Mariages victoriens de Phyllis Rose

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« Mariages victoriens » de Phyllis Rose est un essai qui a été publié en 1983. L’auteure, biographe, essayiste et critique littéraire, y dresse le portrait de cinq couples, ceux de personnes illustres comme John Ruskin, Charles Dickens, George Eliot ou Thomas Carlyle. Phyllis Rose prend pour son étude ce postulat de départ : « C’est donc dans ce sens que je propose quelques vies privées afin qu’elles soient examinées et discutées. Je vais tenter de les raconter de façon à soulever les questions concernant le rôle du pouvoir et la nature de l’égalité dans le mariage, car je postule un lien entre politique et la sexualité. » Il faut dire que les règles du jeu sont très claires et strictes à l’époque victoriennes.  Le modèle est clairement patriarcale, le pouvoir appartient aux hommes. Le divorce avant 1857 est une procédure très coûteuse et exceptionnelle. Après cette date et l’apparition de cours séculières dédiées aux divorces, la démarche n’en demeure pas moins scandaleuse. La femme et les enfants ensuite sont la propriété du mari. La question du pouvoir se pose également pour les relations sexuelles. Le mari pouvait en avoir avant le mariage mais pas la femme qui devait ensuite répondre à tous les besoins de son époux.

Phyllis Rose dissèque l’institution du mariage au travers de différents exemples de couples stables ou non, avec enfants ou non et avec une distribution du pouvoir différente. Le livre montre les différents moments qui peuvent exister dans l’histoire d’un couple : la cour longue et assidue avec Thomas Carlyle et Jane Welsh, le divorce avec Effie Gray et John Ruskin, le triangle amoureux à trois avec Mrs Taylor et John Stuart Mill, le démon de midi avec Charles et Catherine Dickens et enfin le couple hors mariage avec George Eliot et George Henry Lewes. « Il est sans doute évident que George Eliot et George Henry Lewes sont, dans un sens, l’héroïne et le héros de l’ouvrage. Dans leur cas, le dévouement, la stabilité et l’égalité se développèrent hors des liens du mariage légal. » Ici l’égalité entre les amants est sans aucun doute la clef de leur bonheur. Mais Phyllis Rose montre également que le couple est  un cheminement intellectuel, une affaire d’imagination.

Phyllis Rose s’est appuyée sur les correspondances, les journaux intimes de grandes personnalités victoriennes pour analyser l’institution du mariage dans une société patriarcale. L’étude est passionnante, fluide et finalement les constats, qui y sont faits, sur la couple, sont toujours d’actualité.

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10 réflexions sur “Mariages victoriens de Phyllis Rose

  1. Tu as bien fait de m’inciter à l’acheter, je pense que je vais me régaler ! Je n’imaginais pas que l’essai partirait sur 5 visions du mariage totalement différentes, y compris des situations plutôt rares à l’époque. Merci pour la découverte !

    • Celle de George Eliot est effectivement surprenante pour l’époque et tellement moderne ! Le choix des différents couples est vraiment judicieux.

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