L’empreinte de Alexandria Marzano-Lesnevich

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En 2003, Alexandria Marzano-Lesnevich, 25 ans, est étudiante en droit à Harvard. Elle fait en stage dans un cabinet d’avocats où on lui montre la vidéo d’un homme qui avoue le meurtre d’un enfant. L’homme, Ricky Langley, a été condamné à la peine de mort en 1994. En 2003, un nouveau procès a lieu pour demander la perpétuité. Un troisième procès aura lieu en 2009 pour que Ricky soit déclaré irresponsable de ses actes pour cause de maladie mentale, ce qui n’arrivera pas. Revenons à 2003, lors du visionnage des aveux de Ricky Langley, Alexandria Marzano-Lesnevich souhaite sa mort alors qu’elle a toujours été une farouche opposante à la peine de mort. Pourquoi cette confession ébranle-t-elle à ce point ses profondes convictions morales ?

C’est ce qu’elle va essayer de découvrir et « L’empreinte » est le fruit de cette recherche. Ce livre a été mûri et écrit durant douze ans. Un long travail d’enquête autour de l’affaire de Ricky Langley a bien entendu été nécessaire. Mais « L’empreinte » n’est pas qu’un non-fiction novel comme « De sang froid » de Truman Capote. Alexandria Marzano-Lesnevich entremêle à son enquête sur Ricky Langley, sa propre histoire personnelle. Les deux fils narratifs s’entrecroisent et entrent en résonance pour plusieurs raisons. Ricky Langley est pédophile, il en a parfaitement conscience et avant l’assassinat du petit Jeremy Guillory, il a à plusieurs reprises demander de l’aide. Il n’a pas été entendu et sa déviance est allée jusqu’au meurtre. Si Alexandria Marzano-Lesnevich est aussi marquée par cette affaire, c’est qu’elle a été elle-même victime d’abus sexuels lorsqu’elle était enfant par son grand-père, qui lui n’a jamais eu à répondre de ses actes.

Et pourtant la famille d’Alexandria Marzano-Lesnevich était au courant. Et là vient un deuxième point commun avec Ricky Langley. Les deux familles ont vécu des drames terribles, notamment la mort d’enfants en raison d’une maladie ou d’un accident. Et les deux familles choisissent le secret, le silence absolu sur les drames  qu’elles ont connus. Il ne faut pas regarder en arrière, toujours aller de l’avant. Sauf que les blessures se transmettent aux générations suivantes, en l’occurrence sur Alexandria Marzano-Lesnevich et Ricky Langley (les conditions de sa conception, de la grossesse de sa mère sont proprement ahurissantes.) C’est ce mutisme que Alexandria Marzano-Lesnevich veut faire éclater à travers son travail dans ce livre, elle veut connaître l’histoire de sa famille, comprendre pourquoi ses parents ont continué à voir son grand-père même après avoir eu connaissance des faits.

Et « L’empreinte » n’est qu’une volonté de compréhension, ce n’est en aucun cas une recherche de vengeance. Et ce qu’elle comprend, c’est à quel point l’âme humaine est complexe. Les êtres ne sont jamais fait d’un seul tenant. Ricky Langley et son grand-père ne sont pas que des pédophiles. Ricky Langley a essayé de vivre une vie normale avec des amis, en prison il a passé des diplômes et avait une conduite exemplaire. Le grand-père de l’auteure est aussi celui qui lui a appris a dessiné, a joué au backgammon. « Que là où était le silence, soit la parole. Que là où étaient les secrets, j’ouvre la voie à la complexité de la vérité. » 

« L’empreinte » mélange un travail d’enquête sur un fait divers et une autobiographie. Le texte est d’une grande fluidité, d’une grande pertinence. Alexandria Marzano-Lesnevich fait preuve de beaucoup de recul et de lucidité dans son travail d’analyse. Remarquable.

america

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17 réflexions sur “L’empreinte de Alexandria Marzano-Lesnevich

  1. Ce livre a l’air vraiment poignant et je pense qu’il pourrait vraiment m’intéresser ! Je l’ajoute à ma wish-list de ce pas ! Merci pour cette découverte 🙂

    • Ce qui lui est arrivé et la justesse de ses analyses rendent sont livre vraiment touchant, on sent qu’il lui était viscéralement nécessaire de l’écrire.

  2. Je l’ai dans ma PAL et il me tarde de le lire ! D’autres livres passent avant (pour le Picabo), j’espère pouvoir le lire très vite car il m’intrigue depuis que j’en ai entendu parler pour la toute première fois.

  3. oh punaise…deja ce livre n’est vraiment pas pour moi….beaucoup trop fort…des sujets vraiment tristes….bref…il doit etre bien….vraiment bien mais je passe

  4. J’ai raté le rendez-vous billet Mois Américain … J’ai passé un bon moment avec ce livre témoignage et ce que tu dis du livre est très juste. J’ai trouvé qu’elle s’en sortait remarquablement bien également.

    • Je l’ai vu lors d’une rencontre en librairie et j’ai trouvé son propos aussi admirable que son livre. Elle a un recul, une analyse qui forcent l’admiration.

  5. Pingback: Billet récapitulatif du mois américain 2019 | Plaisirs à cultiver

  6. Il est poignant parce qu’on oscille entre l’envie de tuer l’assassin et celle de lui pardonner parce que l’on a vu sa vie. Pas facile et je n’ai toujours pas trouvé mon point d’équilibre, je suis toujours le cul entre deux chaises.

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