Bilan livresque et cinéma de mai

Mai

Encore une belle moisson de livres pour ce mois de mai, j’ai déjà a eu l’occasion de vous parler des livres suivants :

« Milkman » d’Anna Burns, un livre dont la forme surprend, étouffe son lecteur comme les rumeurs le font avec la jeune héroïne du roman ;

« Fragiles serments » de Molly Keane qui m’a séduite par son ironie grinçante.

Je vous parlerai de « Avant les diamants de Dominique Maisons après le mois anglais et je peux déjà vous dire que je me suis régalée à la lecture de ce roman noir durant l’âge d’or d’Hollywood.

Mes autres lectures sont toutes anglaises, elles seront donc très bientôt à l’honneur sur ce blog dans le cadre du mois anglais que j’organise avec Lou et Cryssilda.

Ce mois de mai fut l’occasion de retrouver ENFIN les salles de cinéma et voici les films que je suis allée voir :

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Suze, coiffeuse d’une quarantaine d’années, apprend qu’il ne lui reste plus que quelques mois à vivre, voire quelques semaines. Trop de laque et d’aérosols auront eu raison de ses poumons. Suze n’a alors qu’une chose en tête : retrouver l’enfant qu’elle a eu adolescente et que ses parents l’ont forcée à abandonner. C’est en se rendant dans une administration pour retrouver la trace de son fils que Suze va croiser la route d’un cadre supérieur suicidaire. Ce dernier rate son coup et blesse l’un de ses collègues. Il ne lui reste plus qu’à fuir et Suze l’accompagne en espérant qu’il pourra l’aider dans sa quête. Se joint à eux un troisième larron : un archiviste aveugle.

C’est toujours un plaisir de retrouver la fantaisie iconoclaste d’Albert Dupontel. « Adieu les cons » est un film rageur et tendre à la fois. La cavalcade des trois compagnons est un tourbillon, une fuite aux conséquences explosives. Derrière la colère, l’injustice, on trouve beaucoup d’humanité qui s’incarne ici dans des personnages principaux forcément attendrissants. Albert Dupontel, Virginie Efira et Nicolas Marié les interprètent avec beaucoup d’énergie et de justesse. Il ne faut pas oublier les seconds rôles servis par une formidable brochette d’acteurs : Bouli Lanners, Jackie Berroyer, Michel Vuillermoz. J’aurais sans doute aimer plus d’ironie, d’humour noir car c’est ce que Dupontel fait le mieux. Mais il ne faut pas bouder son plaisir, ce film gardera toujours une place particulière dans ma vie de cinéphile puisqu’il marque mon retour dans les salles obscures après sept mois de pause forcée.

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Peter a été élevé par son oncle, aux côtés de son cousin Michael, après le décès de sa sœur. Ses parents n’ont pas réussi à surmonter le choc. En grandissant, Michael a repris les affaires de petit caïd de son père. Peter l’accompagne, il est son homme de main. Lorsque son cousin veut s’attaquer au gang des italiens, Peter tente de le raisonner et de freiner ses pulsions violentes.

Jérémie Guez réalise ici un film noir classique, parfaitement maîtrisé. Le destin de Peter est au centre de « Sons of Philadelphia » . Il est prisonnier de son histoire, de celle que sa famille a choisi pour lui. Il est pris en tenailles entre sa fidélité à ceux avec qui il a grandi et son envie d’ailleurs, de fuite face à la violence. Matthias Schoenaerts prête ses traits à ce personnage entre force et douceur et comme toujours il le fait beaucoup de talent et de sobriété. Joel Kinnaman incarne un Michael inquiétant, glaçant mais pouvant difficilement se passer de son cousin. « Sons of Philadelphia » prend des allures de tragédie familiale d’une implacable noirceur.

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Anthony vit toujours dans son appartement londonien malgré son âge avancé. Il refuse qu’une aide-soignante vienne s’occuper de lui. Il vient d’ailleurs de congédier la dernière en date au désespoir de sa fille Anne qui ne peut pas toujours être présente à ses côtés. Elle s’inquiète d’autant plus de la situation qu’elle souhaite déménager en France où réside son nouveau compagnon.

Le premier long-métrage de Florian Zeller est quasiment un huis-clos et cela est bien naturel puisqu’il s’agit de l’adaptation de l’une de ses pièces de théâtre. Rapidement, de l’étrangeté vient se glisser dans le quotidien d’Anthony. On frôle parfois le fantastique, le cauchemar. Des scènes se répètent, la temporalité se brouille, l’appartement se modifie. Et peu à peu, on comprend ce qui se passe. La réalisation est la matérialisation de la maladie d’Anthony qui est atteint d’Alzheimer. Et c’est ce qui fait la force du film, il nous fait vivre ce que vit cet homme qui est sans cesse désorienté et ne comprend plus ce qui lui arrive. Bien évidemment le film de Florian Zeller doit beaucoup à ses interprètes. La crème des acteurs britanniques se succèdent devant nous : Olivia Williams, Mark Gatiss, Rufus Sewell ou encore Imogen Poots. Et bien-sûr Olivia Colman et Anthony Hopkins, tous les deux sont extraordinaires, parfaits de justesse et de profondeur. La fin de « The father » est totalement poignante.

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Un vieil homme, vivant dans sa ferme de l’Ontario, est accueilli pour quelques jours chez son fils en Californie. Le vieil homme est réactionnaire, perpétuellement mécontent et autoritaire. Sa rage s’abat sans cesse sur son fils, pilote de ligne homosexuel qui vit avec son mari et leur fils. Le père doit passer des examens médicaux, a émis le souhait de se rapprocher de ses enfants pour changer d’avis une fois en Californie. La tension monte entre les deux hommes malgré le stoïcisme et la patience du fils.

« Falling » est le premier film de Viggo Mortensen, qui a décidément tous les talents. Il incarne également le fils dont les choix de vie sont durement critiqués par son père. La narration fait des aller-retour entre le présent et la jeunesse du père. Il nous montre un homme dont la rudesse empêche l’expression des sentiments, de la tendresse (sa femme lui manque désespérément et pourtant il n’a jamais su lui montrer son affection). Il se comporte de la même façon avec son fils et sa fille. Son fils ne peut néanmoins pas l’abandonner au moment où il décline. Les face-à-face entre eux, plein d’amertume et de rancœur, questionnent la virilité, ce que signifie être un homme. Lance Henriksen livre une prestation saisissante dans le rôle du père. Le réalisateur nous a réservé une petite surprise cocasse à l’intérieur de ce film poignant, je vous laisse découvrir le rôle tenu par David Cronenberg dans cette histoire !

 

 

 

2 réflexions sur “Bilan livresque et cinéma de mai

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