Le livre de Sarah Barmak est de ceux que l’on remarque. Sa couverture affiche le mot jouir en gros caractère rouge sur une photographie d’un couple à table où l’homme lit et où la femme semble s’ennuyer prodigieusement. Le ton est donné, Sarah Barmak ponctue son enquête d’humour ce qui allège son propos et le dédramatise. Pour étudier la sexualité des femmes et leur désir, la journaliste a rencontrer des médecins, des scientifiques mais également interroger des femmes qui jouissent trop ou pas assez et ceux qui tentent de remédier à leurs problèmes (massages, méditation orgasmique, tantra, etc…). « Carnet de voyage aux confins de la jouissance – dans tous ses frémissements et toute sa flamboyance -, ce livre envisage la sexualité féminine moins comme une science pure et dure que comme une forme d’artisanat. C’est une plongée dans l’étrange, dans le merveilleux, et dans le farfelu aussi, parfois. »
Ce qui frappe à la lecture de cet essai, est la méconnaissance du corps de femmes par les scientifiques et les médecins mais également par les femmes elles-mêmes. Pourtant, le corps de la femme, sa fertilité ont été vénérés dans l’Histoire. Mais la chrétienté et son mépris du corps est passée par là. Au fil du temps, les scientifiques se sont désintéressés du sexe féminin. Et Freud est également à blâmer puisqu’il considérait que seul l’orgasme vaginal était acceptable pour les femmes. Le plaisir féminin, le clitoris lui-même étaient totalement niés. « Pour Vanessa et toutes les personnes possédant ou ayant possédé une vulve, un vagin ou un clitoris, ce n’est pas tant ce qui excite les femmes qui pose question. En revanche, le fait que le corps lui-même, dans son anatomie pure et simple, puisse faire l’objet de tant de répression, de désinformation et d’effacement à travers l’histoire, voilà le véritable mystère à résoudre. » De quoi rassurer les hommes et leur assurer une certaine suprématie sur les femmes. Il y avait donc beaucoup de travail à accomplir pour que les femmes puissent reconquérir leur sexualité.
Sarah Barmak revient également sur un malentendu qui perdure, à savoir la soit disant complexité du plaisir féminin. Elle nous explique que le circuit du plaisir (relation entre le cerveau et les muscles) est aussi complexe chez les hommes que chez les femmes. Celui des hommes peut nous sembler plus mécanique et automatique mais il n’en est rien. Après avoir interrogé de nombreuses femmes, Sarah Barmak en arrive à la conclusion qu’il y a autant de formes de plaisir que de femmes et que l’orgasme n’est en rien obligatoire pour avoir des relations sexuelles satisfaisantes. Les femmes doivent apprendre à prendre du recul par rapport aux normes imposées par la société (ou les films porno !), à se détendre et à dédramatiser l’acte sexuel.
« Jouir, en quête de l’orgasme féminin » est un essai très intéressant, très vivant qui, avec humour, explique aux femmes qu’elles doivent apprendre à se connaître, à explorer leur propre corps et à s’émanciper également au niveau sexuel.
Je croise les doigts je croise les doigts pour le lire 🤞🤞🤞🤞
Tu n’aurais finalement pas du croiser les doigts…
je l’ai repéré, mais j’avais un peu peur d’un potentiel côté trop sérieux…Mais ce que tu en dis me fera le guetter à la médiathèque!
Pour le coup, elle ne se prend pas au sérieux, c’est plutôt ludique comme lecture.
Voilà un livre qui me changerait de mes lectures habituelles ! En espérant jouir de cette lecture 😉
Il fallait bien que quelqu’un la fasse !!!
Mais tu as eu raison !!! 🙂
C’est clair qu’il est difficile de ne pas le remarquer en librairie mais j’adore le côté décalé de la couverture. J’y jetterai probablement un oeil.
Oui, on ne pas passer à côté sans remarquer la couverture ! Elle est très bien choisie !
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