Samar Yazbek, journaliste et romancière, donne la parole à 19 femmes syriennes qui nous racontent la manière dont elles ont vécu la révolution de 2011 et la guerre qui a suivi. L’auteure a interrogé 55 Syriennes, celles qu’elle a choisi de garder offrent un panorama varié du pays (régions, âges, confessions différentes). Elles sont néanmoins toutes issues d’un milieu éduqué et privilégié. Leurs témoignages soulignent la complexité de la situation en Syrie et ils sont la chronique de la mort annoncée de la révolution pacifiste.
Toutes ont montré un très fort engagement et beaucoup de courage durant cette période. Dès le début du mouvement, ces 19 femmes se sont impliquées et cela a continué durant les combats, les bombardements. Certaines se sont formées comme infirmière pour aider les blessés, d’autres ont créé des écoles, des associations à but humanitaire, d’autres ont filmé et travaillé pour des médias étrangers. Ces femmes vont payer chèrement leur engagement puisque plusieurs d’entre elles furent arrêtées, emprisonnées dans des conditions terribles (brutalités, viols, tortures, conditions d’hygiène déplorables,etc..). La plupart des femmes feront le choix de quitter la Syrie, de vivre en exil pour ne pas se faire arrêter à nouveau.
Ce que montrent bien ces témoignages, c’est un situation extrêmement complexe de la Syrie et de ce conflit. La révolution était un mouvement pacifiste qui va rapidement se transformer en lutte armée. La montée en puissance des hommes armés (grâce à l’argent de l’Arabie Saoudite et du Qatar) s’accompagne d’une radicalisation religieuse. Il existe des luttes intestines entre les différents groupes de rebelles, entre les différents groupes islamistes (comme Jabhat al-nusra ou Daech) qui détruisent le projet de départ d’une Syrie démocratique. Il faut rajouter à ça une corruption endémique et une volonté de toute part de monter les religions les unes contre les autres. Durant le conflit, les femmes interrogées restent du côté de la paix mais elles font face à la montée des groupes islamistes. Leur situation s’aggrave et elles vivent un retour en arrière de leurs droits. Elles font également le triste constat du départ des classes moyennes dans de nombreuses régions, les classes les plus pauvres (et les moins éduquées) se trouvent livrées aux mains des islamistes.
Ces témoignages poignants et lucides nous permettent de mieux comprendre la situation de la Syrie et les raisons qui ont fait échouer la révolution pacifiste de 2011. Mon seul bémol concerne la répétition de témoignages très proches qui uniformisent l’ensemble et noient les personnalités des femmes qui nous les racontent.
Cela doit être passionnant. Un sujet connexe, ce soir à la télé, il y avait un reportage sur les français de daech et les femmes notamment, aussi fanatiques qu’eux. Justement c’étaient des syriennes qui racontaient.
Les témoignages du livre ne sont que ceux de femmes qui ne font pas partie de Daesch ou d’autres groupuscules islamistes. Elles subissent ces groupuscules.
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