Darius Asram a presque 120 ans, il est flic et pense sérieusement à changer de métier. Sa dernière enquête portera sur un suicide collectif d’un groupe d’adolescents. Quelques années auparavant, des jeunes gens avaient déjà choisi d’en finir dans cette société qui a aboli la mort. Darius va aller chercher de l’aide auprès de Christa Novak. La jeune femme, mise sous surveillance, avait fait partie de la première vague de suicide. Elle en avait réchappé et semble la plus à même de comprendre la psychologie des victimes.
Thomas Cailley s’était déjà fait remarquer avec son premier film, « Les combattants », qui était original et totalement maîtrisé. Sa série l’est tout autant. Il imagine une société qui a vaincu la mort et où les hommes se régénèrent dans des caissons. La série présente alors les conséquences de cet état de fait. Elle s’ouvre sur l’annonce d’un vote portant sur le contrôle des naissances. Et c’est bien la première conséquence de l’abolition de la mort : quelle est la place de l’enfant, de la jeunesse ? La planète est surpeuplée et avoir des enfants ne ferait qu’aggraver le problème. La question de la limitation du nombre des naissances semble alors s’imposer. Les jeunes ne trouvent plus leur place dans cette société d’autant plus que la majorité est portée à trente ans, l’indépendance est donc longue à venir. Le seul moyen de se rebeller et surtout d’exister est paradoxalement de se suicider. La mort est devenu le tabou ultime, le seul et unique interdit.
La disparition de la mort empêche également de sentir un élan vers le futur, le désir de vivre a lui aussi disparu. Pour se sentir vivant, les hommes recherchent la souffrance et à frôler la mort (combats violents, morsures de chien, etc…). L’ambiance dans cette société est plutôt dépressive, la possibilité de l’immortalité a fait perdre le sens de l’existence. Le duo d’acteurs principaux fonctionne à merveille. Yvan Attal est parfait dans le rôle du flic bourru et blasé. Face à lui, Garance Marillier crève l’écran. Dans « Grave », elle réalisait déjà une formidable performance, la série de Thomas Cailley confirme son incroyable intensité de jeu. Si vous avez raté la diffusion de « Ad vitam » sur Arte, je vous conseille vraiment de visionner cette série entre polar et dystopie.
Dans les Vosges, l’usine de sous-traitance automobile Velocia va fermer ses portes. Les salariés désignent Martel, un syndicaliste, comme secrétaire du comité d’entreprise. C’est lui qui va devoir défendre les autres. Martel cherche de l’aide auprès de Rita, inspectrice du travail engagée. Le syndicaliste a un deuxième travail, il est videur dans une boîte de nuit pour pouvoir offrir à sa mère une maison de retraite de luxe. Le fait d’être bientôt au chômage l’amène à s’engager dans une voix criminelle : kidnapper une prostituée pour la revendre à deux caïds.
Alain Tasma adapte ici le premier roman de Nicolas Mathieu qui a également collaboré au scénario. « Aux animaux la guerre » met en valeur la France des zones périurbaines où la fermeture d’une usine est une véritable catastrophe puisqu’elle fait vivre toute une population. Martel refuse le déclassement social pour sa mère, il se bat pour elle comme il se battra pour sauver son usine. La fresque sociale se transforme en polar quand Martel tente tout pour acquérir de l’argent et tombe dans la délinquance. La désespérance, le chômage amènent la colère et la violence. L’atmosphère est pesante et le paysage (la vallée, la forêt) renforce cette impression de confinement. Il faut quitter la région si l’on veut survivre, ce que vont faire les deux jeunes adolescents de la série.
Ce qui fait également l’intérêt de « Aux animaux la guerre », c’est le récit choral, une constellation de personnages entourent Martel : Rita, l’inspectrice du travail passionnée et rongée par le deuil de son mari, Bruce le bodybuilder qui vit de petits trafics, sa sœur la pin-up du coin, Serge Tokarev le caïd en fin de vie. Et quel casting pour servir ces différents personnages : Roschy Zem, Olivia Bonamy, Tchéky Karyo, Rod Paradot, Eric Caravaca, etc…
« Aux animaux la guerre » est vraiment une réussite qui montre la France délaissée, celle des plans de licenciement qui détruisent toute une région. Il ne me reste plus qu’à découvrir le roman de Nicolas Mathieu.
Dans l’hôpital de Garches, les médecins titulaires doivent être mis en quarantaine. Les internes vont devoir gérer en attendant leur retour. Chloé est la plus expérimentée, elle semble totalement dominer la situation. Pour la seconder, deux jeunes internes, Alyson et Wagner, qui sont plus novices et Arben, médecin légiste qui aspire à rejoindre la médecine généraliste. Les quatre internes vont devoir se serrer les coudes pour faire tourner le service.
Thomas Lilti, lui-même médecin, a déjà réalisé deux films sur sa profession : « Hippocrate » avec Vincent Lacoste et Reda Kateb et « Première année » toujours avec Vincent Lacoste et William Lebghil. Comme dans le film éponyme, Thomas Lilti fait le choix du réalisme pour sa série. C’est le quotidien des médecins, leurs questionnements, les gardes sans fin, et celui des patients qui nous est présenté. Les acteurs utilisent les termes techniques exacts, procèdent aux véritables gestes techniques qui ont beaucoup été travaillés. Il y a aussi l’envers du décor : les gages entre internes, la cantine où l’on ne doit pas parler de médecine, la crudité des mots pour aider affronter le quotidien.
Les personnages sont extrêmement bien dessinés et crédibles : Chloé l’ambitieuse qui se veut froide et distante, professionnelle à outrance pour masquer ses faiblesses ; Arben est bienveillant, attentif mais il cache un grave secret ; Alyson est fragile, elle veut tellement bien faire qu’elle finit par douter de sa vocation ; Wagner est insouciant, léger mais il est le fils d’un médecin titulaire et il a peur de ne pas être à la hauteur. Comme pour « Aux animaux la guerre », il faut saluer la qualité du casting : Louise Bourgoin encore une fois parfaite, Alice Belaïdi, Karim Leklou, Zacharie Chasseriaud, Anne Consigny ou encore Eric Caravaca complètent ce casting.
J’ai toujours beaucoup aimé les séries médicales et celle-ci est sans doute la plus aboutie. Elle sait allier réalisme et tension romanesque avec un casting cinq étoiles. J’espère qu’une deuxième saison est envisagée !
J’ai vu « Ad Vitam » car une amie me l’avait conseillée et ça a été pour moi une bonne découverte ! Je tenterai peut-être « Aux animaux la guerre », en revanche je n’accroche vraiment pas aux séries médicales donc « Hippocrate », même si c’est une très bonne série, n’est pas pour moi.
Je peux comprendre pour les séries médicales, moi j’adore ça !!! « Ad vitam » est vraiment une série originale et très bien menée. Cela fait plaisir de voir des séries françaises d’aussi bonne qualité.
Oui, c’est sûr ! Et il y en a de plus en plus semble-t-il donc c’est vraiment une bonne chose ^^
Ad Vitam, j’ai trouvé que la série démarrait bien mais les deux derniers épisodes m’ont déçue…
Aux animaux la guerre, énorme série, violente, cruelle !
Hippocrate, je n’ai pas Canal et les séries médicales, bof… (j’ai été malade en regardant le début de Good Doctor !).
Bon weekend 🙂
Ah oui, si tu as été malade en regardant Good doctor, je te conseille Hippocrate qui est encore plus réaliste !!!
j’avais commencé Ad Vitam en replay sur Arte, mais j’ai eu du mal à accrocher au début, et quand j’ai voulu voir la suite, les épisodes n’étaient plus disponibles! Aux animaux la guerre me tente bien, d’autant plus que je viens de lire le roman de Nicolas Mathieu… et j’ai également prévu de regarder Hippocrate, même si je ne suis pas fan des séries médicales…
C’est dommage pour « Ad vitam », je trouve que c’est une série de grande qualité. Je fais le chemin inverse du tien pour « Aux animaux la guerre », je commence par la série pour ensuite lire le roman qui est dans ma PAL. Décidément, vous êtes toutes réfractaires aux séries médicales !!!