La seconde vie de Jane Austen de Mary Dollinger

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En septembre 2010, Jane Austen s’installe dans un petit village de la Drôme. Son médecin lui a conseillé de s’éloigner de l’humidité du Hampshire. Au calme, dans sa nouvelle maison, elle peut laisser libre cours à son imagination. « Je considère mon déménagement comme le vrai début de ma vie d’écrivain. Après toutes ces esquisses, ces bribes d’histoires inachevées, j’ai maintenant devant mes yeux, mon premier roman abouti. » Ce livre, qui sera rejeté par les éditions Gallimard (la lettre de refus est somptueuse !), est « Raison et sentiments » et il sera le début d’un succès retentissant.

Faire vivre Jane Austen en France au 21ème siècle, c’est ce que j’appelle un pari culotté. Et le plus beau, c’est que Mary Dollinger le réussit avec panache et humour. Le roman est constitué de lettres à sa sœur Cassandra, d’articles de presse, d’émissions de radio, de télévision ; on y croise Olivia de Lamberterie, François Busnel ou Laure Adler. Mary Dollinger assume totalement les anachronismes : Jane Austen écrit une chronique dans Femme actuelle où elle répond aux lecteurs ( en leur conseillant l’emploi du subjonctif !), des photos d’elle apparaissent dans Gala ou Paris Match, elle remercie Virginia Woolf à qui elle doit beaucoup (le compliment n’en est d’ailleurs pas vraiment un). Toutes les idées sont réjouissantes et irrésistibles. Mary Dollinger profite de sa fable pour égratigner le monde de l’édition. Jane Austen est prise au piège du jeu médiatique de la promotion : « Des signatures, je ne suis pas contre, de plus Frédéric trouve cela amusant, mais je ne suis vraiment faite ni pour la télévision ni pour la radio. Ces joutes oratoires me fatiguent, m’épuisent même et me privent d’un temps précieux qui doit être consacré à l’écriture. »

Si « La seconde vide Jane Austen » fonctionne aussi bien, c’est sans doute aussi parce que tout n’est pas fantaisiste. Mary Dollinger respecte la chronologie de publication des romans de Jane Austen. Et l’on sent l’admiration profonde qu’elle a pour la romancière. Celle-ci nous est montrée comme déterminée, sûre de son talent, refusant les modifications souhaitées par son éditrice, tout cela en restant réservée. Et surtout, le roman nous permet de retrouver l’ironie mordante de Jane Austen.

« La seconde vie de Jane Austen » est un régal, une lecture, à l’idée principale décalée et maitrisée, qui m’a enchantée.

10 ans du mois anglais

8 réflexions sur “La seconde vie de Jane Austen de Mary Dollinger

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