Underground railroad de Colson Whitehead

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En Géorgie, Cora, 16 ans, est esclave sur une plantation de coton. Sa grand-mère, Ajarry et sa mère Mabel y ont également été exploitées. Cora a pourtant grandi seule puisque sa mère est la seule esclave a avoir réussi à s’échapper du domaine. La jeune fille a du se forger un caractère fort pour affronter la violence, les mauvais traitements de la plantation. Malgré cela, lorsque Caesar, un esclave nouvellement arrivé, lui propose de fuir, elle commence par refuser. La plantation est divisée en deux, chaque partie étant gouvernée par l’un des frères Randall. Lorsque le moins violent des deux décède, Cora sait que l’enfer dans lequel elle vit, va encore s’aggraver. Elle accepte alors la proposition de Caesar. Les deux esclaves s’échappent au risque de leurs vies. Pour rejoindre les états du Nord, ils vont pouvoir emprunter l’underground railroad.

Le roman de Colson Whitehead a reçu le Prix Pultizer et le National Book Award. Ce qui semble parfaitement normal tant il est ambitieux et abouti. « Underground railroad » est un mélange d’imagination et de longues recherches sur le sort des esclaves avant la guerre de Sécession. L’auteur a matérialisé le réseau d’aide des esclaves en fuite nommé underground railroad. Colson Whitehead en fait un véritable réseau ferré sous-terrain avec des chefs de gare prêts à aider et recueillir les fugitifs au péril de leurs vies. L’idée est brillante et fonctionne parfaitement. L’odyssée de Cora, à travers différents états ,montre le sort réservé aux noirs à cette époque. La Caroline du Sud semble plus tolérante et offre une certaine liberté à Cora et Caesar. Le racisme s’y fait plus insidieux ( vitrines où l’on présente de manière édulcorée le sort des esclaves, stérilisation des femmes noires). La Caroline du Nord bannit totalement les noirs et certaines villes les lynchent et les pendent lors de cérémonies hebdomadaires. Dans les plantations, la violence, les actes odieux sont légion et sont intrinsèques au lieu. Cora découvre que les noirs ne sont pas mieux traités à l’extérieur. Colson Whitehead montre à quel point les Etats-Unis se sont construits dans le sang et la violence. Les indiens ont été massacrés, leurs terres volées, les africains ont été kidnappés et mis en esclavage, vendus comme de vulgaires marchandises.

Les personnages de Colson Whitehead sont très forts. Cora est une jeune fille intelligente, au tempérament bien trempé. Enfant, elle a su résister à certains chefs de la plantation, défendant bec et ongle le minuscule jardin créé par sa grand-mère. Elle ne pardonne pas à sa mère, Mabel, de l’avoir abandonnée. Pourtant, Mabel est devenu un véritable mythe, elle donne de l’espoir aux autres esclaves et fait enrager Ridgeway, le chasseur d’esclaves en fuite. Ce dernier ne peut donc pas laisser Cora dans la nature. L’aventure de Cora et Caesar se transforme rapidement en chasse au goût amer de vengeance. Caesar est un esclave à part. Il travaillait avec sa famille chez une vieille dame qui avait promis de les affranchir. Ce qu’elle ne fit pas avant sa mort. Caesar, qui sait lire, n’a pas l’habitude des tortures de la plantation. Il y a beaucoup d’autres personnages croisés sur le trajet de Cora et tous sont très incarnés.

« Underground railroad » est un roman passionnant, l’évasion de Cora est captivante et nous montre les différents visages de l’Amérique au moment de l’esclavage.

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23 réflexions sur “Underground railroad de Colson Whitehead

  1. J’avais été un peu déçue, sans doute parce que j’en attendais beaucoup, mais je m’étais sentie à distance de l’héroïne, et j’avais trouvé que l’intrigue avait un aspect un peu « démonstratif » : l’auteur met Cora dans des situations qui permettent en effet, comme tu l’écris, de montrer les différents visages de l’esclavage et de la ségrégation, mais du coup, c’est comme si l’histoire de son personnage n’était qu’un prétexte à évoquer un contexte.

    • Je comprends ton avis même si je ne le partage pas ! J’ai tout de suite ressentie de l’empathie pour Cora et je n’avais qu’une hâte, me replonger dans le roman pour savoir ce qui allait lui arriver !

  2. J’avais beaucoup aimé découvrir le chemin de fer, même si Cora m’avait agacée, comme si elle n’était qu’un prétexte à l’histoire. Mais le contexte était passionnant !

  3. J’ai envie de le lire depuis sa sortie… Je vais essayer de le lire pour le challenge d’Enna en février (African American Month)

  4. Pingback: Billet récapitulatif du mois américain 2019 | Plaisirs à cultiver

    • C’est bien de te dire que ce n’est pas le bon moment et de le laisser pour plus tard. C’est vrai que parfois, des romans tombent au mauvais moment.

  5. J’avais bien aimé (lu il y a 2 ans) et j’avais frissonné de peur devant tant de haine, de malheurs, d’horreurs… Et dire que ça continue encore encore…

  6. Ton article m’a donné envie de lire ce roman, ce qui est désormais chose faite.
    J’ai tout aimé que ce soit le style d’écriture très fluide, la description brute et brutale des « mécanismes » de l’esclavage et du racisme , ainsi que le personnage de Cora. J’ai tremblé pour elle, j’ai dévoré les pages pour savoir où et surtout comment s’arrêterait son périple. Donc merci !

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