Il se souvient du jour où la grande Guerre Bactériologique a été annoncée. L’hystérie collective, les suicides, la peur. Après la GGB, il n’a plus été possible de manger des animaux car ils avaient contracté un virus mortel pour les humains. » Il a donc fallu trouver un substitut aux protéines animales puisque celles des plantes étaient insuffisantes. Les gens commencèrent alors à tuer et manger des migrants, des pauvres. L’anthropophagie fut donc légaliser. Des élevages industriels d’êtres humains sont mis en place. Marcos travaille dans un abattoir. Séparé de sa femme après la mort de leur unique enfant, il est las de son métier. Un éleveur lui offre une femelle d’exception dont la viande est très recherchée. Mais Marcos ne va pas la manger, bien au contraire…
Le premier roman d’Agustina Bazterrica est une dystopie glaçante. Elle nous montre jusqu’où une société peut aller pour assouvir ses désirs et faire tomber toutes les barrières morales. « Cadavre exquis » est également une dénonciation de notre surconsommation de viande et de la manière brutale dont nous nous comportons avec les animaux. La société décrite dans le roman est totalitaire, tout le monde est extrêmement surveillé. Le langage a été modifié pour qualifier le nouveau bétail, les noms d’animaux sont proscrits. « Un monde monde qui pourrait se fracturer si le mauvais mot était prononcé. » Un monde forcément cadenassé pour éviter tout débordement ou tout éveil des consciences.
Dans un style froid, clinique, Agustina Bazterrica nous décrit de manière très détaillée le traitement du nouveau bétail, entraînant son lecteur au bord de la nausée. Car le moins que l’on puisse dire, c’est que le message de l’auteure est asséné avec force et manque parfois de subtilité. L’auteure se complaît dans des scènes choquantes qui n’apportent pas grand chose à l’intrigue, c’est, selon moi, le cas avec celle de la chasse. Et c’est dommage car le livre n’avait pas besoin d’en faire des tonnes pour être percutant.
« Cadavre exquis » d’Agustina Bazterrica est un livre dérangeant, questionnant notre société actuelle et notre rapport aux animaux. Le propos est certes pertinent mais l’auteure manque par moments de subtilité.
Beaucoup trop de complaisance oui, c’est clairement un roman dont je ne garde pas un bon souvenir.
Je suis moins sévère que toi malgré certaines complaisantes. Elle a réussi à me faire réagir physiquement à ce qu’elle me racontait. Je trouve qu’il y a une certaine force dans son écriture.