Vera de Elizabeth von Arnim

J’avais précédemment lu « Avril enchanté » que j’avais beaucoup apprécié et grâce à Lilly, j’ai découvert un autre roman de Elizabeth von Arnim : « Vera ». Les deux romans sont forts différents, autant « Avril enchanté est lumineux, autant « Vera » est sombre et glaçant.

Une semaine après être arrivée en vacances en Cornouailles, Lucy voit son père mourir. Elle rencontre alors Everard Wemyss qui vient de perdre sa femme, Vera, dans un accident. La douleur, le deuil les rapprochent. Everard, bien plus vieux que Lucy, prend les choses en main et se charge des funérailles du père de la jeune femme. Au fil des jours, Lucy se laisse séduire par Everard : « De son côté, elle n’avait jamais rencontré quelqu’un d’aussi agréable ni un soutien moral aussi puissant. Du point de vue physique (…) il était tout aussi charmant. Il évoquait pour elle le plus doux des sofas, ceux qui coûtent cher, parce qu’ils sont encombrés de coussins. » Tous deux se marient très rapidement. Everard emmène alors Lucy dans sa maison de campagne « Les Saules » où Vera est tombée du balcon du deuxième étage.

Le résumé vous rappelle quelque chose ? L’intrigue fait bien entendu penser au « Rebecca » de Daphné Du Maurier. En réalité, c’est l’inverse puisque « Vera » fut écrit avant « Rebecca ». On retrouve dans les deux romans l’histoire d’un trio : un homme d’une quarantaine d’années qui épouse une jeune femme de vingt ans sa cadette et qui a perdu sa première femme dans des circonstances dramatiques. La maison où sont mortes les deux premières épouses joue un rôle important dans le récit. La narratrice de « Rebecca » et Lucy sont inquiètes d’habiter dans leur nouvelle demeure, elles pensent que le passé hante les lieux. Les deux jeunes femmes sont obsédées par Rebecca et Vera. C’est ainsi que Lucy parle des Saules : « Oh ! Oui ! Cette maison l’obsédait, et quel réconfort cela eût été de lui faire part de ses hantises, et qu’il l’aide à les chasser – et de le voir en rire ! Même s’il la jugeait trop stupide et trop morbide pour avoir la moindre envie de rire, quel réconfort, tout de même, ce serait s’il pouvait lui passer son caprice et consentir d’en changer la décoration. »  Cette histoire, qui inspira peut-être Daphné Du Maurier, occupe la première partie de « Vera ».

Une fois le couple installé aux Saules, l’atmosphère change totalement. Lucy pensait avoir épousé un homme charmant, éperdument amoureux de « sa petite fille ». Durant le voyage de noces, Lucy commence à comprendre que Everard Wemyss n’est pas l’homme qu’il semblait être. Aux Saules, l’atmosphère devient irrespirable pour Lucy. Everard est totalement obsédé par les détails de la vie quotidienne. Tout doit être fait selon ses caprices. A l’heure du thé, une servante apporte tout le nécessaire mais fait malencontreusement tomber les toasts. Everard lui demande d’en ramener mais lorsque cela est fait, il estime que le thé n’est plus assez chaud. La servante repart avec le thé mais à son retour ce sont les toasts qui ne sont plus assez frais ! Everard torture la servante uniquement  pour la punir de sa maladresse. Cela donne une bonne idée de l’état pathologique d’Everard Wemyss. Le problème c’est qu’il s’en prend également à Lucy qui est totalement désorientée par les changements d’humeur de son mari. Elizabeth von Arnim est dure avec son héroïne. Elle plonge une jeune femme naïve et innocente dans un piège infernal. Aucune porte de sortie ne s’offre à Lucy, même sa tante bien aimée, Mrs Entwhistle, ne peut lui venir en aide. Le livre se termine sans une note d’espoir, on devine malheureusement quelle va être la vie de Lucy.

« Vera » est un roman très noir, cruel pour son héroïne. Il m’a beaucoup intéressée pour sa proximité avec « Rebecca » mais au final Elizabeth von Arnim écrit une histoire totalement différente. « Vera » m’a fait fortement penser à « Le destin de Mr Crump » de Ludwig Lewisohn, et pour moi c’est un immense compliment car ce livre est un chef-d’oeuvre.

englishclassicsmaxicopie1.jpg 2/2

10 réflexions sur “Vera de Elizabeth von Arnim

  1. Pas du tout la même ambiance qu’Avril enchanté, n’est ce pas? J’ai aimé les deux romans, et les autres que j’ai découverts aussi, il y a déjà un peu de temps. Continue avec cet auteur…

  2. J’avais lu un roman de cette romancière il y a des années (environ 10 ans) et je me souviens de ne pas avoir aimé. Je me demande si je ne suis pas passée à côté de quelque chose vu les avis unanimement élogieux. Je devrais peut-être réessayer.

  3. Ce blog me donne mauvaise conscience en me rappelant l’état de ma PAL:) von Arnim, Rebecca…
    quant à la lecture du Noël des frogs, je suis très fière d’annoncer que normalement, j’aurai fini à temps mon Falkner ! oh yeah !

  4. Primo : J’adore la couverture (OK, c’est superficiel, mais je suis très superficielle dès qu’il s’agit des couvertures !) !
    Secundo : Jamais rien lu de l’auteur (que je connais quand même de réputation, je te rassure). Du coup j’hésiterais entre celui-ci et le tant vanté « Avril enchanté » (mais j’aurais bien un faible pour ce « Vera », dont la noirceur m’attire !)…

  5. @Keisha : Effectivement « Vera » n’a rien à voir avec « Avril enchanté », on est très loin du soleil italien! J’ai beaucoup aimé les deux romans et j’ai très envie de continuer ma découverte de Elizabeth Von Arnim. Tu me conseilles quels autres romans?

    @Manu : Si tu n’as pas lu « Avril enchanté », je te le conseille. C’est un roman délicieux, lumineux et qui donne envie de partir dans le sud de l’Italie immédiatement!! C’est vraiment un très agréable moment de lecture.

    @Maribel : J’ai commencé, comme toi, par « Avril enchanté » et j’ai découvert celui-ci à cause de « Rebecca ». Je suis vraiment ravie de l’avoir lu et il faut que je continue à découvrir d’autres oeuvres de cet auteur.

    @Lou : Je ne me suis pas inscrite au challenge PAL mais j’essaie de la vider quand même! Le problème c’est que l’on m’en prête, que j’en reçois par les swaps et que l’on m’en offre!! Et j’ai l’impression que cette fichue PAL ne descend jamais! Pour notre noël de grenouilles victoriennes, j’ai lu « Le chant de Noël » et je suis en train de lire Alice. Je suis parée!!!

    @Brize : Je trouve aussi cette couverture très belle, ce n’est d’ailleurs pas celle de mon livre. Mais la couverture de 10/18 est très art déco et je l’aime bien aussi. « Avril enchanté et « Vera » sont deux livres que j’affectionne tout particulièrement. Mais ils sont assez oppposés, le 1er n’est que lumière, douceur de vivre et le second est extrêmement noir comme tu l’auras compris! Du coup,tu choisis selon ton humeur du moment!

  6. J’ai adoré Avril Enchanté… et je cherche celui-ci depuis une éternité mais il est in-trou-va-ble en anglais ici, autant dans les les livres neufs, usagés, que sur le net!!! Tu me donnes encore plus envie de le lire!!

  7. @Karine : Je l’ai acheté d’occasion sur amazone mais en français! Elizabeth Von Arnim est très peu traduite en français, c’est vraiment dommage car j’ai adoré les deux livres que j’ai lus d’elle.

  8. @Malice : Je suis bien contente que tu aies aimé ce roman, ce fut une excellente lecture pour moi aussi. Tu enchaines avec des livres de qualité, j’ai adoré « Le destin de Mr Crump ». Tu verras l’histoire est glaçante, j’espère que tu aimeras.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.