6h41 de Jean-Philippe Blondel

Le train de 6h41 Troyes-Paris. Y monte Cécile Duffaut, une quarantaine d’années à qui la vie a réussi : un mari, une fille de 17 ans, une entreprise de cosmétique bio qui connaît le succès. Elle vient de passer le week-end chez ses parents, elle est fatiguée. Le train démarre et la place à côté d’elle est restée libre. C’est la seule. Un homme s’en approche, hésite et s’assoit. Philippe Leduc reconnaît immédiatement Cécile. Vingt sept ans auparavant, ils avaient été ensemble quelques mois. Leur histoire s’était mal terminée lors d’un séjour à Londres. Qu’est-ce que quatre mois dans une vie ? Et pourtant, ces mois passés ensemble, cette rupture mal digérée ressurgissent et occupent toutes les pensées de Cécile et Philippe durant leur trajet vers Paris.

« 6h41 » de Jean-Philippe Blondel se dévore, j’ai passé 2h30 en compagnie de Cécile et Phillipe (presque la durée de leur trajet en train) et ce sont leurs vies qui ont défilé devant moi. Cette rencontre se passe entièrement dans le wagon, un huis-clos où vont s’alterner les voix de Cécile et Philippe. Chacun fait comme s’il ne reconnaissait pas l’autre, ne sachant que dire : « Prétendre que je ne la connais pas – d’ailleurs, c’est vrai, au fond, trois ou quatre mois à sortir ensemble il y a vingt sept ans, ça signifie quoi ? Rien, rien du tout. Elle, de son côté n’a aucune réaction. Elle ne se souvient pas de moi. » Malgré sa brièveté, leur histoire les a profondément marqués. Elle fut comme un aiguillage dans leurs trajectoires. Cécile était quelconque, pas féminine et effacée. Philippe était plein d’assurance, charmeur et très séduisant. Après s’être croisés, les destins se sont inversés. Cécile s’est construite sur l’humiliation, la haine ressenties ce soir-là à Londres. Plus jamais on ne la traiterait comme ça. Philippe s’en est voulu inconsciemment, la flamme qui l’animait s’est éteinte.

« 6h41 » est un magnifique livre plein de délicatesse dans les sentiments des personnages. Une vie c’est une accumulation de petits moments, de rencontres, de regrets, de colère aussi, de choses imperceptibles qui nous construisent. C’est un roman qui remue forcément son lecteur, comme Cécile et Philippe nous pouvons faire un bilan de notre vie : qu’est-ce que l’on a réussi ? raté ? Le résultat n’est pas toujours très brillant à l’instar des deux personnages.  Jean-Philippe Blondel réussit le tour de force de condenser deux vies en 119 pages, plus le train avance vers Paris et plus on a de l’empathie pour eux. J’aurais aimé que le voyage dure plus longtemps.

C’est avec une écriture limpide et d’une grande justesse que Jean-Philippe Blondel nous livre ces deux vies qui se recroisent. Un pur régal.

Lu avec George et Sandrine.

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31 réflexions sur “6h41 de Jean-Philippe Blondel

  1. J’avais déjà repéré le précédent roman de J Ph Blondel (« Et rester vivant ») mais je n’ai encore jamais lu cet auteur. Tu viens de m’en donner encore plus envie !

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  4. Bonjour Titine, n’ayant encore jamais lu de roman de cet écrivain, pourquoi pas commencer avec celui-ci, le sujet me plaît bien. Bonne journée.

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