Le couple d’Olivier Frébourg a volé en éclats. Il se retrouve seul avec ses trois fils. Cette séparation est vécue par lui comme un séisme qui précipite ses enfants hors de l’innocence propre à leur bas âge. Son livre questionne la transmission, que laisse-t-on à ses enfants ?
Pour répondre à cette question, Olivier Frébourg replonge dans sa propre enfance, ses souvenirs. Fils d’un capitaine au long cours, il a vécu ses premières années en Martinique. « L’enfance est un paquebot. L’absolu maritime fut pour moi une façon de voir la vie en blanc et bleu outre-mer. L’enfance telle la poupe arrondie du paquebot Antilles. Sa ligne blanche sur le bleu épais de la mer. La lumière, partout. Ce soleil, jamais brûlant grâce aux alizés, l’air parfume et la vitesse à plus de vingt nœuds. Ainsi la vie ne serait jamais encalminée, prisonnière du pot au noir. » Une enfance qui laisse à l’auteur une envie d’ailleurs qui le mènera à de nombreuses reprises en Asie du Sud Est, notamment au Cambodge. Ses souvenirs s’entremêlent avec les films de Claude Sautet, les chansons de Nino Ferrer, d’Alain Souchon, de Téléphone.
L’ensemble du texte baigne dans la mélancolie. Cette impression est renforcée par une critique féroce de notre monde actuel. Olivier Frébourg voit le monde d’aujourd’hui comme un éclatement, celui de la société devenue trop consumériste, celui du couple qui se sépare. C’est également un monde de l’immédiateté, celle des réseaux sociaux sur lesquels tout va très vite et où les publications sont rapidement obsolètes. Un monde qui semble sans mémoire et c’est ce qu’Olivier Frébourg veut contrecarrer. Les souvenirs, l’histoire (la petite comme la grande) sont ce qu’il veut transmettre à ses enfants. « Perdre le bonheur, est-ce si grave ? Perdre le souvenir du bonheur me semble une tragédie. »
« Où vont les fils ? » présente de nombreuses thématiques intéressantes, questionne très justement notre société de consommation où tout va beaucoup trop vite. Pour Olivier Frébourg, la beauté, l’art peuvent nous sauver et la mémoire doit être préservée. Je regrette en revanche le ton plaintif et certaines comparaisons excessives qui m’ont un peu gâchée ma lecture. « Qu’est-ce que je leur laissais comme album de famille ? Une famille fracassée. Une guerre intime. Leurs parents seraient des vétérans du Chemin des Dames. Gazés. Gueules cassées. » Dommage car le fond du propos me plaisait beaucoup.
Le style d’écriture a l’air de verser dans l’exagération et l’apitoiement, mais les questions soulevées ont l’air intéressantes 🙂
Et c’est vraiment dommage car le propos était vraiment intéressant.
Vu les citations que tu as choisies, je passe … L’album de famille et les gueules cassées, c’est too much !
Too much, c’est exactement ce que je me suis dit en lisant le texte !