unis. « Un autre Brooklyn » est son premier roman adulte, il est à la fois très intéressant et inabouti. Le récit de l’adolescence d’August et de ses copines se fait rétrospectivement et de manière fragmentaire. Ce sont des bribes de souvenirs, des instants de vie qui lui reviennent à l’esprit. Cette manière de présenter son histoire est très intéressante puisqu’elle évoque bien le fonctionnement de notre mémoire avec des moments forts qui nous marquent plus que d’autres. Ces petites touches donnent également beaucoup de rythme au récit. Le défaut est intrinsèque à cette forme. Les personnages, à part August, restent des silhouettes qui manquent de profondeur et auxquels on n’a pas le temps de s’attacher réellement.
En revanche, Jacqueline Woodson rend très bien compte de l’ambiance du quartier de Brooklyn dans les années 70. C’est un endroit où règne la pauvreté, où la violence monte en puissance. Elle montre aussi très bien que face à la violence, c’est une pratique religieuse très stricte et austère qui semble être la solution pour les habitants. L’auteur évoque aussi la guerre du Vietnam où bien souvent les afro-américains étaient envoyés en première ligne. Leur place aux Etats-Unis est ici parfaitement cerné en quelques lignes, en quelques paragraphes.
« Un autre Brooklyn » est un roman court, rythmé qui met en lumière le quotidien de quatre adolescences dans les années 70. Sa forme fragmentaire, quoi qu’intéressante, ne permet pas de s’attacher aux personnages. C’est fort dommage et prometteur à la fois.
Une déception pour moi, le texte est trop morcelé, tout va trop vite et ça manque de profondeur je trouve.
oh dommage, car cela reste un theme assez international dans les quartiers pauvres et decales..dommage pour la profondeur, mais cela donne envie
Mon ressenti fut similaire au tien.
J’espère que son prochain roman adulte sera plus abouti.
Passer de l’adolescence à l’adulte est peut-etre une étape difficile , en tout cas j’ai trop à lire pour m’attarder sur ce livre d’autant plus que ces amitiés merveilleuses …..me laissent un peu indifférente.
Mais elles ne sont pas si merveilleuses que ça ces amitiés !!!
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Ouille… bon alors, je passerai mon tour… dommage, comme tu dis.
D’autant plus que l’auteure est vraiment passionnante à écouter. Elle m’a fait forte impression lors du festival America.
moi j’ai beaucoup aimé 😉 Et j’ai très envie d’assister à une conférence où elle sera présence au Festival America
J’espère que tu as pu le faire car j’ai trouvé Jacqueline Woodson passionnante à écouter.
Non malheureusement mais.je crois que les conférences sont sur Internet, il faut que je les regarde
Dommage qu’il soit inabouti parce que niveau ambiances, j’aurais bien aimé le découvrir !
Je vais essayer de lire le roman jeunesse pour lequel elle a reçu un prix pour me faire une idée.
Conforter l’idée ou en changer…. lire plusieurs romans d’un même auteur permet de se faire une idée plus large et plus « juste » 😉
j’ai vraiment beaucoup aimé les thématiques abordées mais j’ai trouvé le roman trop morcelé, et je me suis sentie à distance du récit… un avis mitigé!
Oui, j’ai le même ressenti, nous restons à distance de l’histoire et des personnages. C’est dommage car il y a beaucoup de bonnes choses dans ce roman.
Ton ressenti est celui de beaucoup de lecteurs/trices… Personnellement, cette narration n’a pas gâché mon plaisir.
Tant mieux car je pense que Jacqueline Woodson a beaucoup de talent.
Oh oui c’est dommage en effet, j’aime bien m’attacher aux personnages, pourtant ce récit de l’enfance, dans les années 70 et à Brooklyn me tente bien.
Il y a beaucoup de bonnes choses dans ce roman qui est très bien écrit. Peut-être n’auras-tu pas le même ressenti que moi.
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