La collection Miroir des éditions Plon propose de réinventer le genre de la biographie et de découvrir de grandes personnalités par le biais de la fiction. Après le Jim Morrison de Harold Cobert, j’ai découvert Rudolf Noureev grâce à Philippe Grimbert. Ce dernier a choisi l’angle de sa profession d’origine, la psychanalyse, pour aborder le grand danseur russe.
A la fin des années 80, Tristan Feller s’est fait une belle réputation de psychanalyste dans la haute société parisienne. C’est grâce à cela qu’on lui propose un nouveau patient : Rudolf Noureev. Le psychanalyste accepte de le recevoir. S’engage alors entre les deux homme une véritable lutte de pouvoir et de domination.
Philippe Grimbert a personnellement connu Rudolf Noureev puisque sa femme fut son assistante à l’Opéra de Paris. Et il avoue avoir été fasciné par cet homme comme le sera Tristan Feller dans le roman. Comment ne pas l’être lorsqu’on lit la description qu’en fait le psychanalyste : « Ses portraits m’apparurent sous un autre jour : je découvrais cette beauté sauvage avec un œil neuf, sans doute aiguisé par la proximité de notre rencontre. Pommettes hautes, nez fin, lèvre supérieure barrée d’une cicatrice, je fus frappé par l’insolence de ce visage sculpté dans l’orgueil et dont chaque trait était un défi lancé à ceux qui le contemplaient. » Noureev est un mythe vivant qu’il alimente lui-même. L’exemple le plus frappant est son passage à l’ouest. Il aurait échappé à ses gardes grâce à un grand jeté le transportant au-dessus d’eux. Noureev lui-même raconte cette histoire et nourrit ainsi sa légende.
Ce que l’on découvre petit à petit, ce sont les fêlures profondes cachées sous la flamboyance de l’artiste. Noureev a du quitter son pays, sa famille pour conquérir sa liberté. Pendant 25 ans, il devra vivre loin des siens et le retour sera douloureux puisque sa mère mourante ne le reconnait pas. Noureev perdra également son grand amour, le danseur danois Eric Bruhn, à la même période que son retour en Russie. On comprend alors mieux pourquoi la danse était à ce point vitale pour Noureev. La danse était son pays, sa raison de vivre, sa liberté conquise. On comprend aussi pourquoi le psychanalyste rompt toutes les règles pour ce personnage brillant et magnétique. La vie de Noureev permet à Philippe Grimbert de faire une distinction intéressante entre réalité et vérité. Ce qui importe à l’historien et à l’essayiste c’est la réalité des faits. Mais pour le psychanalyste et le romancier, c’est la vérité qui compte, la manière dont on se réinvente, dont on recrée nos souvenirs.
« Rudik » est un roman très agréable à lire notamment grâce à la qualité de l’écriture de Philippe Grimbert. . Elle rend un bel hommage à la personnalité, la stature de Rudolf Noureev.
Merci aux éditions Plon pour cette découverte.
J’adore l’écriture de Grimbert mais franchement, la vie de Nourrev ne m’attire pas une seconde.
J’ai toujours trouvé le visage de Noureev fascinant, un côté indomptable qui me donnait envie d’en savoir plus sur lui.
Je pense que je me laisserai tenter : j’adore les bio mais lorsqu’elles sont bien documentées, pas trop romancées, ce qui semble être le cas ici.
Je pense que les infos sur la vie de Noureev sont toutes exactes. C’est le biais par lequel elles sont amenées qui est de l’ordre du roman.
Je note : Grimbert + Noureev, ça m’intéresse beaucoup. J’avais déjà lu une biographie fictionnelle de Noureev il y a quelques années qui ne m’avait pas convaincue (celle de Colum McCann).
C’est vrai que Colum McCann avait également écrit un roman sur Noureev. J’ai bien aimé l’idée de la psychanalyse pour aborder le personnage et nous permet de le découvrir par bribes.