Voilà un mois d’octobre bien rempli avec sept livres, deux recueils de poésie et trois BD. J’ai déjà eu l’occasion de vous parler du drôlatique « Les pantoufles » de Luc-Michel Fouassier, des percutants recueils de poésie de Lisette Lombé et Suzanne Ruault-Balet, de la très émouvante autobiographie de Kerry Hudson et de l’adaptation BD du roman de Malika Ferdjoukh « Sombres citrouilles » par Nicolas Pitz.
Durant ce mois d’octobre, j’ai eu le grand plaisir de lire le 2ème volume de la saga que Elizabeth Jane Howard a consacré à la famille Cazalet, j’ai également retrouvé la plume caustique de Fabrice Caro et celle, étonnante, d’Emmanuel Régniez (même si Madame Jules m’a quelque peu déçue). J’ai enfin pu lire « Fille, femme, autre » de Bernardine Evaristo que je souhaitais lire depuis son obtention du Booker Prize et le livre s’est révélé à la hauteur de mes attentes. Ce qui n’a pas été le cas de « Ce lien entre nous » de David Joy dont l’intrigue n’est malheureusement pas aussi palpitante que ce que j’espérais. Je vous reparle également très vite de « Géante » de Jean-Christophe Deveney et Nuria Talarit qui m’a enchantée.
Quatre films seulement à mon compteur d’octobre :
Michel-Ange vient d’achever la chapelle Sixtine et il est exténué. Pourtant, un autre projet gigantesque l’attend, celui du tombeau du pape Jules II qui comprend un très grand nombre de sculptures. Lorsque le pape meurt, c’est un Médicis, Léon X, qui prend sa place. Voulant balayer la famille de Jules II, les della Rovere, Léon X refuse que Michel-Ange finisse le somptueux tombeau. Il lui demande même de se consacrer à un autre chantier, celui de la façade de San Lorenzo à Florence.
Le film de Andreï Kontchalovski est un remarquable portrait du sculpteur, peintre et poète de la Renaissance. Il est extrêmement précis, détaillé et l’on sent que le réalisateur s’est largement documenté. Le film montre la réalité de la vie ce génie au caractère terrible, tourmenté et complexe. L’excellent choix du réalisateur est de ne pas montrer Michel-Ange au travail. Il montre ses relations avec ses commanditaires (et son déchirement lorsqu’il doit trahir la mémoire de Jules II), sa cupidité, son travail dans les carrières de marbre, son émotion face à la beauté. Michel-Ange n’est pas un personnage sympathique, il peut être tyrannique, colérique mais le réalisateur nous le montre habité. J’ai également beaucoup apprécié la reconstitution de la vie de l’époque, les ruelles étroites, sales, boueuse et très certainement puantes. C’est une vision réaliste de cette époque que nous offre Andreï Kontchalovski. Le film est un peu trop long mais je trouve que ce portrait sonne juste tout comme l’acteur principal Alberto Testone.
- « Josep » de Aurel : Février 1939, Barcelone tombe aux mains de Franco et cinq cent mille réfugiés arrivent en France. Ceux-ci sont enfermés dans des camps où ils sont maltraités, affamés et brutalisés. Parmi eux se trouve Josep Bartoli (1910-1995), dessinateur et communiste. Durant son séjour en France, Josep dessine sans relâche le quotidien des camps. Cette sombre histoire est racontée par un ancien gendarme, sur son lit de mort, à son petit fils. La rencontre avec Josep va bouleverser la vie de ce gendarme. Aurel rend un très bel hommage à Bartoli et à la force de ses dessins. Son film embrasse l’ensemble de sa vie, des camps français à un immeuble de New York en passant par le Mexique. Bartoli y croise la route de Frida Kahlo qui sera sa maîtresse. L’humanité, le courage sont au cœur de ce film et ils sont servis par le somptueux coup de crayon d’Aurel.
- « Drunk » de Thomas Vinterberg : Des amis enseignants, quadragénaires, décident de mettre en pratique la théorie d’un psychologue norvégien selon laquelle chaque homme manquerait de 0,5 gr d’alcool dans le sang. Les quatre hommes se mettent donc à boire méthodiquement en vérifiant leur taux d’alcool dans le sang. Évidemment, les débuts se passent bien ; nos quatre amis se sentent pousser des ailes et un regain d’énergie les gagne. La première partie du film est extrêmement joyeuse, hédoniste, les quatre enseignants se libèrent totalement. On s’amuse à les voir trouver des solutions pour cacher leurs bouteilles, boire pendant les cours. On se doute que l’éphorie sera éphémère mais Thomas Vinterberg ne tombe jamais dans un ton moralisateur. Il scrute comme toujours les travers de la société et l’alcool est le signe d’une société où l’échec est impossible (on le comprend bien avec un élève qui repasse son bac). Le film s’achève sur une formidable scène de fête après les résultats du bac où Mads Mikkelsen, parfait comme toujours, nous régale avec une chorégraphie acrobatique.
- « Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary » de Rémi Chayé : 1863, la famille de Martha Jane se trouve dans un convoi en direction de l’Oregon. La mère est morte, il ne reste que le père et ses trois enfants. La famille est pauvre et elle est mal vue des autres. Souvent moquée, Martha Jane ne se laisse pas faire. Et quand son père se blesse, elle apprend à conduire le chariot. Martha Jane ne veut pas être cantonnée au rôle réservé aux femmes et aux filles. Et c’est sans doute pour cela que lorsqu’un vol arrive, elle est immédiatement accusée par la communauté. Elle quitte donc le convoi pour prouver son innocence. On sait peu de choses sur l’enfance de la Calamity Jane et Rémi Chayé en fait une enfant intrépide, insolente, courageuse et libre. Ce récit initiatique, qui transforme Martha en Calamity, est enthousiasmant, elle croise des personnages aussi fantasques qu’elle et qui l’aident à s’émanciper. Rémi Chayé magnifie les paysages américains avec des couleurs chatoyantes. Un vrai plaisir pour petits et grands.
quelle chance d’avoir pu aller voir autnt de films!! malheureusement je n’ai vu « que » Josep et Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait. j’avais repéré les films que tu as vu, et je croise les doigts pour que l’on puisse vite retourner au ciné pour voir celui sur MichelAnge et Drunk notamment. (j’adore Mikkelsen (les deux frères sont d’excellents acteurs)).
Et encore quatre films, c’est ma moyenne basse !!! Il va encore falloir patienter pour retourner au cinéma…c’est fou ce que ça me manque ! Je suis d’accord avec toi, les deux frères Mikkelsen sont vraiment excellents. Je ne sais pas si tu as vu « Au nom du père », série qui était passée sur Arte, Lars y était extraordinaire.
Au nom du père est fantastique! hyper intelligente, nuancée, complexe…tout ce que j’adore! et les acteurs/trices sont tous excellent.e.s!
J’ai fait le plein de cinéma (par hasard) avant le confinement, notamment en allant voir Drunk, que j’ai bien aimé (je suis fan de Madds Mikkelsen !!), et plusieurs documentaires (Billie, Honeyland, Un pays qui se tient sage) très différents les uns des autres, et que j’ai tous appréciés. Belles lectures novembresques !
Je voulais voir Un pays qui se tient sage et cela s’est mal goupillé. Je ne sais pas s’il passera encore après le 15 décembre…je croise les doigts !